Opeth – Deliverance

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Style: death metal progressifAnnee de sortie: 2003Label: Music For Nations

D’accord j’avoue, j’étais il y a encore 3 mois complètement passé à côté d’Opeth. C’est honteux, je sais, mais je crois vraiment qu’une musique aussi complexe que celle pratiquée par le groupe de Stockholm demande du temps et de bonnes capacités d’assimilation.
Bref ce n’est que très récemment que j’ai eu la révélation et je réalise aujourd’hui que Opeth est peut-être tout simplement le groupe le plus important du milieu métal.
Après de multiples écoutes de quasiment l’ensemble des opus du groupe, et en particulier de ce « Deliverance », je peux modestement tenter de retranscrire par des mots l’expérience « Opeth ».

Deliverance, avant-dernier album en date du groupe est à rattacher au petit dernier « Damnation ». Pour ceux qui l’ignorent le concept proposé autour de ces 2 albums par Opeth était de sortir tout d’abord avec « Deliverance » un album violent (et à ce titre il contient des titres parmi les plus violents jamais composés par le groupe, mais on va y revenir) avant de sortir son alter-ego tout en douceur, incarné par « Damnation ».

Composé de 6 titres, cet album, toujours (magistralement) produit par Steven Wilson (leader du groupe progressif Porcupine Tree) contient en réalité 5 vrais morceaux (dépassant tous allégrement les 10 minutes) et un petit interlude instrumental de 2 minutes et des poussières.

Premier constat, par rapport au déjà sublime (excusez moi par avance pour tous les superlatifs que je risque d’employer dans les chroniques des albums d’Opeth, mais là impossible de faire autrement) « Blackwater Park », considéré par beaucoup comme le plus abouti du groupe, « Deliverance » est effectivement plus brutal comme l’avait promis Michael Akerfeldt.

En cela le morceau d’ouverture est une parfaite illustration, puisque si les albums d’Opeth démarrent souvent en douceur, ce « Wreath » démarre au quart de tour, assénant d’entrée des riffs très lourds et puissants dans un registre complètement death metal. La voix de Michael Akerfeldt est d’ailleurs littéralement effrayante tant elle paraît provenir d’outre tombe.

Idem pour « Master’s Apprentices » qui attaque furieusement après l’accalmie instrumentale « For Absent Friends », toujours dans une veine death metal furieux avec blasts et toute la panoplie d’usage.

Pourtant, si ces morceaux sont construits sur une base violente et agressive, Opeth ne serait pas Opeth sans la touche progressive et les passages acoustiques de toute beauté qui caractérisent le style du groupe. « Deliverance » ne fait pas exception dans ce registre, puisque même les deux morceaux précités loin de n’être qu’un épanchement de violence qui s’étendrait sur plus de 10 minutes, sont au contraire parsemés de changements de rythme et autres trouvailles géniales auxquelles Opeth nous a habitués, et ce dès le 1er album du groupe, « Orchid ».
Ainsi sur « Wreath », 2 minutes après le début du titre frénétique, le tempo ralentit pour dévoiler un riff mélancolique de toute beauté qui (trans)porte l’auditeur. Le rythme s’accélère de nouveau et alors que le riff mélancolique revient, survient un solo fantastique de justesse et de technicité, qui nous amène vers une nouvelle partie du morceau davantage mid-tempo, avant qu’un génial break de percussions donne une touche quasiment orientale vraiment bien sentie au morceau. On a à peine le temps de se remettre, qu’un nouveau solo de guitare frénétique nous ramène progressivement vers le rythme mid-tempo précédent. C’est alors que la rythmique mélancolique revient, appuyée par la voix caverneuse de Akerfeldt et surtout par des choeurs qui nous bercent doucement. Mais ce n’est pas encore terminé et 40 secondes avant la fin du morceau, revient notre rythme frénétique de départ qui clôt furiseusement ces 11 minutes 10 qu’on n’a absolument pas eu le temps de voir passer.

Je ne vais pas détailler les richesses de l’ensemble des titres de ce bijou d’album dans lequel pas une seconde ne paraît être superflue et à l’écoute duquel on ne s’ennuie jamais. Chaque titre est un délice que ce soit « A Fair Judgement » dans lequel Akerfeldt nous gratifie de sa sublime voix claire ou « By The Pain I See In Others » où sa voix est (pour la 1ère fois à ma connaissance sur un disque d’Opeth) l’espace d’un instant trafiquée par des effets qui lui donnent un aspect synthétique inédit.

Cependant s’il est un morceau qui m’a particulièrement abasourdi sur cet album et sur lequel je m’appesantirai un moment, c’est « Deliverance » morceau titre qui s’étire sur 13 minutes et 36 secondes. Le titre nous aspire et nous transporte 9 minutes durant dans le plus pur style Opethien (breaks, accélérations, solos de malades, passages acoustiques…) avant de nous achever avec ce qui constitue mon passage favori de l’album : un break, véritable montée en puissance fondée sur 4 minutes de répétition de riff faramineux et d’une mélodie fantastique de simplicité, soutenus par une performance incroyable du batteur, Martin Lopez. Celui-ci réussit en effet (ce gars-là a forcément 4 bras !!!) à porter à la fois une rythmique destructurée tout en s’appuyant et en maintenant une rythmique constante dans le même temps. Mon explication peut sembler confuse car je ne maîtrise pas suffisamment les aspects techniques de la chose, mais sachez qu’il m’a bien fallu une dizaine d’écoutes de ce passage, pour comprendre ce qui se passait. Et à chaque fois, c’est la chair de poule assurée.

Qu’ajouter pour conclure cette chronique ? Que ce disque est bouleversant de beauté, et que les émotions ressenties à son écoute sont incroyablement puissantes et vraies. Pas de doute, la musique est un art, et Opeth nous prouve avec « Deliverance » que le métal, si souvent décrié et taxé de « non-musique » par ces détracteurs, en est pourtant une prodigieuse incarnation.

Totalement indispensable.

  1. wreath
  2. deliverance
  3. a fair judgement
  4. for absent friends
  5. master’s apprentices
  6. by the pain i see in others
krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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6 Commentaires

  1. jonben jonben says:

    UNE prodigieuse incarnation? LA plus prodigieuse incarnation!

  2. dah-neir says:

    faudrait peut etre pas abuser. Je trouve cet album tout a fait excellent c vrai mais il faut quand meme :
    1/ avoir un esprit ouvert
    2/ apprecier le metal extreme
    3/ pas etre refractaire aux voix death

    mais c vrai que quand on est les 3… cet album tue…

  3. krakoukass Krakoukass says:

    Ouais en gros il faut être « eklektik » et on aime forcément… Je persiste et signe : il s’agit d’un album majeur.

  4. Joss says:

    Album tout simplement fabuleux ! le meilleur Opeth pour moi…plus d’un an qu’il est sortit et je découvre encore des choses…

  5. Chipstouille says:

    C’est vrai qu’il ne faut pas oublier que le style ne peut pas plaire à tout le monde…L’affirmation ‘à l’écoute duquel on ne s’ennuie jamais’ n’est pas véridique pour tout le monde, faut quand même rentrer dans le trip :)

    La véritable cause de mon commentaire, c’est que ta chronique retranscrit parfaitement ce que cet album me fait ressentir…C’est dingue!
    Notament le passage parlant de la fin de Deliverance, je suis d’accord à 100%!

    Chapeau donc :)

  6. Dead says:

    Perso, je trouve que c’est le plus mauvais d’Opeth : trop linéaire, trop simple, trop artificiellement bourrin, la bande à Mikael ne s’est pas cassé la tete comparé à l’excellence des précédents albums. C’est la première fois que je m’ennuie en écoutant du Opeth. Heureusement que Ghost Reveries relève le niveau…

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