Vital de Shinya Tsukamoto

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Annee de sortie: 2010

Très loin de la violence des films qui l’ont fait connaitre de son public, Vital explore toujours la question du corps, chère au réalisateur Shinya Tsukamoto, mais aussi celle de l’âme. Riche, aux images superbes et aux jeux d’acteur nuancé, Vital interroge de nombreux points dont celui de la relation entre le corps et l’esprit. Où se situe l’âme dans notre corps et comment la définir?
Un étudiant en médecine, Hiroshi Takagi, joué par Asano Tadanobu, victime d’un accident de la route à l’issu duquel il a perdu la mémoire, reprend ses études. Il se retrouve alors dans la même classe qu’une mystérieuse jeune fille, Ikumi, interprété par le modèle prénommé Kiki. Fasciné par la beauté mystérieuse du jeune homme, elle va alors tenter de l’approcher et rejoindre son groupe de dissection. C’est durant celui-ci que l’esprit encore fragile de Hiroshi va être mis à mal quand il prend conscience que le corps de sa compagne, tué lors du même accident de voiture qui lui coûta la mémoire, occupe sa table.
Commence alors un voyage intérieur où la découverte du corps de Ryoko, que la danseuse Nami Tsukamoto joue dans les nombreuses scènes où Hiroshi se souvient de leur relation étrange (entre désir de vie et de mort) lui permet de se redécouvrir mais aussi de transmettre une part de vie au père de la défunte a qui il fait progressivement part de ses souvenirs. La frontière entre le corps et le subconscient est alors franchit par la dissection du corps et les souvenirs déterrés de l’esprit d’Hiroshi forment alors l’âme de la défunte.
Pris dans cette tourmente, Ikumi sera plus qu’un témoin mais aussi une actrice de cette spirale intérieure dont tous les compagnons d’Irochi s’éloignent avant d’être emportés par son obsession. D’un romantisme troublant, la réalisation superbe de Tsukamoto éclaire d’une lueur, entre rêve et réalité, les tréfonds de l’esprit et du corps. La douleur est toujours psychique, et bien que l’on observe parfois des étudiants au travail, la vision de ces corps n’est pas utilisée comme un ressort de dégout mais traitée avec révérence et fascination. Malgré la difficulté de traiter de sujet aussi abstraits et philosophique, Tsukamoto parvient à rendre l’essentiel de son propos. Chaque minute et chaque détail compte au long des 80 minutes du film. Vital ose interroger et montrer des êtres dans toutes leurs fragilités, autant psychique que physique, au cours d’un voyage spirituel pour retrouver le désir de vivre.

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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