J’ai bien fait de ne pas me précipiter pour cette chronique. Non que je sois d’une rapidité exemplaire quand il s’agit de remplir mon devoir de chroniqueur (et c’est peu de le dire) mais il aurait été malvenu de donner mon avis trop rapidement sur ce troisième album solo de Steven Wilson.
Pourtant, je suis déjà assez familier avec son univers et avance donc en terrain relativement conquis. Surtout que ce troisième opus du prolifique binoclard anglais ne le voit pas opérer de changement de cap radical dans sa musique.
On aurait toutefois pu être étonné par l’entamme qu’est “Luminol“, si l’on avait pas pu découvrir ce titre grâce à son dernier live Get all you deserve. En effet, ce titre très percutant dès la première écoute, s’aventure plus que jamais sur les terres du jazz-fusion, aidé en cela par des musiciens impressionnants de maîtrise, notamment Theo Travis et sa flûte virevoltante. Sa première intervention sur le titre est simplement bluffante. Une prestation qui n’écarte pas celle de ses compères : le bassiste Nick Beggs, le batteur Marco Minnemann ou encore le guitariste Guthrie Govan. Un titre d’intro qui capte donc directement l’auditeur, même si il est aussi le plus long de l’album.
http://www.youtube.com/watch?v=wYfQ1I-VV7M
Pendant plusieurs écoutes, l’album souffrira donc de ce “déséquilibre“, qui donne l’impression d’avoir passé le meilleur moment une fois le premier titre passé. Il faudra donc attendre d’avoir fait plusieurs fois le tour du disque pour voir se détacher les titres des uns des autres ; Des titres qui présentent une homogénéité trompeuse. De plus, à plusieurs reprises on se surprendra à identifier quelques tics typiquement “porcupiniens”, notamment dans l’adjonctions de chœurs (comme par exemple dans le second titre “drive home“), ce qui pourra laisser croire à un retour en arrière.
Puis à force, l’album se dévoile, dans ses instants de bravoure, tout comme dans sa construction générale. Axé sur 3 grands titres progs, entrecoupés de titres plus “légers”. Ainsi “The Holy Drinker” s’affirme comme la seconde charnière du disque ; Encore une leçon de prog, avec ses alternances de passages sombres, torturés ou plus lumineux. “The Watchmaker“ troisième gros morceau du disque, finira de convaincre les plus sceptiques et pourrait prétendre au titre de “Composition progressive idéale”. Un terme évidemment pompeux et exagéré mais force est de reconnaître que tout le talent de Steven Wilson est condensé dans ce titre. Il offre aussi un des passages les plus jouissifs de l’album (le plus beau en fait), lors du premier break, qui voit s’enchaîner une somptueuse partie de flûte avec un solo de guitare totalement habité et une conclusion au saxo.
“The Raven that refused to sing“ est donc un album qu’il faut prendre le temps de digérer. Le premier album solo était en quelque sorte un lâchage complet pour Steven Wilson, libéré de toute contrainte et de l’emprise d’autres musiciens. Grace for Drowning lui permettait d’aller plus loin dans différents aspects de sa musique (quitte à s’éparpiller un peu). The Raven… est en quelque sorte un recentrage, afin de livrer une œuvre aboutie, cohérente et maîtrisée de la première à la dernière note, mise en valeur par une prod aux petits oignons, pour la première fois déléguée un tiers : Alan Parsons lui-même. En cela on pourra finalement trouver l’album trop parfait pour être honnête. Une sensation que j’ai éprouvée lors de son concert de mars au Trianon, mais qui disparaît à l’écoute du disque.
http://www.youtube.com/watch?v=2Hp6lYx4Fvw
Tracklist :
1. Luminol
2. Drive home
3. The holy drinker
4. The pin drop
5. The watchmaker
6. The raven that refused to sing
Chouette chronique. Je suis pour ma part encore dans la 1ère phase où je ne maitrise pas encore totalement le disque, mais je vais y arriver :)
Belle suite à Grace for Drowning, j’aime beaucoup cette direction jazz/rock, un peu moins le fait qu’il y ait toujours quelques passages axés ballades mollassonnes, « Drive Home » en particulier, mais on s’y fait, c’est juste que cette fragilité exacerbée que manifeste Wilson ne me touche pas. Par ailleurs, il a très bien fait d’embaucher Guthrie Govan pour les solos, c’est un des meilleurs guitaristes actuels et son touché bien reconnaissable colle avec les compos.
Grace for drowning m’emmerde ; cette suite ne doit pas en être vraiment une car je trouve cet album excellent en tous points