Fury Fest 2004 – 25/26/27 juillet 2004 – Le Mans

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Voici notre report du Fury Fest 2004 : 3 jours de concerts pour un festival mythique comme la France n’en avait jamais connu, réunissant les scènes punk, hardcore et métal.

Organisé par une bande de passionnés, le Fury Fest est une incontestable réussite en terme de fréquentation, l’affiche monstrueuse ayant permis la vente de toutes les places, pour une moyenne de 25.000 visiteurs.

On y reviendra dans cette review mais il faut d’ores et déjà souligner que malheureusement cette réussite n’est pas totale. En effet, en dépit d’un succès populaire incontestable et de l’affiche impressionnante qui a tenu toutes ses promesses, la rentabilité n’est pas au rendez-vous. Déficitaire, le Fury Fest 2004 laisse malheureusement planer une réelle incertitude quant à la pérennité d’une telle manifestation. En clair rien ne permet aujourd’hui d’affirmer qu’une édition 2005 du festival aura lieu, même si on ne peut que l’appeler de nos vœux.

L’évènement était organisé par Man In Fest, une association composée de bénévoles et d’un seul salarié, son directeur Ben, qui a eu le courage incroyable d’organiser un tel évènement via une structure uniquement associative et (malheureusement) sans aide ni soutien des institutions, peu enclines à s’impliquer dans des manifestations de musiques extrêmes.

Partis à 4 (vos serviteurs jonben, krakoukass et cava d’Eklektik, ainsi qu’un camarade metalleux, opome) de Paris en fin de matinée, notre équipée a du consacrer quelques heures le vendredi à l’installation sur le terrain : le temps d’accéder au site (petit problème d’organisation), de monter la tente, et d’aller chercher les pass, nous n’étions pas rentrés avant 18h dans l’enceinte du festival, ce qui nous a malheureusement privé du plaisir d’assister à quelques (certainement) sympathiques prestations (Gronibard entre autres…).

Le festival comportait 2 scènes, le Velvet Stage et le Main Stage, une zone merchandising assez importante pour la promotion des groupes, des labels et distributeurs (Underclass, Overcome, Elitist…) avec vente de cds et tee-shirts, une mini-convention de tatouage, une rampe de skate et bien sûr des stands de bouffe et même de bière malgré les craintes de certains ;)!

Niveau concerts, on a assisté à de sacrées prestations appuyées par un son oscillant entre le moyen et l’excellent. On ne pouvait imaginer une affiche aussi prestigieuse : Soulfly, Fear Factory, Dillinger Escape Plan, Slipknot, Killswitch Engage, Hatebreed, The Haunted et tant d’autres… L’affiche présentait clairement le meilleur des musiques saturées actuelles.

Un point intéressant à noter est que la cohabitation entre métalleux, coreux et keupons s’est très bien passée, ce qui montre que l’on peut réussir à s’affranchir de ces satanées barrières musicales et qu’on peut être écclectique en 2004 !

Vendredi 25 juin

    On commence par faire un tour sur le Velvet Stage pour Curl Up and Die, qui ne nous laissera pas un souvenir impérissable, leur style hardcore new school ne variant quasiment pas d’un morceau à l’autre, le chanteur poussant continuellement un cri monotone incompréhensible.

    Alors que l’on arrive un peu tard pour assister à la prestation apparemment assez réussie de Ignite, au moment de la très réussie reprise par le groupe du « Sunday Bloody Sunday » de U2, il nous reste peu de temps pour constater que le chanteur de ce groupe de rock est apparemment d’un excellent niveau.

    Le festival commencera véritablement (pour nous) avec The Haunted pour un set assez sympa sur la grande scène. Le son approximatif au départ ira en s’améliorant ainsi que la motivation et l’énergie du groupe comme sur les très bons « Hollow Ground » et « Hate Song ». Malgré un Peter Dolving (quel bonheur de voir ce grand Monsieur de retour dans ce putain de groupe quand même) en demie-teinte, la grosse claque du set viendra de ce « 99 », figurant sur le nouvel album des suédois, et préfigurant un opus de haute tenue, en tout cas taillé pour le live. Autant l’écoute en mp3 de ce titre avait pu laisser dubitatif, autant en live, quelle claque!

    On revient sur la grande scène après avoir mangé pour Hatebreed. Assez simpliste et peu impressionnante sur cd leur musique ultra puissante a un effet phénoménal en live. Bénéficiant d’un son impeccable et puissant les américains délivrent là un set qui mettra tout le monde d’accord : un pur show à l’américaine, complètement « in your face » avec attitude « tough guy » en prime. Ce sera le premier concert qui verra le Main Stage intégralement blindé par une foule bien compacte et un pit pour le moins furieux. Le set de Hatebreed s’achève sur un « I Will Be Heard » incendiaire repris par une foule acquise quasiment à 100% aux américains.

    Nous restons pour attendre Testament et assister à l’un des plus mauvais concerts du Fury. Leur son se révèlera vraiment pourri, avec une basse beaucoup trop forte et des guitares très brouillonnes. Malgré quelques solos sympas leur musique un peu vieillote limite kitsch ajoutée à ce son pourri ne nous encouragera pas à nous attarder.

    Stars et têtes d’affiche de la soirée, les Soulfly débarquent sur la grande scène devant un public très nombreux (salle quasi-comble) tout acquis à la cause du sieur Cavalera. Malgré la chaleur ambiante, le show commence bien par un « Prophecy » bien interprété, et se poursuit alors que le groupe enchaîne les tubes et fait même un passage par la case Sepultura en interprétant « Roots Bloody Roots » et « Refuse/Resist » qui remportent d’ailleurs l’essentiel des suffrages auprès des spectateurs. Mention déjà beaucoup plus dispensable lorsque Max fait venir son fils sur scène pour interpréter un sympathique « Bleed ». C’est alors que les titres plus longs du dernier album s’enchaînent et les breaks instrumentaux permettent au guitariste de dévoiler de réels talents d’interprétation en dépit d’une apparence que beaucoup jugeront ridicule (sac à dos sur torse nu…).
    Un peu crevés par les attentes de la journée et le voyage, et dépités par ces passages instrumentaux un peu trop présents nous déclarons forfait et rentrons à la tente pour passer (pour certains d’entre nous en tout cas) une des nuits les plus pourries de notre existence (on y reviendra).

    Samedi 26 juin

    Le Samedi fut incontestablement le meilleur jour, on pouvait même lui reprocher de concentrer un peu trop les groupes les plus attendus des 3 jours.

    Nous nous levons assez tôt pour voir Doggystyle, qui malheureusement ont commencé alors que les portes n’étaient pas encore ouvertes. Le set du jeune groupe français est très carré avec un bon son, leur hardcore est certes assez basique et peu original mais tout de même efficace. On reprochera juste à la voix du chanteur d’être un poil trop monocorde et de manquer de puissance, mais l’enthousiasme et l’énergie font que le groupe remporte un bon succès.

    Le groupe de techno-death français Korum débarque ensuite sur scène. Très techniques, les musiciens sont assez statiques, restant concentrés sur un jeu tout en précision.
    Le chanteur, Olivier, se démènent sur scène, oscillant entre cris hardcore et growls tandis que Kriss (bassiste et leader du groupe dont une interview sera bientôt en ligne) assure les vocaux death ultra guturaux (et accessoirement tente de réhabiliter le rose dans le métal en sortant une basse sans tête mais rose bonbon très « ivoooool »). Le groupe livre une excellente prestation enchaînant les titres extraits de leurs 2 albums « Son Of The Breed » et « No Dominion ». Un groupe extrêmement prometteur auquel on ne reprochera qu’un côté un peu timide sur scène et un léger manque de charisme.

    On assiste à la fin du show de Caliban, qui semblent avoir délivré un set efficace à défaut d’originalité et de génie. Les allemands ont un bon gros son et se démène sur scène, alors que le public assez nombreux se déchaine. Assez brute, leur musique est parsemée de quelques voix mélodiques bien chantées par le gratteux.

    Entre alors en scène Dying Fetus.

    Cava76 : En allant voir Dying Fetus et sur la base du seul concert speed que j’ai pu voir la veille à savoir celui de Testament, je m’attendais à une sorte de bouillie sonore ou à peu de choses près on entendrait que la grosse caisse et bien finalement non. La seule chose qui était en bouillie à la fin du concert c’était ce qu’il me reste de cerveau tant la puissance et la violence de ce groupe étaient énormes.

    Tout était mixé à la perfection et le son des grattes était impressionnant sur les parties les plus lourdes du groupe, quel bonheur !
    Vocalement le duo le faisait aussi (chanteur et guitariste chanteur) même si je ne vois pas trop l’intérêt d’avoir 2 hurleurs dans le même registre surtout que le chanteur principal avait une sacrée voix et en imposait avec sa tête de killer mais bon je chipote parce que les 45 min du show ont vite filé.

    Jonben : Je reste seul pour Funeral For A Friend, lâché par mes acolytes peu enclins à écouter de l’émo et surtout plus attirés par la perspective d’une bonne sieste. L’attente fut valable, après leur bonne prestation à l’Elysée Montmartre en février, je m’attendais à du bon et je n’ai pas été déçu. Malgré une guitare lead un peu faible, le son était bon. Le chanteur a assuré sans faille comme d’habitude. Les morceaux fusent, tous accrochent le public assez réduit au début mais qui ira en s’étoffant dans la grande salle malgré le style assez calme du groupe par rapport au reste du festival.
    Pour autant, FFAF se déchainent et ont joué leurs titres les plus heavy, dont un très réussi « The Art of American Football », leur titre le plus agressif provenant du premier EP.

    Après un peu d’attente pendant lequel je discute avec le gratteux barbu de FFAF, je retrouve Krakoukass pour interviewer Mike D. de Killswitch Engage (cf interview sous peu) qui nous parlera du départ de Jesse et de la scène metalcore, et nous informera qu’ils ne joueront qu’à 4 le soir-même.

    On attend alors tous ensemble les Dillinger Escape Plan, impatients de découvrir ce que donne le groupe en live et c’est en fait une grosse surprise. Après avoir entendu à plusieurs reprises qu’ils étaient brouillons en live et que le nouveau chanteur n’assurait pas, on ne manquera pas de constater ici le contraire. Le son clair, permet de bien distinguer les instruments même dans les passages les plus chaotiques, les guitares fusant dans tous les sens, et le batteur réellement monstrueux (une bonne grosse claque ce batteur) enchainant les changements de tempos en toute cohésion.
    Le body buildé chanteur gomme rapidement toutes nos appréhension dès le premier morceau, puissant, doté d’une tessiture très large, il a très bien assuré toutes les voix, imitant très bien Patton sur les morceaux de l’EP. Ces envolées dans le suraigu étaient même littéralement stupéfiantes! Le nouvel album s’annonce être une vraie tuerie à l’écoute des quelques nouveaux titres joués, toujours aussi complexes mais « un peu » moins chaotiques, à la manière de « Baby’s Coffin » qui dévoile des aspects plus mélodiques du groupe.

    Jonben : J’étais collé à la barrière pour attendre Killswitch Engage qui arriveront à 4, un des 2 gratteux, Joel, étant garçon d’honneur à un mariage.
    Fait assez remarquable par rapport à la majorité des autres (« gros ») groupes, ils ont fait eux même la balance avant le concert, le déjanté Adam trippant avec sa guitare pendant que la batterie se réglait. Le concert commence rapidement dès l’arrivée d’Howard Jones sur scène. Mis à part le fait que KsE est un de mes(nos) groupes préférés, ils m’ont vraiment époustouflés, le son était nickel, Adam assurant sans problème les parties de grattes avec un gros son, seules les guitares doublées ont pâti de l’absence de Joel. Très présents, ils ont vraiment pris possession de la scène!

    Délivrant peut-être le meilleur show du Fury Fest à ce moment là, le groupe révèle un Howard au chant qui remplace parfaitement Jesse, et assure quasiment aussi bien que sur disque, dans des registres tant quasi black/death que mélodiques.

    Suffocation prend alors possession de la scène qui ravira apparemment les amateurs de gros death brutal. Bénéficiant sans doute du meilleur son de tout le festival, le groupe annihile toute velléité contestataire et s’asseoit directement sur le trône death du fury.

    Pas le temps de se remettre que débarquent Chimaira qui livrent certainement l’une des meilleures prestations du week-end.

    Cava76 : S’il y a bien un concert que j’attendais c’était celui de Chimaira (NDLR : prononcez « Kaïméra »). Pourtant je n’accroche pas trop à leur dernier album en date, alors qu’il a tout pour me plaire sur le papier. Peut-être la faute à un son un peu trop lisse, Quoiqu’il en soit j’avais le pressentiment que ça allait être énorme… Et bien je ne me suis pas trompé, tout y était : présence scènique, son, communication avec le publique, charisme, etc, etc…

    Extraits majoritairement de « The Impossility of Reason » (dernier album en date), les morceaux ont pris une dimension nouvelle et le public ne s’y est pas trompé devenant carrément hystérique : pogos, slams et circle pit (très violent). Mais le summum restera quand même le moment où le chanteur (qui se fait appeler Moïse par la presse) a demandé à l’assistance de se séparer en 2 parties (gauche et droite, coupées au milieu de la salle en longueur) et à son signal de se rentrer dedans : c’est bien simple la salle entière s’est alors transformée en pit : vraiment très impressionnant et très éprouvant physiquement ( j’étais naze pour Fear Factory).

    Malgré tout l’intérêt que certains d’entre nous portent à la musique de Meshuggah sur CD, il nous faut admettre que l’on profitera du show des suédois pour se ressourcer quelque peu juste à l’extérieur de la salle. Apparemment assez décevant, le set a en effet paru assez mou et anesthésiant.

    C’est pourtant Fear Factory qui débarque après une courte attente pour clore cette fantastique journée. Usant d’un bon jeu de lumières bleutées, le groupe n’est qu’à moitié visible du public et axe son set sur de nombreux titres de « Demanufacture », quelques-uns de « Obsolete », et d’autres du dernier album en date des californiens « Archetype ». Burton C. Bell dont la prestation fut pour une fois à la hauteur, se permettra même de dédier l’excellent « Martyr » (sur « Soul of a New Machine ») à la gente féminine de l’assemblée. Le chanteur assurera donc particulièrement bien ce soir-là ses parties mélodiques qui sont pourtant de haut niveau sur disque. Seul bémol du set, un son trop fort et une batterie un peu trop en avant, qui auront finalement raison de nous (la fatigue accumulée en +) et nous contraindront à rentrer au camp en espérant pouvoir bénéficier d’une nuit plus reposante que la précédente.

    Dimanche 27 juin

    Le dimanche sera une journée qui restera marquée dans les annales du Fury 2004 mais malheureusement pour des raisons peu réjouissantes. Dès le début de la journée on constate que les groupes sont en retard et que les « petits » groupes démarrant la journée sont contraints d’amputer leur set de plusieurs minutes pour rattraper un retard que l’on apprendra imputable à Slipknot. Les neuf masqués ayant abusé du temps qui leur était imparti pour faire les balances, se comportant comme des rock stars égoïstes et capricieuses, le programme se trouvera considérablement bouleversé, entraînant des réductions de show et surtout un décalage entre les 2 scènes (décalage, pour être honnête également à mettre au crédit de l’annulation des shows de Deicide et Ackercoke prévus ce jour).. Initialement prévu pour permettre d’enchaîner parfaitement les groupes d’une scène à l’autre, le système devait permettre de ne rien louper pour qui souhaitait tout voir.

    Le premier groupe que nous pourrons finalement voir sur la Grande Scène sera Tantrum, décalage oblige, alors que l’on s’attendait à arriver pour Scarve. Tantrum délivrera un set assez intéressant. Leur hardcore torturé et chaotique est assez sympa mais mériterait vraiment plus de variété au niveau vocal. Malgré le temps compté, le groupe choisit d’interpréter des morceaux qui prennent le temps d’installer les ambiances, et malheureusement lorsque l’on commence à se mettre dans le bain, le groupe doit laisser la place.

    Krakou : Entrent alors sur scène, Scarve, mes chouchous absolus, que je n’aurais manqués pour rien au monde. Quasiment collé à la barrière, je profite du calme avant la tempête pour voler quelques clichés du groupe pendant l’installation et les balances, à l’insu de ces enfoirés de la sécurité qui auront bien fait chier le monde durant ces 3 jours (j’en profite pour leur adresser un gros Fuck bien gras).
    Le show démarre à 100 à l’heure comme toujours avec Scarve et comme d’habitude aussi, Guillaume et Pierrick, les 2 chanteurs, font montre d’une énergie et d’une furie impressionnante. La musique de Scarve prend vie, renforcée par les assauts de Dirk à la batterie, et les parties de guitare toujours parfaitement interprétées par Sylvain.
    La foule est bien présente même si bizarrement le pit qui se forme juste dans mon dos (étant collé à la barrière quasiment) surprend par sa petitesse, mais se rattrape par sa férocité.
    En dépit d’un son moyen, les lorrains assurent un show fantastique faisant la part belle aux compos d' »Irradiant » leur sublime dernier opus en date. « Irradiant », « Asphyxiate » (sans le gratteux de Meshuggah pourtant à l’affiche de la veille) et surtout « Fire Proven » nous atomisent durant un set d’à peine plus d’une demi-heure mais d’une intensité fantastique… Un grand moment…

    Cava : Dew Scented débarque dans la grande salle en début d’après-midi, grande salle bien garnie (genre 3 ou 4000 personnes). Rien à dire c’était du viril même si physiquement parlant les 2 gratteux étaient assez ridicules par rapport à ceux de Carnal Forge par exemple (genre 40 kgs habillés pour les premiers contre 100 kgs à poil pour les seconds).
    Le set proposé est carré et puissant, les morceaux de « Impact » sont tout simplement monstrueux sur scène et ça se ressent car le public est vraiment déchaîné : slams, pogos, et « circle pit » à la demande du chanteur (très à la mode cette année). Vocalement ce dernier restranscrit bien la haine dégagée sur cd malgré un jeu de scène assez sommaire (comprenez il ne bougeait pratiquement pas). Vraiment un excellent moment comme avec tous les groupes de thrash et de death à l’affiche du festival (excepté avec Testament la faute à un son pourri).

    Cava : Carnal Forge était programmé sur la petite scène (capacité environs 2000 personnes), ce qui n’empêche pas le groupe d’être d’excellente humeur surtout le chanteur d’ailleurs. Entre les morceaux celui-ci se laissait aller à quelques pitreries genre sauter à la corde avec le fil de son micro et si un constat s’impose c’est bien que le type de près de 100 kgs n’est pas agile. Par contre pour ce qui est d’envoyer la purée et d’haranguer la foule là pas de problèmes, le public réagissant au quart de tour quand celui-ci lui demande de faire du bruit.

    Le groupe joue 45 min et propose un set carré et puissant axé essentiellement sur les 2 derniers albums « The more you suffer » et « Aren’t you dead yet » et je peux d’ores et déjà vous dire que les morceaux du dernier album passent sans problème l’épreuve de la scène (c’est le moins que l’on puisse dire).

    Le groupe était vraiment heureux de jouer et la réaction du public, excellente faisait plaisir à voir (réaction excellente d’ailleurs constante avec tous les groupes mis à part Slipknot).
    A la fin du concert le groupe vient d’ailleurs serrer la main à des fans, ce que peu de groupes ont fait, respect !

    Grosse déception d’avoir loupé Burst et Textures à cause de la conférence de presse, des interviews et de l’impossibilité de savoir précisément les heures de passage des groupes compte tenu des perturbations évoquées.

    Cava : S’il y avait bien un groupe mythique avec Testament sur le festival c’était bien Morbid Angel et le public était présent en masse pour les attendre ou étaient-ce ceux qui voulaient avoir de bonnes places pour Slipknot dont la prestation cloturant le festival suivait ? Quoiqu’il en soit je ne voulais absolument pas les rater tant ceux-ci ont bercé ma jeunesse mais ça commençait mal la faute à Pete Sandoval (batteur) qui a prit un temps fou à faire son soundcheck occasionnant par la même occasion un retard de + ou – 20 min. Lorsqu’on a mal aux pieds après 3 jours de festival et bien 20 min c’est long vous pouvez me croire. Mais je ne lui en veux pas trop car il s’est bien rattrapé en me lançant une de ses baguettes à la fin du concert (hé hé).

    Pour ce qui est du concert malgré un son moyen, l’éclate dans le pit est totale (assez violent d’ailleurs). Niveau tracklist les américains piochent dans tous leur albums et quel bonheur d’entendre « God of emptiness » et « where the slime live ». D’une manière générale les morceaux les plus lourds rendaient le mieux, les plus rapides étant un peu brouillons.

    Seul regret pour ne pas dire scandale, ils ont osé ne pas jouer « Chapel of gouls » mais avec du recul c’est peut être mieux ainsi, car il aurait pu y avoir des morts.

    L’affaire Slipknot :

    Rappel des faits : Toute la journée du dimanche, des rumeurs et des vérités (musiciens s’isolant façon rock stars, staff de Slipknot irrespectueux des organisateurs du Fury…) on couru sur Slipknot arrivés au Mans dans la nuit. Ajoutés à tout cela, le fait que le staff de Slipknot ait largement dépassé le temps imparti le dimanche matin pour faire les balances et que le matos des masqués avait été laissé sur la scène dès le matin (alors qu’ils ne jouaient que le soir en fin de fest), privant les groupes devant jouer en fin de matinée/début d’après-midi de la possibilité de jouer leur set complet dans de bonnes conditions, inutile de dire que l’ensemble des groupes et du public était remonté contre le groupe des 9 masqués. La majorité des premiers groupes prévus en début de journée le dimanche n’ont d’ailleurs pas manqué de « remercier », Slipknot pour les conditions détériorées dont ils ont du se satisfaire…
    L’ambiance était donc + que chaude lorsque les 9 rigolos débarquent sur la grande scène vers minuit le dimanche.
    Une bonne moitié du public accueille le groupe sous les sifflets, majeur tendu, et scandant « Slipknot, enculés ».
    Dès le début du set les bouteilles (en plastique pour la plupart même s’il semble que quelques bouteilles de verre aient également volé) à moitié remplies d’eau dans le meilleur des cas, et de pisse dans le pire des cas, volent du public vers le groupe. Des objets divers auraient même volé dont un lapin mort!

    Slipknot entame quand même le show en fanfare avec « Sic » extrait du 1er album, mais au bout de quelques morceaux, toujours hués, et pris pour cible (y en avait des bouteilles ce soir-là!), les clowns comprennent bien que les choses ne se passent pas comme ils l’espéraient. Sans céder à la provocation, Corey Taylor déclare alors « I don’t care if you like us or not (désignant surtout le milieu et le fond de la salle) but we’re gonna play for « mes amis » (en français dans le texte) in the front »…

    Et le groupe d’entonner un « heretic song » furieux. Au bout de 30 minutes environ, le groupe doit se résoudre à quitter la salle toujours sous les sifflets. La salle plongée dans le noir, on croit alors que c’est terminé, mais le groupe revient 2 minutes plus tard espérant peut-être que les fauteurs de trouble auraient quitté les lieux. Mais il n’en est rien et la mascarade reprend de plus belle et les colibets à l’intention du groupe fusent plus que jamais. Après 2 nouveaux morceaux (dont un « People = Shit » où le refrain fait l’objet d’une subtile modification par Taylor, passant de « People = Shit » à « You’re so full of shit » ou « People throw me shit »), Slipknot doit se résoudre à abandonner et à rendre les armes. Le bassiste reste alors sur la scène quelques minutes haranguant le public et attendant de façon totalement provocatrice (puisque la sécurité n’aurait jamais laissé passer qui que ce soit) d’éventuels courageux qui auraient souhaité le défier en face à face.

    La foule quitte alors les lieux, et les anti-Slipknot victorieux s’en vont en criant « on a gagné! on a gagné! ». Qu’ont-ils réellement gagné ce soir, on ne le sait pas encore…

    Avis des Eklektik(eurs):

    Jonben : Je ne suis pas un grand fan ni de la musique, ni de l’image de Slipknot mais je n’ai pas apprécié ce qui s’est passé au Fury Fest.
    La moitié du public (débiles intolérents et irrespectueux) gueulant ‘Slipknot enculés’, faisant des bras d’honneur et jetant des objets sur les musiciens(Chanteur et guitariste se sont pris des bouteilles pleines pendant qu’ils jouaient), ont empêché Slipknot de jouer correctement et les ont obligé à écourter leur set.
    Si ils n’aimaient pas, ils n’avaient pas à venir voir le concert, putain!

    Le décalage des sets des autres groupes de la journée dû aux balances de Slipknot le matin ne justifient rien! C’est aussi parce que Deicide et Ackercoke ont annulé qu’il y a eu ces décalages.

    En plus, j’ai trouvé objectivement leur set bon, ils avaient un bon son et ont été très professionnels malgré l’ambiance.
    Corey, en plus d’assurer vocalement a su rester intélligent et n’a pas répondu aux provocations omniprésentes.

    Personnellement j’ai eu honte du public, les français sont vraiment des glands parfois. Jamais on aura une scène forte et unie en agissant comme ça et le hardcore et le métal resteront des musiques marginales considérées comme anormales. Je pense que le gros fuck lancé par le public à Slipknot (donc à l’organisation qui a choisi de les faire jouer) va foutre encore plus le bordel et dégrader l’image déjà peu reluisante qu’ont les fans de musique extrême. J’espère tout du moins que l’affaire ne s’ébruitera pas à que certains groupes ne refuseront pas dorénavant de jouer en France, on a déjà assez peu de concerts de groupes internationaux.

    Krakou : Je dois reconnaître que pendant le show de Slipknot, je trouvais au départ que c’était plutôt rigolo, ces jets de bouteille et autres doigts tendus. J’avais l’impression d’assister à quelque chose d’énorme et il est clair qu’il y avait dans l’air une tension réellement palpable… Malheureusement les choses ont dégénéré, et sans que cela tourne à la baston générale entre pro et anti, il faut reconnaître que les anti sont allés un peu trop loin. Il aurait suffi de montrer la désapprobation (légitime) à l’égard du comportement du groupe, pendant quelques morceaux, mais là ça virait quasiment au pugilat.

    Lorsque le guitariste a été touché au bras par une bouteille à moitié pleine (d’eau ?), j’ai trouvé que ça allait vraiment trop loin.

    C’était la guerre dans la salle entre le groupe et les « anti » qui étaient réellement très nombreux…
    Qu’on les punisse pour leur comportement c’est une chose (même si rien ne justifiait d’aller aussi loin à mon sens) mais le problème c’est que nombre de crétins anti Slipknot avaient planifié de longue date de casser le groupe pour des raisons de « true attitude » à 2 balles. Encore considéré comme un sale groupe de néo et donc pas un « true » groupe de métal (alors que pourtant c’est bien ce qu’est ce groupe, il suffit de voir un show pour comprendre si l’on n’est pas convaincu par les albums) par nombre de gros metalleux beaufs de base (qui nuisent au genre croyant le défendre d’une si stupide façon), le groupe s’est injustement fait lynché par pas mal d’hypocrites qui en réalité, appréciaient la musique du groupe (majeur tendu ou pas, bouger en rythme témoigne d’une certaine sympathie à l’égard de la musique, je pense) mais ne le reconnaîtront évidemment jamais.

    Comme l’a dit Jonben, je tiens à souligner la qualité du (court) set de Slipknot, qui ont bénéficié d’un excellent son (forcément oui), la prestation du chanteur et des musicos qui ont quand même vraiment assuré malgré des conditions très difficiles. Ils ont fait preuve d’un réel courage, car payés ou pas pour la prestation, ils auraient pu arrêter au bout de 5 minutes en mettant cela sur le dos des gros cons balanceurs de bouteilles.

    Le plus problématique dans tout ça, (au delà de l’outrage fait au groupe dont ils se remettront, je ne me fais pas de soucis) est qu’en levant le doigt au groupe, je me demande jusqu’à quel point ces énergumènes ne tendaient pas le doigt aux organisateurs de Fury.

    Quand comprendra-t-on que la thune est le nerf de la guerre (même si ça nous fait tous chier) et qu’un festival de cette ampleur ne peut fonctionner que si de gros groupes (limite machines à thunes) participent et font rentrer de l’argent. Certes leur participation n’était pas gratuite, mais leur rôle dans le fait que le Fest soit sold-out n’est sûrement pas négligeable. Malgré une non-rentabilité (dûe à des coûts non prévus et pas à Slipknot, je le dis tout de suite : cf conférence de presse de Ben) économique, il est clair que l’énorme succès public en terme de fréquentation, le Fury le doit + à Slipknot, Soulfly, ou Fear Factory, qu’à Nasum ou Terror, soyons honnêtes (même si je ne remets pas en cause la qualité de ces groupes). Ca fait peut-être chier les prétendus puristes défenseurs de la « cause métal » (on n’a pas besoin de ces blaireaux merci quand même) mais c’est comme ça.

    Espérons qu’une telle attitude ne décourage pas les organisateurs de reconduire l’évènement en 2005, car incident Slipknot ou pas, ce fut un fantastique festival comme la France n’en avait jamais connu jusqu’alors…

    jonben

    Chroniqueur

    jonben

    Krakoukass et moi avons décidé de créer Eklektik en 2004 suite à mon installation à Paris, alors que disparaissait le webzine sur le forum duquel nous échangions régulièrement, ayant tous deux un parcours musical proche entre rock et metal, et un goût pour l'ouverture musicale et la découverte perpétuelle de nouveautés. Mes goûts se sont affinés au fil du temps, je suis surtout intéressé par les groupes et styles musicaux les plus actuels, des années 90s à aujourd'hui, avec une pointe de 70s. J'ai profité pendant des années des concerts parisiens et des festivals européens. J'ai joué des années de la guitare dans le groupe Abzalon. Mes styles de prédilection sont metal/hardcore, death technique, sludge/postcore, rock/metal prog, avec des incursions dans le jazz fusion et le funk surtout, depuis une île paumée de Thaïlande. 

    jonben a écrit 533 articles sur Eklektik.

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