Présenté à l’Etrange Festival il y a quelques semaines, ce film de science fiction provient d’un pays inattendu : la Suisse. La mention de l’exclusivité de la distribution, accompagnée de nombreux éloges avait de quoi surprendre. . La qualité du film, tel qu’il était décrit, faisait miroiter un nouveau cas de classique en devenir éloigné des yeux du grand public par des distributeurs ne croyant pas dans sa viabilité puisqu’il est destiné à une sortie directe en DVD sans être diffusé dans les salles françaises.
Ce paragraphe devrait donc défendre de mille manières les grandes qualités de cette histoire de SF mêlant le drame et l’action à une romance interdite. Mais à la sortie du film, ses défauts multiples volaient bien trop haut dans les esprits pour risquer la comparaison avec l’excellent Moon de Duncan Jones présenté l’année dernière.
Ce dernier, soutenu par la performance du génial acteur Sam Rockwell, seul être humain personnage actif dans l’histoire, traitait de l’isolement dans une base spatiale et d’un sentiment grandissant de paranoïa parfaitement mis en scène en une heure et demi de huit clos. Cargo en revanche tente de traiter de nombreux sujets sans les creuser suffisamment pour que l’on soit capable de dire à la fin du film qu’elle en était véritablement son propos, un comble pour un film de SF.
Isolé dans un vaisseau en partance pour un eldorado réservé aux plus chanceux et riches des rescapés de la planète Terre que l’on dit désormais inhabitable, l’héroïne médecin de bord va vite sentir la présence d’un être étranger et prévenir ses compagnons conservés dans une stase artificielle pour la durée du voyage. Très vite, de curieux évènements et la mort d’un personnage attise l’inquiétude de tous et il devient nécessaire de découvrir quel secret peut bien contenir ce vaisseau amenant un ravitaillement à une base spatiale.
Les rebondissements vont alors s’accumuler et rester parfois sans explications jusqu’à la fin du film alors qu’il aurait suffit d’étayer l’histoire pour ne pas brouiller le tout. Les principaux évènements sont aussi très prévisibles pour un habitué à des intrigues de science fiction. Tout en maitrisant efficacement le déroulement de ceux-ci, le scénariste traine en terre trop familière pour attiser l’intérêt du spectateur.
A l’instar d’Eden log du français Franck Vestiel, Cargo est un grand spectacle futuriste admirablement bien orchestré grâce aux prouesses des effets spéciaux actuels. Malgré son origine géographique atypique, il prouve que l’on n’a pas besoin de venir des Etats-Unis pour éblouir les grands écrans avec des créations d’architectures futuristes crédibles et fascinantes.
Mais derrière ces effets visuels il y a surtout un scénario en forme de gruyère que les performances très honorables des acteurs principaux, bien dans leurs rôles, ne suffisent pas à remplir pour cacher les points d’interrogations. Ces derniers sont bien trop laissés en évidence par les réalisateurs, Ivan Engler (aussi scénariste) et Ralph Etter, et les scénaristes Arnold Busher, Patrik Steinmann et Thilo Röscheisen : la main responsable du coup de feu qui sauve la vie de l’héroïne, la raison de l’accès impossible au dossier du représentant des services secrets et enfin, le secret entourant la Terre et la planète Eldorado. Bref, le scénario sert de toile de fond à des effets de styles allant du correct à l’excellent, toutefois insuffisants pour en faire un film recommandable. Cargo servira de carte de visite à ses réalisateurs, responsables de la photographie et acteurs mais surement pas à ses scénaristes.
http://www.youtube.com/watch?v=TZnLZmfwbhU
J’ai téléchargé le film il y a déjà quelques semaines. Le trailer m’avait mis en confiance et j’avoue que voir un film de SF venir de Suisse, surtout quand on voit la qualité des décors etc…, c’est très encourageant.
Bon, maintenant il faut que je trouve le temps de le regarder. J’espère que malgré le scénario que tu décries, l’intrigue reste néanmoins captivante.