Carcariass est un groupe de vétérans du death metal mélodique français formé en 1991 par le guitariste et compositeur principal de la troupe Pascal Lanquetin. Le groupe franc-comtois a sorti plusieurs albums à la fin des années 90 et au début des années 2000 (notamment l’album considéré comme la référence du groupe, Killing Process sorti en 2002) avant de se mettre en sommeil pendant près de 10 ans, pour revenir avec un nouvel album en 2019, Planet Chaos. Un album bien accueilli par les critiques à juste raison, et qui voyait la troupe de Besançon présenter un nouveau chanteur (alors que le bassiste Raphaël Couturier s’était jusqu’ici chargé des vocaux sur les 4 premiers albums du groupe, avec également quelques invités ponctuels comme Stéphane Buriez) en la personne du suisse Jérôme Thomas du groupe Science of Disorder. Le line-up est identique alors qu’Afterworld sort en début d’année 2023. On ne change pas une équipe qui gagne semble-t-il, puisque ce nouvel album est aussi à nouveau produit par Drop (qui pour rappel était le guitariste des regrettés Sybreed) et masterisé par Jens Bogren au Fascination Street Studio. Le résultat est un son encore plus clair qui met parfaitement en valeur les compositions du groupe pour le meilleur… et aussi le moins meilleur (on y reviendra).
Musicalement Afterworld s’inscrit également dans la continuité de son prédécesseur, entre death metal « soft » et heavy metal, Carcariass y conservant une approche selon laquelle la guitare reste centrale dans les mélodies qu’elle distille. On imagine qu’il s’agit d’une volonté assumée de Pascal Lanquetin qui est d’ailleurs loin d’être un manche (de nombreux solos de très bonne qualité étant là pour en attester) et le prouve à nouveau sur ce cru 2023 sur lequel on retrouve à nouveau des morceaux 100% instrumentaux (« Fall of an Empire » et « Afterworld » en l’occurence). Mais la guitare n’est pas seule, les synthés sont aussi très présents (bien qu’en arrière plan), conférant une ambiance un peu futuriste à la musique du groupe (en adéquation avec l’artwork post-apocalyptique). Pour aussi proches qu’ils soient, et bien que je n’ai pas passé suffisamment de temps avec Planet Chaos, il m’a semblé qu’Afterworld était au final encore plus direct et accrocheur que son grand frère. Sentiment renforcé par une plus grande concision, ce nouvel album durant 15 minutes de moins (53 minutes au total), même si plusieurs morceaux s’étirent au-delà des 6 minutes. Mais les mélodies restent à chaque fois très efficaces, il n’est donc pas difficile de tomber rapidement sous le charme de cet album, et de se mettre mine de rien à en siffler les airs sans s’en rendre compte.
Bien qu’Afterworld reste parfaitement cohérent et homogène, certains passages peuvent évoquer d’autres groupes : le début de « Billions of Suns » m’a ainsi fait penser à Dark Age, ce groupe allemand qui semble en sommeil et nous a régalé notamment en 2002 et 2004. Sur « Angst » j’ai cette fois presque entendu du Paradise Lost, notamment du fait du mimétisme vocal avec Nick Holmes assez frappant sur certains passages. Le très épique « Black Rain » pourrait évoquer un mélange assez étonnant (et un peu plus « futuriste » dans l’esprit, ne serait-ce que du fait de la présence de synthés) de Rotting Christ et de Primordial sur son refrain, et le résultat est bien foutu et efficace, à tel point que ce morceau ressort rapidement du lot à mesure que les écoutes de l’album se multiplient.
Vous l’avez compris, la variété est au rendez-vous et le charme de l’album opère étonnamment vite alors qu’il n’y a évidemment aucune révolution au menu d’Afterworld. S’il est par contre un point qui peut mériter d’être débattu c’est, non pas le chant en lui-même de Jérôme, mais son accent anglais un peu franchouillard (ou suissouillard du coup ?) qui m’a personnellement un peu dérouté au début. Par exemple sur « Generational Rot » cette façon de prononcer les mot « family » ou « reality » ou « body » (sur « Identity » cette fois) en insistant un peu trop sur les « i-y » qui trahit rapidement l’origine du chanteur. Au final bizarrement, j’ai fini par trouver un certain charme à cette petite « faiblesse » qui ne m’a plus dérangé et empêché d’apprécier comme il se doit les qualités bien réelles des compositions de Lanquetin. Mais c’est indubitablement un point d’amélioration pour la suite à mettre en avant, d’autant que la production plus claire que jamais met bien en évidence la voix de Jérôme lorsqu’il chante et qu’elle ne peut servir à masquer cette faiblesse.
Ne vous retenez surtout pas pour autant d’aller jeter une oreille à ce groupe et à cet album qui le méritent vraiment, Afterworld est en ce qui me concerne un vrai petit coup de cœur qui comptera quand il s’agira de faire le bilan de l’année!
Tracklist :
01 – No Aftermath
02 – Billions of Suns
03 – Identity
04 – Angst
05 – Fall of an Empire
06 – Black Rain
07 – Generational Rot
08 – The Hive
09 – Machine Kult
10 – Afterworld