Une chose est sûre, sans le web, il est fort probable que je n’aurais jamais pu croiser la route d’Isis. Jamais mentionné dans les magazines métal, absents de mes catalogues de VPC habituels et rangé dans le rayon indé de certains disquaires, les chances de rencontres avec Isis étaient minimes. Heureusement une excellente chronique sur le webzine « violent solutions » (merci Uriel) m’a sorti de mon ignorance et motivé à aller à l’encontre de ce groupe atypique. A mon tour, donc, de faire partager ce coup de cœur.
A la croisée du doom, du hardcore et du post-rock, les américains d’Isis emmènent leur métal atmosphérique en dehors des sentiers battus. Si la voix (qui fut d’abord un élément de rebut pour moi), brute et écorchée vive marque une parenté avec le hardcore, la construction des morceaux, tout en longueur et en progression traduit clairement un besoin de s’en détacher. D’où le terme « post-hardcore » utilisé fréquement pour classer des groupes comme Isis, Cult of Luna ou encore Burst.
Doom…hardcore…métal…post-rock…on se perd vite quand on cherche à tout prix a ranger un groupe tel qu’Isis dans une case, aussi vaut il mieux ne pas trop s’en préoccuper.
« Oceanic » est une mer de contraste où l’on passe de la tourmente à la sérénité plus ou moins brutalement. Les rythmiques les plus pesantes côtoient ou supportent des guitares cristallines d’une finesse remarquable construisant des mélodies tantôt inquietantes tantôt rassurantes. Il faut toutefois faire preuve d’une certaine patience pour entrer complètement dans leur univers. L’apparente répétitivité des morceaux a vite fait de faire décrocher l’auditeur non attentif. Pourtant Isis sait s’y prendre pour créer des atmosphères uniques et captivantes. On est loin des éternels clichés gothiques de pacotille. Ici pas de synthés, pas de violons, de clavecins ou encore de samples d’orage. Il n’y a guère que quelques chœurs féminin ici et là pour accentuer cette impression de vivre un rêve éveillé.
Dans l’océan Isis, les guitares lourdes, la rythmique lente et implacable nous transporte tels de forts courants marins contre lesquels toute résistance est impossible. Ceux-ci nous emmènent à leur guise, d’abysses sombres et inquietantes (« The others ») en eaux moins profondes et plus accueillantes (« Carry »). De temps à autre ceux-ci nous guident vers la surface le temps de reprendre un peu d’oxygène et revoir le ciel (« Maritime ») avant de replonger inexorablement vers les profondeurs. Il ne fait alors aucun doute que cette chose cherche bel et bien à nous garder en vie le plus longtemps possible de manière à nous regarder sombrer lentement dans la démence.
Rien chez Isis ne paraît pré-fabriqué. Les enchaînements, la progression des morceaux ou les variations mélodiques, tout semble tellement naturel que l’on imaginerais presque les musiciens avoir improvisé cet album en studio, se laissant guider par l’instinct créatif et les émotions.
Je ne me permettrais même pas de faire de reproche à « oceanic ». Cet album m’apparaît comme une œuvre d’art, à l’opposé de la musique de « divertissement » (n’y voyez pas la un terme péjoratif) loin de suivre une quelconque mode. « Oceanic » est à prendre ou à laisser, on plonge ou pas dans leur univers mais dans tout les cas on ne peut qu’être admiratif devant une œuvre telle que celle-ci..
Profond, intense, inquietant, planant, « Oceanic » et ses eaux tourmentées vous emmèneront loin…
- the beginning and the end
- the other
- false light
- carry
- maritime
- weight
- from sinking
- hym
oui je confirme, il s’agit d’un chef d’oeuvre ;-)
il s’agit plus que d’un chef d’oeuvre , une oeuvre intemporelle =)
Le meilleurs album du genre.