Originaire de Pordenone (Italie), John, The Void est un quintet jouant un post-metal tel qu’il était aux origines du genre: tantôt lourd, tantôt plus aérien, baigné d’une atmosphère de désolation et de tristesse. Pour III – Adversa, le groupe ajoute un chapitre à sa trilogie entamée avec son premier EP éponyme (2014) puis II (2016), deux sorties qui leur ont permis d’affiner leur vision du genre.
« Shapeshifter » nous plonge directement dans cet univers froid, lent et introspectif dont les premières notes nous ramènent du côté de Cult Of Luna ou d’Isis. On notera aussi la place occupée par le synthé, enveloppant le tout d’un voile inquiétant. D’abord instrumental, le vocaliste viendra en seconde partie de morceau poser ses cris, parfaitement en phase avec les instruments. « Dark City Of Error » poursuivra telle une chute de Somewhere Along The Highway (l’album de Cult Of Luna) dont on retrouve comme point commun cet équilibre entre la rythmique (mélodique et plutôt apaisée) et cette voix aux antipodes, totalement arrachée.
L’entrée dans cet album est assez facile, la majorité des titres étant basés sur des ambiances cinématiques plutôt prenantes, souvent instrumentales, jusqu’à la rupture par l’arrivée du chant. Un aspect « calme vs. tempête » qui ne surprendra guère les connaisseurs mais dont l’exploitation par John, The Void est vraiment peaufinée dans ses moindres détails (« Silent Bearer » où se côtoient de tristes paysages éthérés et de violents cyclones post-black metal). On retiendra aussi selon ce même modèle les intéressants « A Cold Becoming » (tout instrumental) et la conclusion « A Permanent Change », modulant les rythmiques progressives jusqu’à son intense final.
III – Adversa est un album bien composé, dynamique et plutôt émotionnel, des qualités qui n’effaceront malheureusement pas son plus gros défaut: le manque de personnalité. Ainsi on a l’impression à de multiples reprises d’écouter un nouveau Cult Of Luna voire un Callisto (époque Noir), des comparaisons à prendre comme des compliments car le talent des musiciens est indéniable. Difficile de sonner original dans le style, John, The Void a déjà le mérite de nous faire vivre une très agréable introspection.
- Shapeshifter
- Dark City Of Error
- Adversa
- Silent Bearer
- A Cold Becoming
- Cursed
- A Permanent Change