Devin Townsend Project – Transcendence

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Style: Opéra Prog metal TownsendienAnnee de sortie: 2016Label: Inside Out MusicProducteur: Devin Townsend

Ah putain enfin! Enfin un retour de Devin qui réussit à me filer la banane presque comme à la bonne époque. Je regardais récemment le nombre de sorties signées par le canadien depuis ses débuts, et même si je pense avoir écouté tous les albums qu’il a sortis depuis le début (plus ou moins attentivement, tant certains m’ont déçu voire énervé -hein Deconstruction ?) j’étais quand même particulièrement impressionné de voir que ce Transcendence n’est rien de moins que le 17ème album du canadien, sans compter les albums sortis avec Strapping Young Lad. On dépasse donc allègrement la vingtaine d’albums sortis si on ajoute les lives, bootlegs et autres compilations…

Si la qualité avait toujours rimé avec cette quantité j’en aurais été le premier comblé, malheureusement il faut bien reconnaître avec le recul, que les albums enthousiasmants sortis depuis environ 10 ans, se comptent finalement sur les doigts d’une main de lépreux (alors que Townsend en a sorti 11 sur la période, soit beaucoup plus que le nombre de doigts sur une main de lépreux quel que soit le stade de la maladie où l’examen a lieu). On retiendra ainsi Ziltoid the Omniscient (le premier merci), Addicted et -avec un peu de complaisance- Epicloud, ce dernier marquant un peu quand même le début du ras le bol du combo Anneke/Devin. Il était temps pour Devin de passer à autre chose et à tout le moins de rafraîchir un tantinet sa recette plus très marquante et originale…

Et voilà donc Transcendence, un album qui démarre avec « Truth », qui n’est autre (les fans auront forcément tiqué) que… la reprise par lui-même d’un titre de Devin Townsend paru sur l’album Infinity (qui date de 1998, eh ouais t’es vieux). Drôle d’idée n’est-ce pas (pas tant que ça en fait, car Devin est coutumier du fait puisqu’on retrouvait une reprise de « Kingdom » sur Epicloud et une reprise d' »Hyperdrive » sur Addicted)? Heureusement le titre fait toujours son effet en tant qu’introduction, retravaillé pour l’occasion, moins bruitiste et un peu ralenti, il s’accorde au final très bien avec la suite et on pardonne la facilité du maître sur la démarche. Mais lorsque l’on apprend que l’album se termine par un titre qui n’est autre qu’une reprise (l’excellent « Transdermal Celebration » des méconnus compatriotes de Devin, Ween, parfaitement repris et réapproprié dans une version qui reste néanmoins fidèle à l’originale) on pourrait à juste titre s’inquiéter de l’inspiration de Devin Townsend et craindre la panne… Il n’en est rien et heureusement tous les titres qui se situent entre les deux (8 titres donc) sont parfaitement réussis, dans un style tout townsendien apaisé : il se dégage au final une sorte de zenitude de l’écoute de ce qui ressemble une fois encore à un véritable opéra de prog metal (un titre comme « Transcendence » illustre cela à merveille), une force tranquille qui… force le respect.

Par rapport aux précédents albums plus sautillants (à l’exception de Ghost et Casualties of Cool), les compositions de Transcendence se situent plutôt sur registre mid tempo, posé, à l’exception d’une fulgurance incarnée par le très direct (et titre le plus court de l’album) « Offer Your Light » qui vient redynamiser l’album avant sa conclusion. A noter que l’écriture de nombreux titres est créditée à l’ensemble des membres du Devin Townsend Project, qui sont donc plus qu’un simple travail solo de Townsend même si sa patte est toujours complètement présente et impossible à ignorer. Mais tout semble aller dans le sens de cette force tranquille, ce lâcher prise que j’évoquais, et pour un control freak (et passablement cyclothymique) comme Devin Townsend, cela veut dire beaucoup sur l’état d’esprit positif dans lequel il semble avoir été durant l’enregistrement de cet album.
Pour autant s’il y a un aspect sur lequel Devin a repris le contrôle, pour notre plus grande satisfaction, c’est sur la partie vocale : lui qui on le rappelait s’est en effet beaucoup appuyé sur Anneke Van Giesbergen ces dernières années laquelle faisait quasiment jeu égal avec lui sur ces dernières sorties (j’exagère un peu je le reconnais), le voilà qui reprend ici la plus grande partie du micro et nous régale de sa voix toujours aussi sublime. Des parties comme celles de « Higher » ou « Stars » ne manquent pas de venir provoquer leur lot de chair de poule. Pour autant les voix féminines ne sont pas absentes de ce nouvel album, mais utilisées avec davantage de parcimonie et plus de variété aussi puisqu’aux côtés d’Anneke, on retrouve cette fois deux autres chanteuses qu’a déjà côtoyées Devin : Che Aimee Dorval (qui chantait avec Devin sur Casualties of Cool, son album flirtant avec la country) et Katrina Natale (qu’on a déjà pu entendre sur Ghost). Il n’est pas toujours évident de repérer laquelle chante sur quelle partie, tant elles sont « reléguées » cette fois au second plan. Encore une fois on ne s’en plaindra pas car leur apport est néanmoins bien réel, mais surtout car il est vraiment jouissif de retrouver Devin en tant que chanteur omniprésent, qui a le mérite de ne jamais en faire trop et de poser sa voix avec autant de simplicité que de réussite. Il y a certes quelques passages agressifs (comme sur « Higher ») mais dans l’ensemble son registre est plutôt loin de celui utilisé chez (feu) Strapping Young Lad. Les autres musiciens ne sont pas en reste, et l’on apprécie particulièrement les nombreux solos qui parsèment le disque (et sont l’oeuvre de Devin lui-même ou de Dave Young) : toujours sobres et beaux, ils ne viennent jamais parasiter l’écoute mais bien appuyer l’émotion qui se dégage de certains titres.
Tout cela pour accoucher d’un album beau et puissant en définitive, le tout avec un son parfaitement à la hauteur : quelle évolution dans la puissance du son avec les années… Il suffit d’écouter les premiers albums solo de Devin pour noter à quel point il a pu faire évoluer ces techniques de production, puisque c’est ici lui qui signe à part entière la production de cette nouvelle oeuvre, une production à l’image de l’album, ample et puissante, riche et ouverte.

Il semble que ce nouvel album ne fasse pas l’unanimité et j’avoue être surpris de lire ci et là quelques critiques négatives (il y en a beaucoup de plus positives, qu’on se rassure). Certes Transcendence n’est en rien une révolution et les fans de Townsend devraient se sentir rapidement comme à la maison, mais cela ne change rien au fait que Devin a accouché ici de ce qui est à mon sens son album le plus inspiré depuis au moins Addicted si ce n’est depuis Ziltoid voire Accelerated Evolution, c’est dire…

Tracklist :
1 – Truth
2 – Stormbending
3 – Failure
4 – Secret Sciences
5 – Higher
6 – Stars
7 – Transcendence
8 – Offer Your Light
9 – From The Heart
10 – Transdermal Celebration (Ween cover)

krakoukass

Chroniqueur

krakoukass

Co-fondateur du webzine en 2004 avec Jonben.

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Commentaire

  1. darkantisthene says:

    on retrouve effectivement un niveau que, personnellement, je n’envisageais même plus pour ne pas sombrer dans la dépression à chaque sortie moyenne, voire chiante. Je suis d’accord pour avoir dans le rétroviseur accelerated ou ziltoid. Un des albums 2017 en tout cas !

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