Quand j’ai acheté ce disque, le vendeur du magasin avait mis un sticker sur la couverture annonçant tout simplement : « Style Neurosis« . Honnête et un peu trop rapide à mon goût, Mouth of the Architect est tout de même un groupe qui a poussé a proximité du même territoire que des Isis et Neurosis ont alimenté depuis le début de leur carrière. Mouth of the Architect, nouvelle branche de cet arbre aux multiples pousses, possède donc quelques attributs de ces aînés. En ce qui concerne Isis, on retrouve sur the Ties that blind les mêmes réverbérations cristallines qui donnent à Panopticon cette atmosphère aérienne. Quand à Neurosis, la ressemblance intervient dès les premières secondes puisque le jeu des deux voix est tellement semblable dans la tonalité que si Steve Von Till avait été invité sur ce disque, sa présence ne se serait pas remarquée. Par contre, c’est une toute autre voix qui fait un passage (si l’on en croit le livret, car je ne l’ai pas entendu) en la personne Brent Hinds de Mastodon. Les lignes de basse étant quand à elle joué par Brian Cook de These Arms are Snakes. La collaboration de ce deux invités de marque suffira donc d’ors et déjà a planter le tableau. Bien que Mouth of the Architect soit clairement un groupe inspiré du groupe nommé en introduction, il y a bien plus que du plagiat dans cet album.
D’un point de vue émotionel, Mouth of the Architect inspire un sentiment de mélancolie. Cette même impression qui nous envahit quand on jette un regard sur les murs gris des villes. Et puis, doucement, un rayon de soleil ou un sourire vous redonne de l’espoir. Passage lourd, passage léger, l’alternance est bien là mais elle n’est pas gratuite et amène avec elle un flot d’émotions lié aux diverses parties des chansons. Et diverses, les riffs et les lignes mélodiques le sont. En plus de l’influence de Isis et de Neurosis, une ressemblance avec Tool peut se faire sentir par moment. Et puis les guitares, aux consonances plus metal, mélangés à une basse ronronnante, fournissent une plus grande richesse ce qui justifie amplement la longueur des chansons et de l’album puisque pour six chansons on a un total d’une heure de musique. Emotionellement et musicalement variées, la progression des chansons se fait naturellement à la manière d’une phrase, rythmée par ses seules virgules et points de suspensions au lieu d’un paragraphe délimité par des phrases entourés de points. « The Ties that blind » forme un tout cohérent avec à chaque fois une passion et une attention au détail absolument admirable. Un piano fait aussi partie intégrante des mélodies et souligne les notes de guitares quand elles se font moins lourdes. D’ailleurs la lourdeur n’est pas une des qualités principale du disque et c’est plutôt un son riche et craquelé qui a été choisi pour donner plus de respiration aux autres instruments.
Car si les guitares sont importantes, la section rythmique l’est aussi et ne sert bien sur pas qu’à soutenir les mélodies mais propose un jeu tout aussi divers mais sachant rester subtil et discret. Quant aux voix, et bien elles sont souvent en retrait et n’ont une partie intégrante que dans des moments plus intenses comme sur le fantastique « At arms lenght » qui est la chanson la plus directe de tout l’album avec un riff mémorable et suintant d’émotion. Mouth of the Architect, avec the Ties that blind, progresse vers une personnalité toujours plus unique. Les influences sont encore un peu évidente mais ça ne gène pas l’écoute et seules les personnes vraiment lassées par cette scène auront du mal à trouver de quoi redire sur ce nouvel album. the Ties that blind, en sa qualité d’album mélancolique, rageur et à la fois rêveur, vous emporte et effraie parfois car l’on se sent envahi par ces émotions sans pouvoir s’en défaire tant que la musique n’est pas arrivé a sa conclusion logique. Mais c’est justement cette récompense qui enveloppe ce disque d’une aura qui pousse à persévérer et à explorer toujours plus ce qu’il à offrir. Tantôt sombre, tantôt lumineux, Mouth of the Architect voyage dans le monde des rêves et tout en étant autant aérien que gris, il s’élève au dessus des comparaisons et flotte entre les émotions. Un disque réussi pour un groupe qui pourra nous réserver encore mieux, sans l’ombre d’un doute.
- baobab
- no one wished to settle here
- carry on
- harboring an apparition
- at arms length
- wake me when it’s over
Trés trés bon album, bonne chronique. Les enfants de Neurosis tout en restant personnel. A ne pas rater, un de mes albums 2006 !!!
Je signe.
Excellent album!
Au passage, Brian Cook de These arms… n’est ni plus ni moins qu’un ancien Botch. Ca vous pose un pedigree.
cet album est splendide! Il regorge didées intéressantes
Pas encore totalement assimilé mais ce que j’en entends, c’est du tout tout bon c’est certain. Certainement un des canons du genre (post-hxc…) de l’année !
pas pu l’écouter autrement que par petits bouts jursqu’à présent, à mon grand désarroi, mais, j’ai eu l’impression d’une évolution radicale entre ce présent album et le premier qui m’avait marqué. notamment par son son que je n’ai pas retrouvé. mais je dois réapprofondir. par contre, le morceau « sleepwalk powder » du split avec Kenoma, toujours sur le même label est un petit bijou.
sticker « style Neurosis » –> tu l’aurais pas acheté à Gibert des fois? :o)
Si, on ne peut rien te cacher.
Grosse révélation pour ma part… je croyais être lassé du « post-hardcore » et bien non, il existe encore des groupes pour proposer des choses différentes, et magnifiquement interprétées, comme ce « The ties that blind » aux mélodies avoureuses… j’aurai poussé jusqu’au 18 ^^
Wow. bien bien bien. de très très bonnes choses la dedans.
Ptet bien qu’il arrive après la bataille pour être un chef-d’oeuvre mais c’est un des meilleurs albums du style. Et « Wake me when it’s over » quel epilogue..