Norma Jean fait partie de ces groupes que j’apprécie particulièrement, et dont la sortie de chaque nouvel album est synonyme d’une attente plus qu’intenable. Les groupes évoluant dans un style similaire ne manquent pas, mais il se dégage quelque chose de plus du combo d’Atlanta qu’il est assez difficile de décrire. Chaque nouvelle livraison du groupe débute par la découverte d’un artwork toujours aussi soigné et ce troisième album ne déroge pas à la règle. Avec une cover qui aurait pu servir d’affiche pour le film « Les oiseaux » d’Hitchcock et un livret toujours aussi barré, Norma Jean nous prouve, une fois de plus, que le prolongement de sa musique passe aussi par l’image pour former un tout.
En ce qui concerne la musique du groupe, elle n’est pas en reste non plus, car c’est dans un univers particulièrement malsain, glauque – voire claustrophobique –, que nous allons plonger tout au long des 41 minutes qui composent cet album.
Dire que la musique de Norma Jean se prête à merveille à un scénario de film d’horreur serait un doux euphémisme, car l’auditeur, évolue au fil de cet album comme il s’aventurerait dans une cave poisseuse, humide, au son des cliquetis de chaînes s’entrechoquant et dont le rythme cardiaque serait cadencé par le bruit des gouttes d’eau tombant dans de nombreuses flaques gisant ça et là.
L’image peut paraître farfelue, mais c’est, à mon avis, une métaphore qui correspond assez bien à l’univers du groupe et à l’ambiance générale qui se dégage de ses compositions. Reste maintenant à découvrir ce que le Norma Jean version 2006 va donner, surtout avec le non moins connu Ross Robinson derrière les manettes.
Voyons donc ce que ce repentir (Redeemer) a dans le ventre et si nous pardonnerons le petit manque d’inspiration dont avait souffert O God the Aftermath, le précédent album du groupe.
Une fois le premier titre envoyé, on ne se sent pas trop dépaysé : les guitares si caractéristiques du groupe sont toujours présentes et aussi vicieuses, mais ce qui frappe d’entrée, c’est la prestation du chanteur, qui semble avoir trouvé ses marques dans ce chaos musical organisé, et avoir gagné en assurance. Le résultat est franchement très réussi, et on plonge directement dans l’ambiance du titre, chose qui manquait, à mon avis, sur leur dernière galette. C’est d’ailleurs la monotonie du chant sur OGTA qui m’avait quelque peu déçu et laissé perplexe, mais là on a affaire à un chanteur qui se lâche, qui suit l’évolution du morceau avec une facilité déconcertante et nous en met plein les oreilles. Il est aussi important de noter que le chant est nettement plus audible que sur OGTA et rend la compréhension beaucoup plus aisée. Quant au chant clair, je trouve qu’il se rapproche assez de celui de Geoff Rickly de Thursday par moment, et est très agréable à écouter. Bon, c’est juste histoire de vous donner une petite idée…
Les compositions sont, quant à elles, poussées dans leurs retranchements, tant lors des éclaircies mélodiques que lors des passages bien plus lourds. Ne vous méprenez pas, car nous sommes bien loin des clichés du genre et le groupe évite chaque piège sans aucun problème, et ce avec classe, je dirais même. Nous avons là affaire à des compositions qui semblent être une lutte constante entre folie et douceur, amour et haine, comme si la santé mentale du groupe en dépendait. Les morceaux se tordent dans tous les sens à grands renforts de guitares au son toujours aussi cru, strident et torturé, son qui lorgne toutefois aussi du côté du rock n’roll, voire du stoner par moments, et apporte, par la même occasion, une bonne dose de fraîcheur au tout. Ce qui est franchement agréable, c’est que le tout s’imbrique parfaitement, se suit de façon tout à fait logique, et rend l’écoute de cet album très facile. Bon, je ne dis pas qu’il s’agit là d’un album que l’on digère en deux écoutes, car la musique de Norma Jean se décode et se dévoile au fur et à mesure que l’on dompte la bête, mais il est très difficile de décrocher de ce disque, tant il est riche et non linéaire.
On ne parlera pas de révolution non plus avec ce troisième album de nos chrétiens d’Atlanta, mais il est difficile de ne pas céder devant une telle succession de titres, tous aussi bons les uns que les autres. Car si, comme moi, vous avez été quelque peu déçu par OGTA et attendiez de voir ce qui allait arriver, je ne peux que vous conseiller cet album, qui gomme une bonne partie des défauts de ce dernier, et dévoile un groupe sous son meilleur jour et remonté à bloc. La période d’adaptation du nouveau chanteur semble révolue, pour le plus grand plaisir de l’auditeur, et il s’en sort haut la main tout au long de l’album, en évoluant dans un registre beaucoup plus personnel, ce qui a pour avantage de donner nettement plus de crédibilité à l’ensemble des compositions, et d’en renforcer l’intensité.
A mon humble avis, cet album est une réussite et risque d’en réconcilier plus d’un avec le groupe. La production de Monsieur Robinson fait vraiment ressortir l’émotion, l’essence de chaque titre, et chaque instrument est parfaitement dosé au bon moment. Le son est énorme, mais reste adapté à l’univers – barré, voire schizophrénique –, qu’a su développer le groupe tout au long de ses précédentes productions, et porte même les compositions à un niveau supérieur. Il est clair que Ross Robinson a tout à fait capté la direction que Norma Jean voulait prendre, et a brillament réussi à renforcer cette sensation malsaine et crasseuse si propre au groupe, par une production très crue, rock n’roll, mais orchestrée par une main de maître.
A ranger à côté de l’excellent et magistral Bless the Martyr, Kiss the Child et à écouter sans modération donc…
Mes chers frères, mes chères sœurs, pardonnons à Norma Jean ses pêchés lointains et souhaitons-lui, ainsi qu’à chacun de ses membres, un chemin rempli de gloire et de réussite.
Amen !
- a grand scene for a color film
- blueprints for future homes
- a small spark vs. a great forest
- a temperamental widower
- the end of all thing will be televised
- songs sounds so much sadder
- the longest lasting statement
- amnesty please
- like swimming circles
- cemetery like a stage
- no passenger : no parasite
Cet album est plus varié que le précédent je trouve sinan je suis pas daccord « la musique de Norma Jean se prête à merveille à un scénario de film d’horreur » franchement je trouve cet album pas du tout malsain ou quoi uqe ce soit du genre ,ya même des passages biens lumineux
Excellente chronique ! NJ livre un excellent disque avec des idées personneles, meilleur en effet que ODTA qui se contentait de faire du hardcore chaotique efficace dans les vieilles marmites. Il est dans le podium des meilleurs albums du style sorti cette année j’en suis convaincu. Je regrette juste la production rèche et noisy du premier album :(
Sinon, je ne trouve pas la musique si sombre que tu l’affirmes dans le premier paragraphe tout de même, même si on est loin des gaietés emo ;)
Je ne connais absolument pas norma jean. Par quel album commencer ?
Ben je te conseillerai leur 1er ablum, « Bless the martyr and kiss the child » ou alors celui-là … Leur 2ème album, manque un peu d’originalité et sonne un peu brouillon (plus ou moins normal avec l’arrivée d’un nouveau chanteur) par rapport au reste …
Jolie pochette en tout cas… pour du hardcore « choatique » :) Bonne chro mais leur capacité à réitérer l’exploit du premier album me laisse dubitatif…
tout à fait d’accord avec toi Zepekegno. Je ne trouve pas l’essence du premier album. En fait quand j’écoute Redeemer je m’emmerde un peu, la sauce ne prend pas. Et ça ça m’emmerde un peu. Le son est beaucoup plus lisse que « Bless the martyr and kiss the child », il graillait beaucoup plus et c’est peut-être ça qui donnait une touche particulière. Mais je reste convaincu que ces nouvelles compos n’arrivent pas à la hauteur du 1er. Reste le chant en effet, on sent qu’il s’est fait plaisir (en tout cas plus que sur « O God the Aftermath »).
Ouai pour moi le podium : 1]Bless The Martyr 2]Redeemer 3]Ö God… Sinan moi je trouve un bon feeling punk/hardcore ,l’énergie en tout cas et moins dans le « chaotique »
vous l’avez trouvé ou redemeer (si vous l’avez bien sur) ? moi impossible de le trouver a virgin et a la fnac….
Gibert Joseph à Paris (étonnant que tu ne le trouves pas à Virgin).