Concert du 3 décembre 2017 au Futurum (Prague)
Ultime date européenne pour cette jolie tournée (qui est passée quelques jours auparavant par Paris) malheureusement amputée d’Every Time I Die, les canadiens de Comeback Kid et leur punk hardcore survitaminé étaient accompagnés par le gros son des sympathiques Knocked Loose (que j’avais pu interviewer il y a quasiment un an jour pour jour) et par les anglais de Higher Power. Deux autres groupes se sont greffés à l’affiche: les finlandais de Pakkosyöttö et les tchèques de Kovadlina qui auront donc la mission de préparer le public du Futurum à la suite.
J’investis les lieux alors que ces derniers sont en train de terminer leur set, pas grand chose à en dire donc si ce n’est que le public est déjà conséquent devant le premier groupe de la soirée dont le son punk hardcore plutôt mélodique (aux lyrics essentiellement en tchèque apparemment) aura été très chaleureusement accueilli.
Totalement inconnus à mon bataillon, les jeunes finlandais de Pakkosyöttö prennent la suite, entamant leur set d’un modeste « on espère que vous allez aimer notre musique » avant de lâcher un punk hardcore à tendances rock’n roll assez incisif (quelques riffs dans l’esprit de The Bronx). Le vocaliste ajoutera un surplus de nerfs par son chant d’un genre très criard, il matche assez bien avec le riffing parfois bien groovy de ses comparses (qui provoqueront chez lui quelques pas de danse assez étranges) mais se révèle un peu trop irritant sur la longueur. Néanmoins sympathique, le set passera assez vite en attendant les choses sérieuses.
Des choses sérieuses qui démarrent avec Higher Power, groupe de Leeds dont l’attitude contrastera totalement avec celle des scandinaves. Levers de guitares ou de basse en pagaille, vocaliste ultra tatoué qui arpente la scène de long en large et qui tend généreusement son micro aux connaisseurs, le public se réveille donc en conséquence et quelques premiers slammeurs s’en donnent à cœur joie. Musicalement le punk hardcore des britanniques est pourtant diamétralement opposé à la rugosité du groupe précédent, ici sont incorporés des éléments issus d’autres courants (fusion, néo metal, emo) pour un espèce de mélange de Turnstile et de Jane’s Addiction sur fond de quelques breakdowns efficaces. Découvrant le groupe ce soir-là, j’avoue avoir été assez étonné tant cet improbable mélange fonctionne.
Mais c’est bien le groupe suivant que j’attendais: Knocked Loose qui poursuit sa fulgurante ascension avec panache, et cela va se vérifier lors de ce nouveau set haut en couleur. Bon, ils n’ont toujours qu’un seul album à défendre mais ils vont le faire bien. Le son est lourd comme il se doit, les basses raclent le sol tandis que le chanteur Brian Garris se montrera toujours aussi charismatique dans ses éructations blindées de ressentiment (il sera idéalement secondé par le guitariste lead, aux vocaux plus gras donnant ce qu’il faut de contraste aux parties les plus lourdes). La majeure partie des morceaux de Laugh Tracks sera passée en revue, de « Oblivion Peaks » à « The Rain » en passant par un enchaînement final des plus destructeurs avec « Last Words » et l’énorme « Deadringer ». Un nouveau titre sera joué, bien dans l’esprit des autres, laissant entrevoir une future nouvelle livraison du groupe du Kentucky qui va entamer une tournée US début 2018 en tête d’affiche en compagnie de Terror (après une rapide discussion avec le batteur, c’est bien Terror qui leur ont demandés qu’ils soient headliners, la classe ! ). Irréprochables sur scène, Knocked Loose a confirmé ici tout le bien qu’on pensait d’eux, laissant les mosheurs et les autres totalement ravis (moi y compris, ravi pas mosheur !).
Déjà 17 ans d’existence pour Comeback Kid, rien que ça ! Je me rappelle les avoir découverts avec le tube « Wake The Dead », brûlot énergique devenu un classique. Bien entendu ce titre sera joué en dernier avec auparavant un petit pot-pourri d’un peu tous leurs albums, du récent (« Somewhere, Somehow ») au plus ancien (« Broadcasting »), le tout avec une énergie sans faille et un public totalement en fusion. Andrew Neufeld sait en effet comment s’y prendre pour le solliciter, le surplombant la plupart du temps et tendant volontiers son micro. Sur le bord de la scène, on peut observer quelques membres des groupes précédents, complètement dans le set des canadiens eux-aussi. Le chanteur d’Higher Power y ira de son petit featuring, puis ce sera le tour du guitariste de Knocked Loose un peu plus tard. Complètement déchaîné, ce dernier viendra régulièrement sauter dans le public d’une manière assez spéciale, réalisant à chaque fois une espèce de vrille lui permettant d’atterrir quasiment les pieds en avant puis de revenir sur scène comme si de rien n’était. D’autres membres des autres groupes slammeront eux aussi régulièrement, mais c’est bien du pit que sortiront les slammeurs, créant parfois des embouteillages sur scène et même une collision aérienne entre deux qui n’avaient pas bien regardé avant de sauter ! Comme dit précédemment « Wake The Dead » est le coup de grâce, tout le monde devient dingue tandis que le chanteur d’Higher Power se ramènera sur scène en plein milieu du morceau avec en main une bouteille de champ… une bouteille géante de Pilsner Urquell (bière la plus consommée du pays) qui arrosera cette ultime date de la tournée. Une célébration qui mettra le sourire sur chacun des visages du public, y compris le mien. Une chouette soirée.