« Le rap s’incline, le metal domine ». Pour beaucoup d’entre nous, plus ou moins trentenaires ayant connu les débuts d’internet fin des années 90/début des années 2000, on se rappelle bien de cette rengaine ridicule lue maintes fois, principalement sur des skyblogs (lâchez des comms!) tenus par quelques truerebelz. Cette guéguerre de styles n’a aujourd’hui plus lieu d’être, de nombreux fans d’un des deux styles ont « fait leur coming out » en avouant affirmer qu’ils apprécient l’ex-ennemi. Côté artistes, de nombreux rappeurs ont intégré à leur univers pas mal d’éléments issus du metal, que ce soit via des samples comme via l’imagerie (on citera parmi d’autres Lil Peep, City Morgue ou encore Bones). Backxwash débarque aujourd’hui avec un nouvel album aux contours sombres et douloureux, avec des lyrics traitant (entre autres) de démons et d’un fort rejet de la chrétienté, ça ne vous rappelle rien ?
Backxwash c’est Ashanti Mutinta, canadienne originaire de Zambie (aujourd’hui basée à Montréal), jeune femme faisant infuser son hip hop dans un son aussi oppressant qu’irritant, parfois indus, souvent noise, toujours teinté de cette cathartique noirceur. Accompagnée de musiciens et de nombreux invités, Backxwash se charge majoritairement de la production de ces dix titres, ne se faisant suppléer que sur « Nine Hells » (par Nowhere2Run) et sur « Blood In The Water » (par Clipping.). Clipping. dont l’ombre plane assez régulièrement sur cet album, principalement par ces arrangements brouillards et ce flow essentiellement scandé.
Les neuf morceaux (plus une intro) de ce nouvel album transpirent la colère, basés essentiellement sur un flow nerveux souvent hurlé moulés dans des ambiances lugubres pour ne pas dire suffocantes. Backxwash balance là sur de nombreux thèmes: la transphobie sur « Terror Packets » (où l’on trouve un morceau de discours d’Angela Davis), l’homophobie dans la religion sur « In Thy Holy Name » qui contient le sample d’un sermon de je ne sais quel pasteur ou encore la colonisation sur « 666 In Luxaxa » dont l’intro est un chant tribal en langue zoulou. Enfin, la conclusion « Burn To Ashes » vient sampler Godspeed You! Black Emperor pour un rendu vraiment saisissant et une ultime claque avant de terminer.
I Lie Here Buried With My Rings And My Dresses n’est pas un album de hip hop typique mais une sorte de point de rencontre entre horrorcore et indus. L’ambiance est tendue et un brin chaotique mais teintée d’introspection fortement émotionnelle. Bien plus qu’un simple album de hip hop.
- Purpose Of Pain
- Wail Of The Banshee
- I Lie Here Buried With My Rings And My Dresses
- Terror Packets
- In My Holy Name
- Blood In The Water
- Song Of Sinners
- 666 In Luxaxa
- Nine Hells
- Burn To Ashes