La Division Mentale – L’Extase des Fous

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Style: black metal industrielAnnee de sortie: 2007Label: Blood Fire Death

Né en 1998, La Division Mentale, projet engendré par Cypher, multi instrumentaliste, programmeur et producteur au sein de Guerilla Underground, une structure dont il est aussi à l’origine, a toujours eu pour but de mêler le monde de l’electro expérimentale et du metal extrême. Entre le premier album et celui-ci, de nombreux projets ont été menés à bien et ont permis à Cypher de se nourrir de nouvelles expériences et de poursuivre son projet. Le mélange des scènes metal et électronique ne date pas d’hier et pour un projet aux fortes consonances black metal ce n’est pas non plus une nouveauté que d’entendre une boite à rythme ou des samples. Cependant, avec une date de naissance qui fait remonter les origines du groupe à neuf ans auparavant, La Division Mentale peut au moins se targuer de ne pas être un suiveur dans cette mouvance. De plus, bien que L’extase des fous ne soient pas aussi impressionnant que le choc auditif que purent être the Work which transforms God de Blut Aus Nord ou Deleted scenes from the transition hospital de the Axis of Perdition, ce n’est pas pour autant une succession de cliché, mais une approche multi disciplinaire qui conjugue autant les éléments électroniques que les riffs de guitares pour créer une véritable confluence entre les genres et non pas utiliser l’un au profit de l’autre.

Gorgé de samples et emprunt d’une production clinique renforçant la froideur des riffs et de la rythmique, cet album respire d’une atmosphère toxique et malveillante que les textes en français ne font que souligner encore plus. L’initiative est rare dans notre pays et cet effort vers leur langue natale procure au disque un malaise encore plus palpable. Cri écorché typiquement norvégien et voix féminine mécanique s’entremêlent sur des titres comme « Discipline » ou « La gale de mon pensée » sans que l’émotion dégagée donne l’impression d’être forcée et artificielle. Le projet est certes entouré de nombreux précédents au niveau des intentions mais, sort du lot grâce à ses expérimentations constantes avec des sonorités électroniques que je ne saurais pas proprement rattacher à une tendance mais, qui tout en restant froides ne sonnent pas comme des battements et des grésillements trop artificiels. A l’instar des photos du livret, la musique de La Division Mentale se tissent un écran noir et blanc qui se place entre des oeuvres comme, le précédemment cité, Deleted scenes … ou Near death experience de Spektr sans pour autant en atteindre le même niveau d’obscurité ou de créativité.

Autant ces deux disques m’ont captivé et emporté, L’extase des fous reste encore à la frontière et cultive son propre monde sans pour autant être une réussite parfaite. Les premiers titres, s’ils sont tous bons, n’attaquent pas aussi efficacement l’auditeur qu’un morceau comme « Discipline » dont la rythmique un peu plus variée permet une variation bienvenue mais un peu tardive dans l’exploration de l’album. L’avant dernier morceau, « Le tout invisible … », est aussi un très bon moment d’expérimentations électroniques mêlées à un riff froid et bien introduit par quelques notes de clavier mais dont le sample vocal de fin dure un peu trop longtemps. L’atmosphère du disque est assez consistante pour en faire une pièce intéressante, c’est le manque de variation dans l’utilisation de l’électronique qui empêche les dix plages de prendre l’auditeur par le col et de le coller dans son siège pendant toute la durée du disque. L’attention décolle durant les morceaux mais, revient par la suite. L’extase des fous est cependant un disque tout ce qu’il y a de plus sincère et d’honnête présentant un bon nombre de bonnes idées. De ce fait, il mérite d’être découvert par tous les fans des groupes précédemment cités, car ils y trouveront un espace d’obscurité qui leur conviendra surement à ravir.

  1. la voix des ombres
  2. la gale de mon passé
  3. l’abandon au réel
  4. satan inside
  5. illusions décharnées
  6. en mon âme et conscience
  7. discipline
  8. retour à l’onirique
  9. …le tout indivisible
  10. l’extase des fous

Chroniqueur

Mathieu Lubrun

Hororo est chroniqueur depuis 2004 sur Eklektik, bibliothécaire de profession, passionné de musique (metal, jazz, hip hop, electro …) et de comics. Alcoolique de concert et de disques, bavard et effervescent dès qu’il rentre en contact avec un artiste qu’il apprécie. Contactez-le pour lui dire tout ce que vous voulez à son adresse personnelle xhororox [AT] gmail [DOT] com et/ou suivez-le sur Twitter.

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2 Commentaires

  1. guim says:

    Les grandes pistes dévoilées par un certain Mysticum sont ici battues et rabattues sans pour autant appliquer partout la même méthode,on est assez proche aussi de l’esprit Blacklodge juste que LDM se veut plus indus et électro dans certaines tournures synthétiques.L’extase des fous a cette atmosphère torturée et bancale,au bord de la folie,un disque assez solide au final et je suis assez d’accord concernant « Discipline » qui amène une touche crossover assez intéressante,les titres black/indus feront songer un poil à Antaeus mais rien de dommageable;recommendable donc.Au passage le titre exact est « la gale de mon passé » et non de mon pensée espèce de jeune non drogué,je suis sensiblement du même avis que toi sinon.

  2. Gothenburg says:

    Juste pour dire Hororo, que ta femme sur la photo, bein j’la prend quand tu veux! :p

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