Peu souvent sous les radars en matière de musique à quelques exceptions près (Negura Bunget notamment), la Roumanie mériterait pourtant que l’on creuse sa scène locale car elle renferme quelques pépites bien cachées. Methadone Skies est l’une d’elle, ce groupe pourtant confirmé (déjà cinq albums à leur compteur) m’était inconnu jusqu’à ce que je reçoive ce Retrofuture Caveman, sixième album à la très jolie cover (signée Obsidian Nibs), enregistré par membres de Dordeduh, mixé et masterisé par James Plotkin (Khanate), autrement dit des arguments de poids !
Entièrement instrumental, Retrofuture Caveman nous mène dans des territoires tumultueux, entre le grain des guitares plutôt lourd pour l’aspect stoner/doom, des mélodies émotionnelles proches du post-rock ainsi que des moments psychédéliques ajoutant un peu plus de cachet à cette exploration sonique. Tous ces éléments se retrouvent donc dès le morceau-titre qui dure tout de même dix-huit minutes ! Son démarrage est plutôt doux, installant une atmosphère envoûtante et sensible grâce à des nappes de synthés rejointes par des arpèges de guitare qui s’intensifient plus tard avant de lâcher l’explosion cathartique. Les différents mouvements de ce titre-fleuve s’imbriquent les uns dans les autres, faisant se jouxter puissance et finesse avant de soudain stopper cette progression idyllique. Pendant quelques minutes, les roumains ne touchent presque plus à rien, laissant cette ambiance inquiétante presque drone/ambient recouvrir tout l’espace avant de terminer le boulot via de lourds riffs totalement doom.
Une surprenante entame qui se poursuit avec le superbe « Infected By Friendship », premier single à l’atmosphère post-rock pleine de sensibilité qui va progressivement occuper tout l’espace via un imposant mur sonore. Les titres passent et les paysages changent: sur « The Enabler », c’est la facette stoner qui prend les devants tandis que sur « Western Luv ’67 », on nage entre rêverie post-rock et trip psychédélique pour un résultat hypnotique quoi qu’il arrive (même lors de son final plus massif). Enfin « When The Sleeper Awakens » termine ce voyage sensoriel par un espèce de condensé de tout ce que Methadone Skies sait faire: des parties groovy, des dynamiques prenantes et des passages plus sensibles à l’ambiance soutenue par des claviers injectant une dose de mystère.
On obtient au final un album d’une grande richesse, mixant entre elles des influences diverses pour un résultat très bien équilibré, même lorsque l’on passe quasiment sans transition d’un moment posé à un passage perché. On pourra noter par moments quelques réminiscences de Russian Circles mais Methadone Skies possède vraiment sa propre patte, aussi originale qu’ambitieuse. Préparez-vous à un pur voyage !
- Retrofuture Caveman
- Infected By Friendship
- The Enabler
- Western Luv ’67
- When The Sleeper Awakens