C’est bien connu, avoir du talent ne suffit pas pour avoir du succès. Encore faut-il être là au bon moment. Si The Lord Weird Slough Feg (maintenant raccourci en Slough Feg) avait débarqué dans les 80’s, nul doute qu’on aurait entendu parlé d’eux. Au lieu de cela, Slough Feg a débuté sa carrière au début des 90’s et, après moult démos, a sorti son premier album autoproduit et éponyme en 1996 (réédité en 2002). Et ce n’est pas en sortant ses 3 albums suivant sur Dragonheart (obscur label consacré exclusivement au true metal) que nos Amerloques allait réussir à faire grand bruit dans le monde du metal. Pourtant, voilà bel et bien un groupe qui mériterait, avec ce cinquième album studio qui sort sur le label italien Cruz Del Sur, de récolter les fruits de son dur labeur qu’il sème depuis maintenant 15 ans. Il est vrai cependant, que depuis un certain temps déjà, Slough Feg est en train de doucement faire ses marques aux Etats-Unis, en Irlande, en Allemagne et en Grèce.
Pourtant, à première vue, pas de quoi s’extasié sur la bête. Slough Feg sonne plutôt old-school. La production est brut, loin des prods lisses qui sont monnaie courante dans le heavy metal ces derniers temps ; Mike Scalzi étant fan de vieux hardcore genre Black Flag ou Dead Kennedys, il a voulu retrouvé cette urgence dans une production sèche. Mais voilà, la qualité de ce groupe, c’est de faire une musique indémodable, j’oserais presque dire intemporel, avec une personnalité très affirmée. Slough Feg c’est la combinaison de l’énergie du Maiden période Killers, celui de Di’Anno, plus brut et moins théâtral que celui de Dickinson ; du heavy metal épique ricain des 80’s (Omen, un peu Manowar mais surtout Manilla Road et Brocas Helm) ; du Black Sabbath de la période Ozzyesque ; d’un zeste de Blind Guardian période Somewhere Far Beyond ; d’une pointe de doom metal épique par moment ; d’une vivacité très thrash-speed metal pour certains riffs ; d’une préciosité digne de Queen pour l’emphase de certaines mélodies et surtout de beaucoup de folk (n’oublions pas que certains membres du groupe sont d’origine irlandaise et que le nom du groupe est tiré de l’ancienne mythologie irlandaise). Ça fait beaucoup et ça doit être indigeste ? Que nenni, Slough Feg est le genre de groupe qu’on apprécie dès la première écoute et qui peut être apprécié par un très grand nombre.
Grâce notamment à la voix du leader guitariste et chanteur Mike Scalzi. Tout à fait le genre de type qu’on ne peut pas confondre avec un autre chanteur. Ni un copieur de Dickinson, ni un clone de Kiske ou de Ozzy ; Scalzi a une voix qui est reconnaissable entre 1000. Une voix rude, gorgé d’émotion, avec cet accent si spécial qui semble venir tout droit des contrées irlandaises. Il ne fait jamais de vocaux de castra, jamais de growl death ou de cris mortuaires, jamais de voix de tête exagéré, ne tombe jamais dans un lyrisme poussif, dans une jérémiade gothifiante. Et pourtant, cette voix est un des charmes de Slough Feg.
Comparativement aux autres albums de Slough Feg (exception faite du premier), cet album est plus court. Si sur Traveller la touche folk avait disparu, elle refait surface ici. On note comme nouveauté certaines mélodies précieuses et grandiloquentes sans doute inspiré par Queen. Slough Feg a toujours mentionné l’influence de Queen, je ne l’avais jamais vraiment trouvé dans leur musique jusqu’alors. Cette fois, sur un morceau tel que « Man Out Of Time » ou comme « Agony Slalom » (avec un final ayant une légère touche jazzy) je la perçois plus aisément. Du point de vue des mélodies folk, Atavism est l’album le plus poussé de Slough Feg. Si Traveller et son concept SF avait vu la disparition de ce côté folk, il réapparaît ici en grande pompe comme sur le très accrocheur « Hiberno-Latin-Invasion » (le genre de mélodies qui vous reste dans le crâne pendant toute une journée et vous hante), « I Will Kill You – You Will Die » avec ses déluges de note et le rire triomphal de Mike Scazi, le virtuose instrumental « Climax Of A Generation », l’acoustique ballade « Atavism » (le genre de truc qui ferait un malheur joué autour d’un feu de camp).
Si Slough Feg peut jouer très vite comme sur le vivace et très court (1 minute au plus) « High Season V », le palpitant « Atavism II », les instrumentaux « Robostus », « Portcullis » et « Climax Of Generation » ; il n’en oublie pas pour autant son influence doom épique et celle du grand Black Sabbath sur « Emaeus The Swirneherd » avec ses allures médiévales ou le sombre « Curse Of Athena ».
Pas besoin de 150 écoutes pour rentrer dans le trip Slough Feg. On accroche dès la première écoute où on n’accroche pas. On a là 14 titres pour seulement 38 minutes, très varié et jamais ennuyeux. Le genre de disque qu’on se repasse en boucle et qui donne envie de se rouler par terre, de se jeter sur les tables, de boire de nombreuses pintes de Guiness, tout ce qui nous passe sous la main. Bref, un disque qui donne envie de faire la fête et qui tourne en boucle, un peu comme un bon Finntroll dans un autre genre. Un groupe rock n’ roll en fait, à l’image de son entraînant et bluesy « Starport Blues ».
- robostus
- i will kill you/you will die
- portcullis
- hiberno-latin invasion
- climax of a generation
- atavism
- eumaeus the swineherd
- curse of athena
- agnostic grunt
- high season v
- starport blues
- man out of time
- agony slalom
- atavism ii
ouahhh trés bonne chronique, rien a ajouter fan du groupe que je suis, tu as tout dis, je suis sur le cul que sur Eklektik, un des chroniqueurs puissent apprécier un disque et un groupe comme cela. vous portez bien votre nom.