Les ukrainiens de Drudkh l’avaient annoncé il y a quelques mois: « le prochain album sera un retour aux sources ». Il est vrai que l’orientation musicale entamée sur le précédent opus Handful of Stars n’a pas remporté un vif succès et les propos de la bande de Kharkhiv sont pour le moins explicites concernant leur nouvelle offrande. Eternal Turn of the Wheel, neuvième album studio de Drudkh et troisième sous la bannière d’Underground Activists, sous-division de Season of Mist, arrive à point nommé pour l’auditeur que je suis après la petite déception Microcosmos, peu dynamique et au final vite oublié (malgré le très bon « Ars Poetica ») et surtout Handful of Stars, trop Alcestien dans les guitares et trop lisse dans la production ce qui ôtait le charme inhérent au projet. C’est donc sans attente particulière que je me suis plongé dans l’écoute de cet opus en essayant d’oublier les claques que furent à l’époque The Swan Road , Blood In Our Wells et Autumn Aurora.
L’introduction « Eternal Circle » ouvre la voie au souffle du vent d’est et les premiers arpèges posent un décor familier. Grand classique mais la suite devient très rapidement rassurante. La première minute de « Breath of Cold Black Soil » suffit presque pour dire « ouf » tant la production est plus organique et plus pêchue que sur les sorties préalables. Le riffing de guitare revêt cette mélancolie si caractéristique chez Drudkh, les rythmiques retrouvent l’entrain d’un Estrangement ou d’un The Swan Road, les claviers soutiennent l’ensemble sans être envahissants et les vocaux de Thurios scellent le tout. Pas de doute, il y a clairement eu un changement, plutôt un retour en terrain connu mais l’évidence est là: Drudkh paraît plus à l’aise dans ses schémas habituels qui les ont rapidement portés au statut de groupe incontournable au milieu des années 2000. Le premier tiers du morceau s’amorce sur des sections assez rapides permettant de dynamiser avec fougue une composition simple mais diablement efficace. A la manière d’une machine parfaitement huilée, Drudkh expose son art avec sûreté, place ses breaks avec le savoir faire d’antan et ralentit le rythme avec un certain feeling comme en témoigne la séquence finale de ce premier morceau convaincant.
La suite est du même tonneau: « When Gods Leave Their Emerald Halls » étire davantage le contraste entre les rythmiques sauvages et les nappes d’ambiances édulcorées laissant les guitares tisser progressivement un mur de notes rêches. En guise de tradition, les arpèges de guitare à 6’34 » prennent le pas et préparent une reprise crescendo voyant Saenko et sa troupe se lâcher avec ardeur sur les derniers instants de cette seconde pièce. Rien d’innovant certes mais c’est une recette qui faillit rarement lorsqu’elle est gérée de cette façon là. Drudkh enchaîne avec un « Farewell to Autumn’s Sorrowful Birds » atmosphérique et rageur bien mené par la dualité claviers / leads de guitares. La fin approche et c’est « Night Woven of Snow, Winds and Grey-Haired Stars » qui est chargé de boucler l’ensemble. Cette longue outro aux guitares nostalgiques conclut un album assez court mais pétulant par bien des aspects. Finalement il ne fallait pas grand chose de plus pour que je retrouve un intérêt dans la musique de Drudkh en 2012 et même si Eternal Turn of the Wheel ne représente pas le haut du panier dans la discographie des ukrainiens, il aura le mérite d’avoir pu me redonner confiance pour la suite des évènements. C’est tout ce que je pouvais espérer.
Tracklist:
1- Eternal Circle (1:15)
2- Breath of Cold Black Soil (9:45)
3- When Gods Leave Their Emerald Halls (9:21)
4- Farewell to Autumn’s Sorrowful Birds (7:48)
5- Night Woven of Snow, Winds and Grey-Haired Stars (7:59)
Un Drudkh en mode « bon petit plat du dimanche ».
On sait ce qu’on va bouffer, on sait comment c’est préparé, on sait qu’on va se régaler. Arrivé à table, c’est tellement bon qu’on en reprend une deuxième fois, et on ressort de table satisfait.
Un très bon cru ce « Eternal turn of the wheel »