Mogwai est de retour ! Mogwai nous revient en ce début d’année 2006 avec un album que je qualifierai de gigogne. Oui gigogne car pour le découvrir et l’apprécier il vous faudra vous adonner aux joies du jeu de la poupée russe. Oubliez tout de suite la blonde pulpeuse importée… Ca vous évitera des déboires et des bourses vides ! Non ici il s’agit de se plier au jeu stupide de la quête de la mignonnette voire de la perle qui se cache au cœur d’un assemblage plus ou moins heureux de Matriochkas, ces célèbres poupées russes. Vous saisissez le principe ?
Donc pour aimer ce nouvel album – qui se révèle être un des meilleurs de Mogwai entre parenthèse – il vous faudra vous armer d’une certaine patience et oublier les derniers albums de Mogwai certes sympathiques mais un rien ronronnants. Pour un fan de Young Team, un Rock Action ou un Happy songs for happy people pouvaient vite devenir anecdotiques et vous faire succomber aux charmes d’une armée de clones étiquetés post-rock… Bref ici la bête n’est point immonde, mais sait se faire désirer (réflexion faite la poupée russe peut posséder certains charmes…). De fait, les premières écoutes se cristallisent sur les deux derniers morceaux de l’album en dehors d’un sympathique « Autorock » d’ouverture, orchestré autour d’un piano hésitant en permanence entre épanchement larmoyant et mise sous tension insurrectionnelle faisant écho au « Glasgow Mega-Snake », ses guitares acides et puissantes déambulant non loin de la constellation du heavy. Concept peu vendeur je vous l’accorde que ce jeu de l’accroche inversée. Mais n’oublions pas le jeu de la poupée russe. Ces deux derniers morceaux voient d’une part la participation d’un duo entre Craig Armstrong au piano et le chanteur Tetsuya Fukagawa d’Envy (signé sur Rock Action label de Mogwai) sur « I Chose Horses » et d’autre part un « We’re no here » nous rappelant les plus belles heures d’un « Like herod » dudit album Young Team. Ce « We’re no here », tout comme l’ensemble de l’album, ne s’épanche pas dans d’interminables ellipses. Il vous immerge directement au cœur d’une saturation où les guitares se partage la part du lion pour vous plonger au cœur d’un sentiment cathartique des plus libérateurs. « I Chose Horses » voit un Tetsuya Fukagawa apaisé à la voix suave et lénifiante déclamant un texte de sa création dans sa langue originelle, le japonais. Ou lorsque les brumes du subconscient se drapent d’une présence éthérée. Ces deux morceaux naviguant justement entre l’éther et l’acide vont se révéler le point G d’un album jusque là sobre voire réservé à des oreilles friandes de charmes indicibles.
Pour s’immiscer au sein de ce disque, il faut se souvenir que ces créateurs sont d’origine écossaise, un pays où la réserve est d’or. Et finalement au regard de cette considération c’est le quatrième morceau « Travel Is Dangerous » qui va se révéler une nouvelle pièce maîtresse, l’une des clés de ce véritable jeu de piste musical, guitares alambiquées répondant à un chant vaporeux s’il en est. Suivront un « Team handed » et un « Friend of the night », à l’ambiance nocturne où un piano luminescent vacille entre ritournelles elliptiques en clair-obscur et plus simple expression de la sensibilité, un « Emergency Trap » au piano et aux guitares un rien inspirées du shoegazing de My Bloody Valentine font un pont d’or à la saturation de « Folk Death 95 » nouvelle réminiscence heavy de ce Mr Beast. En définitive seul « Acid Food » fait pale figure avec son beat synthétique au cœur de ce maelström sonique chancelant entre calme, indolence, tension ou déflagration.
Depuis plus de dix ans Stuart Braithwaite (guitare), Dominic Aitchison (basse), Martin Bulloch (batterie), John Cummings (guitare), Barry Burns (claviers, flûte, guitare…) naviguent dans une certaine abstraction musicale donnant à leur rock une tonalité éthérée et singulière. Ce n’est pas avec ce Mr Beast que la donne changera. Pour autant, la formule évolue, se radicalise, oublie les digressions épuisantes, minimalise les effets pour se concentrer sur l’essentiel : l’émotion. Chacun projettera ses joies et ses angoisses, ses peurs et ses heurts dans ces pièces musicales et les poupées russes n’auront jamais autant attisé le feu sacré !
- autorock
- glasgow mega-snake
- acid food
- travel is dangerous
- team handed
- friend of the night
- emergency trap
- folk death 95
- i chose horses
- we’re no here
Superbe album!!!
la structure crescendo d’autorock est vraiment poignante, superbe
mogwaï: excellent,comme pour tous les albums.
RDV le 13 avril au bataclan!
J’ai commencé voilà peu de temps à m’investir dans Mogwai, avec « young team » qui est leur premier album me semble-t-il (?) et j’aime beaucoup. Dans le genre (post-rock), j’ai un gros faible pour Godspeed You Black Emperor alors que Mogwai m’avait tjs laissé un peu de marbre, j’ai donc bien fait de retenter l’experience.
Avant Young Team , était paru Ten rapid (collected recordings 1996- 1997) regroupant les enregistrements de leur début.