Un peu moins de deux ans après le très bon Redeemer, Norma Jean est de retour avec son quatrième album studio et, comme on ne change pas une équipe qui gagne (hormis l’arrivée du petit nouveau Chris Raines, à la batterie), c’est à nouveau Ross Robinson qui s’est chargé de mettre tout ça en boîte.
Comme à son habitude, le quintet nous propose un artwork très soigné et intrigant dont il a confié la réalisation à Steve Hash (qui a d’ailleurs tourné avec le groupe en tant que percussionniste durant le Radio Rebellion Tour 2006) et qui représente un cœur attaqué par une horde de frelons, pour un album s’articulant autour d’un personnage aux apparences trompeuses.
Pour ce qui est de la musique, cette nouvelle livraison est la suite logique de Redeemer, tout en délaissant un poil le côté technique (quoi que…) au détriment de mélodies plus recherchées et travaillées. Pas besoin de tourner quatre heures autour du pot : il s’agit effectivement là de l’album le plus mélodique du combo à ce jour.
Ce qui est étonnant, c’est que cet album est aussi celui qui nécessitera le plus d’écoutes afin que l’auditeur en capte toutes les subtilités. Les ambiances glauques et pesantes de Bless the martyr, kiss the child ou encore la sensation d’urgence qui se dégageait de O god the aftermath se font certes plus rares, mais sont toujours omniprésentes tout au long de cette nouvelle galette.
Cory Brandan prouve qu’il a encore gagné en assurance et hurle, chante tout ce qu’il peut, et vient même prêter main forte à ses deux acolytes à la six cordes sur certains titres. Le binôme Chris Day / Scottie Henry fonctionne à merveille et propose un jeu de guitare qui a encore progressé, surtout lors des passages plus aériens et mélodiques qui parsèment le disque ça et là. Les deux guitaristes continuent à naviguer entre lourdeur et virulence, tout en proposant toujours ce feeling rock n’roll un brin cradingue que l’on retrouvait déjà sur Redeemer.
Le travail effectué par le groupe sur chaque composition est franchement très intéressant et rend ce disque captivant du premier au dernier morceau. Difficile en effet de faire un choix parmi les dix titres présents sur cette nouvelle galette, car en ce qui me concerne, il n’y a clairement rien à jeter.
Nos cinq lascars ont même fait appel à Cove Veber (Soasin) et à Chino Moreno (Deftones, Team Sleep) pour venir pousser la chansonnette sur Surrender your sons…, ainsi qu’à Page Hamilton (Helmet), qui vient lui aussi faire une apparition sur le titre Opposite of left and wrong. En participant à l’écriture de ces deux titres, les invités ont parfaitement réussi à s’immiscer dans l’univers musical de Norma Jean et à le nuancer en y apportant leurs idées et leur expérience, pour un résultat des plus convaincant.
S’il peut paraître un poil linéaire et mollasson aux premiers abords, cet album ne tarde pas à vite dévoiler son potentiel au fil des écoutes. La hargne et la fougue des deux premiers albums est à présent maîtrisée et permet au groupe de renforcer l’impact de sa force de frappe lorsqu’il décide de balancer un passage hyper lourd (surtout à trois guitares…), ou de partir sur des accélérations épileptiques. Comme je l’ai déjà dit plus haut, la voix de Cory apporte aussi beaucoup aux compositions, car si le bonhomme conserve toute sa puissance et sa virulence d’antan, il apparaît nettement plus sûr de lui durant les nombreuses brèches mélodiques qui tapissent ces dix nouveaux morceaux.
Ceux qui ont apprécié Redeemer ne risquent certainement pas d’être déçus par cette nouvelle livraison et peuvent sans problème se jeter dessus. Elle est loin l’époque du magistral Bless the martyr, kiss the child, mais même si le groupe a décidé de faire évoluer sa musique vers des horizons plus mélodiques, il conserve toujours certaines attaches avec ses débuts discographiques, sans jamais les renier.
Sans trop chambouler ses habitudes non plus, la formation d’Atlanta signe là un très bon disque, varié, plus accessible, et qui risque certainement de faire de nouveaux adeptes. Une fois de plus, Norma Jean confirme sa capacité à sortir des albums à la qualité constante, tout en continuant constamment à faire évoluer sa musique, sans jamais opter pour la solution de facilité. Un très bon album qui, même s’il ne réinvente pas la roue, vous fera passer un très bon moment, même après de nombreuses écoutes.
- vipers, snakes, and actors
- self employed chemist
- birth of the anti mother
- robots 3 humans 0
- death of the anti mother
- surrender your sons…
- murphy was an optimist
- opposite of left and wrong
- … discipline your daughters
- and there will be a swarm of hornets
une pincée de Deftones pour le côté aérien et mélodique, Botch pour la complexité technique, Converge pour les envolées hystériques, Neurosis pour le côté étouffant et deséspérant, aurait-je entendu quelque part ! des références pas trop dégueulasses en somme ! je vais envisager une écoute approfondie.