Haze de Shinya Tsukamoto

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Annee de sortie: 2010

Enfermé dans un espace confiné, un homme amnésique rampe sur le béton et tente de comprendre comment trouver une sortie et comprendre pourquoi il a été enfermé ici.
Quarante minutes de torture physique pour le personnage principal et le spectateur, compressé par un écran au champ de vision tout aussi restreint pour l’un comme pour l’autre. Interprété par le réalisateur même, Shinya Tsukamoto, Haze est un film d’auteur dans tous les sens du terme. Seuls deux personnages interviennent durant toute la durée du film. La caméra est focalisée sur le visage de l’acteur et sur son corps. Comme à son habitude, la chaire est le sujet centrale de ce film. Celle du « héros » mais aussi celle des défunts, démembrés et abandonnés dans les couloirs exigus de cet espace non identifié, flottant dans un bassin noire et rouge, sans qu’aucune justification ne soit donnée à ce massacre.
Les raisons de l’enfermement n’ont absolument aucune importante. Seul compte le sentiment de compression et le besoin de se libérer. Chercher aussi un propos à ce film est peut-être aussi vouloir trop en dire. L’objectif principal est de comprendre l’importance de la liberté de mouvement que nous prenons pour acquise. Le corps est vie, bien plus que l’esprit. La rencontre de la chaire vivante permet l’expression des sentiments et la montée d’un espoir, d’un désir de vie.
En se concentrant sur la perception d’un personnage tout aussi perdu que le spectateur, Tsukamoto crée un climat capable de rendre un scénario focalisé sur le seul ressentit du personnage, intense et prenant. Pourtant, rien ne se passe véritablement durant ce film. Haze est un ovni au sens où il n’emprunte aucun schema classique. C’est une mise en image crée avec la même volonté d’immersion et d’aboutissement que Tetsuo dans un univers ne comprenant aucune référence connue (alors que Tetsuo pouvait au moins s’insérer dans l’univers cyber-punk).
Plus une expérience qu’une histoire, Haze plaira surtout aux fans du réalisateur et aux curieux dont l’absence de narration générale, de morale ou de sens, n’effraie pas. Entre fantastique, horreur et introspection, Haze franchit le pas et réussit un exercice de style étrange mais malgré tout satisfaisant.

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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