Ah je vous avais prévenu, si vous avez lu mon bilan de l’année 2013, vous ne devriez pas être surpris de retrouver cet album ici chroniqué. Au bout de 2, 3 tours de mange disque mon instinct a fait son office mais le temps a manqué. Il aura fallu maintes et maintes écoutes pour que le potentiel (énorme) de Between two worlds prenne toute sa dimension. Il est donc temps de commencer la session de rattrapage 2013 (il y en aura immanquablement d’autres, soyons modestes) avec ce qui, probablement, s’apparente de plus en plus comme ma meilleure découverte metal de l’année.
Rannoch. Encore un machin tout droit sorti de l’imagination du père Tolkien, non ? Non. Par contre, on chauffe un peu, il y a quand même un lien avec la Grande-Bretagne puisque Rannoch est un morceau de contrée Écossaise. Jusqu’ici, vous avouerez que ça ne donne pas envie d’approfondir sauf si on est un inconditionnel de whisky. Un rapide regard vers la pochette et le logo on ne peut plus sobre laisse penser qu’on a affaire à des feignasses qui n’ont pas compris qu’en la matière la forme a une importance non négligeable. On pourrait presque dire que ces jeunes Anglais ont faux sur toute la ligne pour ce qui concerne le « packaging ». Heureusement pour les âmes bien nées (qui apprécient la bonne musique), le groupe est (beaucoup) plus convainquant lorsqu’on monte le volume.
Autant Between two worlds nécessite, comme il se doit en la matière, un investissement temporel pour se livrer pleinement, autant il ne vous faudra pas 3 jours pour comprendre que les membres du quatuor n’ont pas emprunté les instruments de leurs grands frères il y a 2 semaines. Le niveau technique est impressionnant et parfaitement servi par une production claire et puissante. En plus d’en avoir dans les mains et les pieds, ils ont en également dans le pantalon pour s’attaquer à un style aussi ambitieux et casse-gueule au moindre faux-pas. Si ça n’est pas suffisamment inspiré, ça devient très vite chiant ; si ça n’est pas techniquement maitrisé, ça termine rapidement à la poubelle. Aucun de ces reproches ne peut être fait à l’égard de ce premier album. Malgré une durée totale d’une heure et une majorité de morceaux dépassant les 7 minutes, l’attention qu’on peut porter à la musique est continue. La principale raison, vous ne serez pas surpris, c’est la richesse, la variété.
Mais certains pourraient être un peu perdus en voulant s’approprier Between two worlds : les premières minutes du premier titre « Age of the locust » évoquant par exemple un groupe comme Dimmu Borgir, on pense avoir rapidement circonscrit l’univers musical de Rannoch ; sauf que quand débarque le solo, il n’est plus du tout question de ça et il est clair que, sans vouloir offenser les Norvégiens peinturlurés, le niveau de technicité ne relève pas de la même catégorie. La suite immédiate ne permettra pas de dissiper la confusion dans les esprits : le riffing de « Will to power » s’apparente plus à du death made in Gojira qu’à du heavy black symphonique.
Si l’association de ces noms ne retient pas particulièrement votre attention ou vous fait craindre une hydre à plusieurs têtes, je suis obligé de sortir l’artillerie lourde pour évoquer le sublime « Faith » et ses accents Ishahnien. Les lignes de vocaux clairs sont superbes, le solo est grandiose et mélancolique, le final est survolté. Ce titre est en tous points fabuleux et devrait être en toute logique le point d’orgue de l’album. Sauf que ça continue au même niveau jusqu’au bout. Personnellement, c’est l’instrumental « Between two worlds part 2 – the path » qui m’a achevé et qui m’a permis d’avoir le déclic pour cerner la musique de Rannoch : ce bijou de heavy death technique et mélodique laisse au soliste l’occasion de rappeler à notre bon souvenir la patte de Jeff Loomis. Du coup, en fait, c’est très simple : Rannoch, c’est Nevermore s’adonnant au metal extrême. Toujours pas convaincus ? On continue alors.
Les incursions black du début font une réapparition en fin d’album à travers le morceau de choix (presque 11 minutes) « Between two wolrd part 3 – the lodge ». Alors que ça commence sur une tonalité très groovy, le contrepied est total au bout de quelques secondes avec un chant très saturé proche de celui de Wrest (Leviathan). Et puis on se trouve en terres Opethienne quelques instants avant de se prendre de la grosse bertha heavy death façon Carcass. Histoire d’enfoncer le dernier clou, l’ombre de Behemoth met un pied dans la porte histoire de s’inviter à cette cène de gourmets. Je dois tout de même préciser, honnêteté professionnelle oblige, que c’est la partie de Between two worlds qui me convainc le moins, les différents styles s’imbriquant avec moins d’efficacité que sur le reste de l’album.
Vous l’aurez compris, ces Britanniques ne jouent pas la carte de la simplicité et prennent le risque de subir les foudres de fines bouches : « quel fouillis ! quel propos sinueux ! on ne sait plus où donner de la tête ! trop d’influences nuit à la cohérence ! »
La réponse à apporter est on ne peut plus simple à formuler : Rannoch fait du Rannoch. Une fois la bête décortiquée, disséquée, l’évidence se postera devant vous comme elle s’est postée devant moi : belle, puissante, complexe. Un mystère demeure toutefois : comment pareille merveille passe-t-elle autant inaperçue ?
Tracklist :
1/Age of the Locust
2/Will to Power
3/The Forgotten
4/Faith
5/The Navidson Record
6/Hallways
7/Between Two Worlds Pt1. The Fire
8/Between Two Worlds Pt2. The Path
9/Between Two Worlds Pt3. The Lodge
« Le niveau technique est impressionnant et parfaitement desservi par une production claire et puissante. » o_O
« Rannoch, c’est Nevermore s’adonnant au metal extrême. » Vu que j’ai toujours trouvé Nevermore trop « gentil » il n’en fallait pas plus pour éveiller ma curiosité.
Grosse influ Meshuggah quand même aussi! Je suis étonné que tu n’en parles pas tant il y a des passages qui sonnent vraiment comme du pur meshug’ (comme « Will to Power » ou « The Forgotten »).
BOooring… BOooring…BOoooring…
http://www.tubechop.com/watch/2125754
Désolé mais c’est tout ce que j’ai trouvé à dire…
oups, bien vu Jimmy :)