Attendus pendant l’été, c’est finalement en fin d’année que Barabbas et ses apôtres daignent enfin revenir parmi nous, pauvres mortels, et donner une suite à leur prophétique EP Libérez Barabbas ! (2011 mais chroniqué en ces pages en début d’année) Une attente comblée par un véritable premier album possédant autant de cachet que l’EP.
N’ayant pas oublié de revenir avec leur Saint Riff Rédempteur, Saint Rodolphe et ses sbires n’ont pas trop fait évoluer leur divine recette, celle d’un doom traditionnel flirtant parfois avec le stoner. La Sainte Lourdeur est donc de nouveau le credo des parisiens, caractérisé par une session rythmique écrasante (basse qui pèse, guitare qui vrombit, batterie qui résonne).
S’inscrivant dans le doom de tradition façon Cathedral/Black Sabbath/Candlemass/St Vitus, Barabbas se distingue pourtant de ces icônes grâce à ce grain stonerisant apportant une densité et une agressivité à leur musique. Puis il y a toujours ce chant, Saint Rodolphe prodigue une fois de plus ses sermons exclusivement en français, un choix audacieux d’autant plus que les paroles sont toujours audibles (il nous offre d’ailleurs un panel vocal beaucoup plus varié que sur l’EP). Une fois encore, il confère à Barabbas cette aura si spéciale, pas simple à appréhender (car du chant en français sur un style aussi spécifique, c’est pas banal et ça ne plaira pas à tout le monde) mais qui fonctionne finalement parfaitement avec le groove distillé par ses comparses.
En comparaison avec l’EP, Messe pour un chien est un franchissement de palier: le son (maison) est bien meilleur (bien gras mais possédant le relief adéquat), les compos plus travaillées (donc globalement plus longues), les atmosphères plus envoutantes, les claviers et autres samples étant très bien intégrés à l’univers mystique/christique du groupe. Ces huit nouveaux morceaux sont donc plus variés, passant d’un doom/sludge très gras (Priez) à des ambiances lugubres (La malédiction de Sainte-Sélène), d’autres davantage rétro (Messe pour un chien) allant jusqu’à déployer des idées marquantes (le fascinant Judas est une femme et ses chœurs féminins).
Bref, une jolie confirmation que ce premier album de Barabbas, le groupe ayant sacrément ouvert son champ d’action bien que le doom soit toujours leur pêché mignon. Une évolution osée mais naturelle, preuve de la belle marge de progression des franciliens. Barabbas a été libéré, Messe pour un chien confirme cette liberté de ton grâce à sa variété.
Définitivement l’album de doom à écouter (religieusement, bien entendu) en cette fin d’année 2014.
- La malédiction de Sainte-Sélène
- Le couteau ou l’abîme
- Moi, le mâle omega
- Judas est une femme
- La beauté du diable
- Priez
- Le sabbat dans la cathédrale
- Messe pour un chien