Four lions de Chris Morris

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Annee de sortie: 2010

Projeté en ouverture de l’Etrange festival, Four lions dénote un peu du reste de la programmation par un sévère manque d’horreur, de fantastique et de folie. En fait, ce premier film de Chris Morris, qui s’essaie à la réalisation après une carrière à la radio et à la télévision anglaise, s’approprie un des thèmes les plus risqués actuellement : le terrorisme islamiste. Risqué car la plus grande crainte est d’attirer la vengeance de ces mêmes terroristes, comme l’ont prouvé l’affaire des dessins parodiques de Mahomet ou même un récent épisode de South Park. Bref, pour de nombreux producteurs, un film de ce genre doit représenter un risque, potentiel ou réel, de recevoir bien plus que des commentaires de spectateurs et de critiques.

Pourtant, contrairement à ces fameux dessin de Mahomet qui n’avaient de choquants que la controverse ridicule qu’ils ont causés, Four lions, avec son humour grossier et rentre dedans, réussit a décrire les terroristes avec sûrement plus de justesse que les multiples reportages télévisés que l’on a pu voir depuis les attentats du onze septembre. Simplets, ridicules, idiots et surtout perdus, les quatre héros de Chris Morris veulent désespérément se faire entendre en commettant un acte terroriste sur le sol anglais. Leur détermination doit toutefois être tempérée par leur inaptitude grotesque à faire valoir leur qualité de soldat de l’islam radical devant leurs collègues ou même à se décider sur quelle cible choisir (une mosquée? un poste de police? Internet?).

Tout aussi sympathiques et drôles que dangereux, Omar (un père de famille bien intégré à la communauté dont la femme et le fils soutiennent l’ambition terroriste), Waj (un sympathique ahuri de premier ordre), Barry (l’incapable et despotique membre qui désire être leader du groupe sans en avoir les idées) et Faisal (le benêt du groupe dont le projet est d’entrainer des corbeaux à se faire exploser) forment un quatuor dont le caractère et la détermination en disent long sur la condition et l’origine des personnes dont la conviction dans la cause radicale va jusqu’au terrorisme.

L’humour de Morris ne s’attaque pas qu’au terrorisme et parodie donc absolument tout, police, armée américaine, collègues de travail britanniques et islamisme radical passif (le frère d’Omar ne cherche pas à se faire sauter mais ne peut tolérer qu’une femme reste dans la même pièce que lui). A ce titre, Four lions est une comédie satyrique, parodique et outrancière, et non un film dramatico politique,  dont le rythme soutenu par des dizaines de gags va vers des situations toujours plus folles tout en étant plus dramatiques les unes que les autres. A mi-chemin entre la comédie et l’engagement politique, Morris fait de Four lions un film aussi distrayant qu’essentiel à une époque où il est nécessaire de rappeler que le meilleur remède à la paranoïa ambiante et à la peur est le rire.

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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2 Commentaires

  1. drommk says:

    ah ah ça a l’air assez fun en effet!

  2. alchemist says:

    Sujet culotté et effectivement salvateur, ça donne envie. Belle conclusion !

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