Cult Of Luna – Salvation

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Style: post-hardcoreAnnee de sortie: 2004Label: Earache Records

La Suède on le sait depuis longtemps c’est l’autre pays du rock. Et c’est admirativement que j’écris ça. C’est quand même affolant de voir à quel point ce pays est productif en terme de rock en tout genre. C’est sûrement parce qu’ils n’ont rien à y faire, ou plutôt qu’il fait trop froid pour traîner dehors, que les jeunes gens (ou moins jeunes) restent à l’intérieur au chaud, dans des garages, des caves, des greniers voire même des salons, des chambres et montent des groupes, et jouent inlassablement, encore et encore.

Merci à eux, merci de nous offrir de si beaux moments de musiques. Car oui, ce troisième album de Cult of Luna est un grand moment de musique. Les fans de la première heure seront aux anges (sûrement), les néophytes seront charmés, ceux qui connaissent Isis, Neurosis, Breach et d’autres groupes de la même trempe ne peuvent contourner leur chemin. Ce Salvation s’impose à tous. Accusé de pomper Isis, simplement parce qu’Oceanic est sorti 3 mois avant leur The Beyond, le septet continue pourtant son petit bonhomme de chemin avec un grand talent. Somptueux album, dont les titres font en moyenne 10 minutes, et au cours duquel l’ennui ne nous guette point. Ils savent vous transporter, vous amadouer. Et l’on se laisse tomber dans leurs bras sans rechigner.

Tout commence par « Echoes », qui affiche 12 minutes 30 au compteur et qui est le titre le plus long de la galette. Au début l’ambiance se veut lourde, pesante, mais pas inquiétante. Ils n’ont pas recours à la moindre once de distorsion jusqu’à environ 4 minutes 30. Où l’ambiance vire quasi tribale et semble convoquer le fantôme de Neurosis. Et sur le coup des 5 minutes on décolle, pour rejoindre la voix hurlée du chanteur Klas (oui, c’est son nom) qui fait son apparition seulement vers les 6 minutes. On est alors bien loin de l’intro, mais on a l’impression de ne pas avoir bougé. La seconde moitié de la chanson est un authentique délice.

La seconde plage est beaucoup plus vocalisée que la première, et donc moins en apesanteur. Rappelant de prime abord davantage ce que le groupe a pu nous offrir sur ses précédents albums, mais à la moitié du chemin la chanson se calme subitement. On remarque alors le travail sur les claviers qui contribuent grandement à donner cette couleur spéciale à la musique du septet. « Leave me Here » est en écoute sur le site d’Earache, et on comprend pourquoi, c’est elle qui a été servie en guise d’apéritif. Dès les premières secondes on sent le travail effectué sur la production, mais on tient toujours cette énergie des premiers albums, et on entrevoit les vocalises du chanteur. Et là, on reste scotché. C’est fou l’effet que peuvent provoquer de simples petits murmures. Puis ça repart dans des accords pachydermiques, pour en revenir à des langueurs que l’on voudrait infinies… Cela suit parfaitement avec « Waiting for You », titre aux forts relents post-rock, avec toujours ce travail de Anders et Magnus, respectivement samples & claviers et ingénieur son. C’est langoureux, j’aurais même voulu qu’une voix grave vienne susurrer quelques mots pour l’ambiance, mais c’est une chanson quasi-instrumentale, et tant mieux finalement car la voix aurait pu tout gâcher. Oui, on n’avait jamais vu Cult of Luna aussi calme. C’est post-rock, quasi acoustique avec des éléments électroniques.

Le groupe voulait quelque peut se « libérer » du métal ne se sentant pas forcément proche de cette scène et il l’a fait. Il n’a pas oublié pour autant que la distorsion existe et l’utilise toujours; non pas avec plus de parcimonie, mais mieux tout simplement. Les guitares et l’ensemble se sont calmés, en revanche la voix non. Elle est toujours aussi hurlée, mais ce sont ses apparitions qui sont moins prégnantes, son absence permettant de mettre en avant les finesses de la musique et laisser travailler notre imagination. Des chansons comme « Crossing Over » ne laisseront pas indifférents. Cult of Luna rentre pile dans la case « post-hardcore », empruntant au post-rock et au hardcore; mais si auparavant ils s’illustraient davantage par leur côté massif, il va falloir mettre les pendules à l’heure car c’est maintenant par leur aspect plus « planant » qu’ils s’affirment. On entend même le percussionniste poser des voix mélodiques sur le susmentionné « Crossing Over » et elles s’avèrent bienvenues.

Les sept suédois se sont donc un brin calmés sur Salvation. Leur musique semble être épurée (à l’image de la pochette de l’album)…contradictoire puisque les arrangements sont plus fins qu’avant. Cette impression de pureté doit être due au fait que leur musique s’est faite plus minimaliste, intimiste. Chose qui contraste avec la voix toujours hurlée. Bien sur on pense à d’autres groupes (cités au début de la chronique) mais on entrevoit là une évolution sûre pour le groupe qui continue sa route et s’affirme comme une des valeurs sures de la scène. On peut espérer, à l’avenir, voir le groupe user de plus de mélodies vocales car les rares interventions non hurlées sont absolument saisissantes (les lancinantes vocalises de « Leave me Here »). En définitive, Cult of Luna tient toujours la même recette mais change les dosages pour aboutir à un résultat superbe. Un des disque de cette rentrée 2004, à n’en pas douter.

  1. echoes
  2. vague illusions
  3. leave me here
  4. wainting for you
  5. adrift
  6. white cell
  7. crossing over
  8. into the beyond
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10 Commentaires

  1. jonben jonben says:

    C’est clair qu’il est bien, très bien même, j’ai hâte de les voir le 3 octobre, mais je préfère tout de même le dernier Isis qui est tout simplement génial (encore une fois).

  2. fewz says:

    ah ben ça, quand on parle d’Isis, il reste plus grand monde à côté pour comparer… =)

  3. krakoukass krakoukass says:

    Bah moi je le trouve mieux que ISIS… Ce « Salvation » est un petit bijou d’ambiance et de puissance…

  4. reapie says:

    Un très bon album, qui s’essouffle malheureusement un peu au fil des écoutes, probablement en raison d’un manque relatif de diversité. Un grand choc lors de sa découverte, une joie légèrement plus modérée dans les jours suivants. Moi qui pressentais le chef d’oeuvre, je me suis trompé, mais le résultat étant tout de même de grande qualité, ne jouons pas trop les fines bouches.
    15/20

  5. krakoukass Krakoukass says:

    Pour moi c’est l’inverse Reapie, les 1ères écoutes, j’ai trouvé ça bof, et maintenant je me le passe tout simplement en boucle… Il faut dire que le concert d’hier m’a bien marqué…

  6. fewz says:

    Un groupe excellent sur scène…magnifique, en apesanteur, lourd, fin, intense, sobre, aérien,…

  7. kollapse says:

    pour moi l’album est loin de s’essoufler au fil des écoutes que du contraire…pour ma part g directement accroché , je le trouvais très bon aps une dizaine d’écoutes…et je le trouve indispensable après plusieurs dizaines d’ecoutes!une vraie merveille,à l’image du « panopticon » de qui vous savez…non je n’arrive pas à trouver de vainqueur!(ya pas à comparer de tte façon)

  8. fewz says:

    bon, je reviens sur ce que j’ai dit et sur ma note.

    Oui, Kollapse a raison, la comparaison n’a même pas à se faire. Cult Of Luna a su développer une musique assez personnelle pour qu’il n’y ait plus de comparaison qui tiennent!!
    Et puis, plus j’écoute cet album, plus je repense au concert plus je me dis que ce groupe est ENORME et que je suis content d’avoir chopé un de leur T-shirt! lol nan je déconne, y’a pas que ça.
    Plus j’écoute cet album et plus je me dis que je lui mettrai plus que 17… C’est sur!
    Ce disque pourrait bien être mon disque de l’année!

  9. fewz says:

    c’est maintenant clair pour moi, Cult of Luna est entré dans mon panthéon au côté de Radiohead…

  10. Earthy51 says:

    Cet album aura pu marqué un tournant décisif pour moi. Bien qu’étant de bon aloi de se porter vers le ‘postcore’ de nos jours, il est difficile de rester indifférent quant à cet album, splendide pour rester objectif…passant d’un ‘The Beyond’ très noise (selon moi) à une approche plus épurée (voire éthérée) le groupe parvient à emmener l’auditeur vers une approche plus catharique de leur musique. (pour peu que je semble encore avoir une quelconque cohérence dans mon propos)

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