Primordial – The Gathering Wilderness

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Style: dark/celtic/folk/pagan metalAnnee de sortie: 2005Label: Metal Blade

De nos jours, il y a tellement de groupes qui sonnent faux : batteries trigées à l’extrême, multiples effets de supermarché sur les grattes, voix trafiquées pour paraître plus ivole, synthé en carton, samples cheap au possible et tout autre artifice de pacotille. Il est temps de revenir au vrai, au pur, au naturel, au bio. Il est temps de revenir à la musique des bois, celle composé à même le sol, sentant bon le terreau frais avec un son sans édulcorants et pesticides. C’est ce que les Irlandais de Primordial nous proposent depuis 1987 ( !!!!), ou plutôt depuis leur premier album Imrama en 1995.

Primordial, c’est un peu une tranche d’Irlande dans vos enceintes. La vraie, pas celle qu’on vous vend dans les brochures de voyage avec ses collines verdoyantes, ses bières délicieusement amères, ses binious et ses folkeries dansantes. Non, Primordial c’est bien plus que ça, c’est toute la souffrance qu’a connue le peuple irlandais durant de nombreuses années qui est cristallisée ici. Tel « The Coffin Ships » qui traite de la famine qui a ravagé le pays entre 1845 et 1849 et où l’émotion est palpable sur chaque note. Quand au côté celtique, folk ou pagan de Primordial, ce n’est pas une tripotée de bombarde festive. Ici, à part le violon sur « The Gathering Wilderness », il n’y a pas d’autres instruments que le traditionnel guitare basse batterie. Mais il y a dans cette musique, dans ces mélodies, dans ces guitares, qu’elles soient électriques ou acoustiques, dans ces rythmes de batterie et surtout dans cette voix, quelque chose qui sonne plus Irlandais que toutes les bandes de poivrots de la planète lors de la Saint Patrick.

Hier affilié au black metal le plus rupestre, ces gens là ont développé un son tout particulier qui les rend à part sur la scène metal. De black metal, il ne reste plus grand-chose ici-bas : quelques riffs, quelques bribes sonores par-ci par-là à la limite, un cri de colère de temps en temps, comme sur « Tragedy’s Birth » ou sur « The Song Of The Tomb ». Mais le chant clair éraillé de Alan « Nemtheanga » Averill nous montre qu’on est bien loin des légions sataniques de pandas déguisés en porc-épic et de leur folklore pagan qui consiste le plus souvent à mettre une rune sur une pochette ou dans leur logo et à citer tous les noms de dieux viking trouvés dans les dernières B.D. qu’ils ont lues. Si Primordial a un son et un style qui le distinguent de la masse grouillante et pestilentielle qui encombre notre cher metal, il serait par contre tout à fait opportun de les rapprocher de certains pionniers du doom-death metal tels les suédois de Katatonia ; avec qui ils partagèrent naguère un split EP. Mais c’est surtout avec deux groupes issus de la perfide Albion que l’on doit rapprocher le son de Primordial : My Dying Bride et Anathema. Pour ces derniers, la comparaison vaut surtout pour les albums The Silent Enigma et Eternity. Nemtheanga a cette voix qui ne peut qu’émouvoir l’auditeur, au même titre que Vincent Cavanagh (Anathema) et Aaron (My Dying Bride). Cet homme semble littéralement vivre tous les mots qu’il prononce. Aussi bien quand il emploie une voix rauque qu’un chant clair plein de détresse (« Cities Carved In Stone »), impossible de rester insensible !

C’est amusant comme l’album précédent, Storm Before Calm, semblait annonciateur de cet opus. Le calme de The Gathering Wilderness succède à la tempête de 2002. Le mid-tempo prévaut ici et le groupe sonne encore plus vrai que d’habitude. Comme je le laissai deviner dans le premier paragraphe, Primordial a obtenu avec cet album le son le plus brut et naturel possible. Rarement aura-t-on entendu des guitares d’une telle force, d’une telle résonance, d’une telle pureté. Rarement aura-t-on ouï une batterie aussi tribale. Et tout ça, croyez moi, ça fait du bien !

En signant sur un plus gros label (Metal Blade), nos Irlandais n’ont pas vendu leur âme au business. Bien au contraire, on retrouve toujours cette force mélodique, cette violence contenue et cet art de faire tournoyer un riff pendant longtemps sans jamais lasser l’auditeur ; bref tout ce qui fait que le son de ces gens là soit si particulier. Feu Quorthon (Bathory), du haut du Valhalla, ne peut qu’être ému que ses voisins gaéliques lui dédie un tel chef-d’œuvre.

  1. the golden spiral
  2. the gathering wilderness
  3. the song of the tomb
  4. end of all times (martyrs fire)
  5. the coffin ships
  6. tragedy’s birth
  7. cities carved in stone
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12 Commentaires

  1. xavier says:

    Excellent skeud. J’ai vraiment pris une claque immense à l’écoute de cet album. Certainement une des révélations 2005 pour moi. Y a vraiment un côté dramatique qui se dégage tout le long de ces morceaux et ça sent pas le fake, loin de là. Si seulement les groupes proclamés « émo » arrivaient à dégager autant d’émotion et de feeling que Primordial, mouhahahahaha !

  2. Julien says:

    Je n’ai pas écouté l’album dans son intégralité mais seulement 2 mp3 qui m’ont vraiment surpris, du très très bon plein d’émotions ! Vais me le procurer !

  3. Devin says:

    Fantastique album , vraiment un groupe à la discographie sans fausse note . Cependant le charme crû (The Gathering Wilderness l’est aussi mais il est moins rageur/conquérant , d’ailleurs c’est pas un reproche son côté lancinant lui va très bien) particulier de A Journey End’s reste intouchable.

  4. Devin says:

    A journey’s End pardon .. ah « Graven Idol »..

  5. Joss says:

    Excelente chro Monster (et bien marrante aussi). J’avais écouté vaguement cet album il y a quelques mois mais tout ça me donne envie de m’y remettre :-) (d’autant plus que je possède « Spirit the earth… » qui est bien bon aussi.
    Sinon si tu veut une vrai tranche d’Irlande pour mettre dans ta chaine procure toi un des nombreux disques des « Dubliners » LOL

  6. darkantisthene says:

    je trouve que le chant gâche un peu…

  7. krakoukass Krakoukass says:

    J’aime beaucoup cet album, toutefois il faut quand même adhérer à la propension qu’a le groupe à jouer sur les répétitions de riffs, parfois un peu longuettes quand même…

  8. Devin says:

    Ouais le chant c’est du 50/50 en général :D

  9. Ellestin says:

    Avec le recul, l’album laisse un sentiment bizarre. C’est proprement excellent mais en même temps un peu vide. Ca ne donne pas envie de se mettre à genoux et de bouffer la terre comme ses prédécesseurs (même « Storm Before Calm » pourtant bien moins opulent en terme de songwriting). Comme Devin, « A Journey’s End » reste mon Primordial de chevet.

  10. Monster says:

    Ben tiens, Devin et Ellestin, vous me donnez envie de ressortir « A Journey’s End » ;-)

  11. Devin says:

    Un petit coup de « The Gathering Wilderness » dans les esgourdes. Le dernier morceau est mon favori je crois..

    Vraiment une discographie fabuleuse ce groupe et une évolution légère mais perceptible. A quand la tournée :'( ?

  12. trolldenuit says:

    Une merveille, différente du reste de la discographie qui est tout aussi bonne.

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