Duo canadien formé en 2015 par Sean-Patrick Nolan et Shawn Tucker du côté de Toronto, Traitrs possède déjà une discographie bien riche avec trois albums – Rites And Rituals (2016), Heretic (2017) et Butcher’s Coin (2018) – ainsi que deux EPs. Quelque part entre coldwave et gothic rock à l’ancienne jusqu’alors (ça cite autant The Cure, Bauhaus que The Sisters Of Mercy), le duo connait un nouveau départ avec ce Horses In The Abattoir en se focalisant désormais davantage sur les ambiances synthétiques.
La superbe introduction « Sea Howl » est un peu trompeuse avec cette atmosphère éthérée de laquelle s’échappe la voix poignante de Tucker (qui par moments prend des airs de celle de Will Canning de Death Bells). Ce premier titre semble vouloir nous immerger dans un univers empreint de tristesse profonde et de solitude, sauf que le duo va ajouter un peu plus de dynamisme par la suite. « Mouth Poisons » suit et subjugue totalement, on retrouve là toute l’expressivité de cette voix si particulière alliée à des mélodies planantes imparables au milieu de cette rythmique post-punk plutôt enjouée.
Des rythmiques typées 80’s qui se poursuivent sur « Prostitution » et « Magdalene », deux titres très finement composés aux refrains particulièrement entêtants. Et ce sera le cas pour chacun des titres de ce nouvel album entre « Oh, Ballerina » démarrant sobrement avant de gagner en épaisseur pour mieux se transformer en hymne au désespoir via un refrain tellement prenant.
Après un interlude aux bruitages venant apparemment de vieux films d’horreur (« TV Hours »), la seconde partie de Horses In The Abattoir se montre toute aussi captivante que la première, l’ambiance synthétique se plaçant entre rêverie tristounette et dancefloor goth tout en distillant des mélodies bouleversantes restant en tête bien après la fin de l’album (mention notamment à « All Living Hearts Betrayed » ou à l’incroyable « Last Winter »).
On a là une nouvelle mouture de Traitrs particulièrement réussie, les éléments synth/goth/pop (dans une optique quasi Drab Majesty) étant désormais mis plus en avant, englobant souvent l’espace, ce qui donne clairement une nouvelle impulsion à leur son. Reprenant des sonorités qui auraient pu paraître datées, le duo les remet au goût du jour et signe un album complètement addictif et obsédant. Sûrement LA grosse surprise de cette fin 2021.
- Sea Howl
- Mouth Poisons
- Prostitution
- Magdalene
- Oh, Ballerina
- TV Hours
- All Living Hearts Betrayed
- From This Old Mirror
- Ghost And The Storm
- Last Winter
- The Way Through A Bird’s Love
Je connaissais un album antérieur, qui montrait un honnête pastiche de Cure, chant compris.