Un homme garde sa femme enfermée dans les toilettes de leur appartement. Assise sur le siège des toilettes, elle refuse de sortir ou reste enfermée contre sa volonté. Nul ne sait vraiment pourquoi cette femme est restée là. Pendant deux ans, ce couple a vécu ainsi jusqu’à ce que le mari appelle les autorités et que les pompiers viennent déloger cette femme dont la peau s’était formée autour du siège des toilettes.
Ailleurs, dans un village en Amérique du Sud, un orang-outan femelle était prostituée. Des hommes du village ou d’ailleurs venaient, payaient et se servaient de cet animal comme d’un jouet. Il a fallu l’intervention d’un groupe d’activistes écologistes aidés par des soldats pour libérer l’animal qui était protégé par ses propriétaires et les membres du village qui ne voulaient pas voir partir « leur » prostituée.
Parfois dans le monde, on ne peut s’empêcher d’ouvrir ses yeux bien grands et de s’interroger sur ce qui peut bien passer par la tête de certaines personnes. Comment ? Pourquoi ? Y a t’il vraiment un intérêt à chercher à comprendre pourquoi de telles choses arrivent ou ne devrait on pas tout simplement concevoir une « conspiration massive contre toute vie » afin d’éradiquer cette stupidité ambiante ? Leviathan ne prêche pas pour une solution finale ciblée contre un peuple ou une religion. Ce que son black metal glorifie c’est le sentiment de rejet complet que l’on peut ressentir face à la bêtise et à la stupidité profonde qui nous entoure.
Contrairement à The Tenth Sublevel of Suicide qui était un disque sombre et pessimiste qui donnait l’impression que son compositeur maudissait l’humanité entière puis s’effondrait, Massive Conspiracy Against All Life est un album qui hurle sa rage contre tout en se tenant fièrement face au monde pour se battre encore et encore. Aveuglement et fort d’une émotion délivrée violemment, Leviathan assaine une dernière collection de morceaux sous ce pseudonyme qui est devenu un synonyme de qualité et d’intégrité vis-à-vis de « l’éthique » black metal. Cette même éthique dont on aime se moquer sur les forums internet, avec raison quand elle tombe dans la parodie et le grotesque. Cependant, il n’y a rien de tel sur ce disque. Le titre en lui même a bien sûr un côté jusqu’au-boutiste qui pourra faire sourire mais qui convient en fait à merveille pour définir le sentiment que ces sept chansons dégagent.
Dernier disque donc pour d’obscures raisons contractuelles entre le label Moribund et l’artiste qui avait poussé ce dernier a vouloir sortir ce même disque sous le nom de son autre projet Lurker of Chalice. Finalement, le contrat le rattrapera et le contraindra à sortir ce dernier monument sur ce label à qu’il ne voulait plus faire gagner d’argent. Seul vestige de cette décision, les titres différents et le nom du groupe qui s’affiche quand on insère le disque dans son ordinateur. Pourtant, que l’on ne s’y trompe pas, « Massive Conspiracy … » est un disque de Leviathan et non de Lurker of Chalice. Certains passages sont certes plus atmosphériques mais, c’est le son des guitares acérés, sales et malades et le claquement de la batterie (véritable, contrairement à l’habituelle boîte à rythmes) qui dominent ce disque.
Toujours aussi vénéneux et fascinants, les morceaux débordent de colère et de violence tout en évitant les écueils d’un black metal trop agressif qui ne ferait que répéter des riffs sans vie, gonflés par des blast à la frappe artificielle. Rien de cela ici. Les guitares ronflent et grondent, créant cette masse noire et agressive qui mérite bien son titre de metal noir. Ici l’émotion n’est pas surjouée. J’ai parlé de manifeste au début de ma chronique mais, que l’on ne s’y trompe pas, il n’y a rien de politique dans cet album. Pas même une opinion que l’auteur aimerait colporter à travers ses paroles. Ce disque ne représente que les émotions et témoigne de la détermination de son auteur à persévérer contre tout pour créer une musique qui exprime ce qu’il ressent.
Massive Conspiracy Against All Life, dernier assaut contre l’humanité, est un disque de black metal intense et complexe. Ce n’est pas un album progressif sonnant le renouveau d’un genre. C’est un testament, intègre, complet et d’une noirceur impénétrable. Bien que l’agressivité côtoie des accalmies plus lentes et vaporeuses, un seul sentiment domine tout au long. Cet album est la somme de tout ce qui fait le meilleur du black metal. L’émotion, l’atmosphère étrange et dérangeante, l’agression aveugle contre tout et le désespoir de savoir que le combat est déjà perdu. Ce dernier disque est un dernier crachat à la gueule du monde qui n’aura surement pas d’impact sur la bêtise humaine mais qui comblera assurément ceux pour qui ce sentiment de rejet et de dégout a un sens.
Tracklist :
- vesture dipped in the blood of morning
- merging with sword, onto them
- made as the stale wine of wrath
- VI-XI-VI
- receive the world
- vulgar asceticism
- noisome ash crown
la classe en tous points (relevés dans la kro), un incontournable de 2008
Superbe album. Une seule chose empêche selon moi de crier au chef d’oeuvre : la fin du 2ème titre qui plagie totalement la BO de Blade Runner (c’est vraiment difficile de ne pas le remarquer quand on connaît le film). C’est inutile et quand même un poil gênant avec un côté « cheveu sur la soupe » que l’on peut vraiment regretter. A part ce détail cet album est une tuerie qui montre aussi que Wrest a du pas mal écouter Deathspell Omega tant l’influence est parfois bien palpable…
C’est vrai que c’est très appréciable d’avoir une vraie batterie! A part ça, ce disque est génial. Comme l’a écrit Hororo: tout y est !Le son, l’intention, les compos, la voix. D’ores et déjà dans le top 2008.
Je vois définitivement plus cet album comme un disque de Lurker,mais ça n’a aucune incidence sur la qualité de cette rondelle,les scènes françaises et orthodoxes européennes qui vouent un certain goût à une pratique singulière du métal noir doivent déjà regarder vers l’avenir car avec cette pierre Wrest bouleverse un peu plus l’onde calme à la surface du lac pour lui donner un peu de son orgueil américain,sinon sympa cette histoire d’oran outang d’amérique du sud,nan vraiment ;)
Du black metal contemporain, aussi bien mystique-effréné que viscéral-abstrait.
Epique, racé, sophistiqué et avec le son bien monstrueux qu’il fallait, ça décrasse avec de la grosse prestance.
voilà qui butte, n’ayons pas peur d’émos.
Grosse grosse tuerie, se classe en tête des albums de black metal de cette année pour l’instant.
C’est le bon tracklisting qui a été posté? :-o
n.b : Les mp3 ont un tag pourris, il sera acheté..