Déjà plus de 5 ans ont passé depuis la sortie du précédent album des irlandais de Primordial, le très bon Exile Amongst the Ruins. Je dois dire que je nourrissais quand même personnellement une légère appréhension à l’entame de l’écoute de ce nouvel album, car si j’ai beaucoup aimé le cru 2018 des irlandais, je n’oublie pas que je n’ai pas toujours été conquis par le groupe, certains albums m’ayant laissé clairement au bord du chemin. C’était ainsi le cas des deux albums ayant succédé au mythique To The Nameless Dead, le pourtant très bon Redemption at the Puritan’s Hand et surtout Where Greater Men Have Fallen, respectivement sortis en 2011 et 2014 que je continue de trouver décevants par rapport à leur mythique grand-frère (surtout le 2ème). De la même façon, les albums précédant To the Nameless Dead ne sont pas tous à mon sens indispensables, je n’ai par exemple jamais réussi à être complètement emporté par le pourtant très acclamé the Gathering Wilderness.
Alors qu’en est-il donc cette fois avec ce 10ème album des irlandais? Inutile de ménager un quelconque faux suspense, vous avez déjà constaté que le petit personnage en haut à droite de la chronique était conquis, à l’image du chroniqueur. Car oui Primordial sort demain, peut-être son meilleur album depuis To the Nameless Dead, synthèse parfaite de ses précédents albums et de sa carrière finalement. « On a gardé que le meilleur et rejeté le reste », pourrait être l’accroche marketing de cette nouvelle plaque et elle ne serait en rien mensongère tant le voyage est sublime.
L’album démarre pourtant assez doucement, avec le morceau titre qui met beaucoup de temps à s’installer et à poser son ambiance épique et frondeuse, qui sera la marque de l’album sur les 10 titres qui le composent (pour 1h05 de musique, une fois encore on ne se fout pas de notre gueule chez les irlandais). Une ambiance qui s’apaisera aussi ponctuellement avec des moments plus mélancoliques et posés, à l’image du superbe « Pilgrimage to the World’s End » ou de la respiration incarnée par l’instrumental « Traidisiúnta » qui arrive à point nommé après un moment particulièrement intense, l’enchaînement « Ploughs to Rust, Swords to Dust » / « We Shall Not Serve », premier grand moment de l’album. Ces deux titres permettent de renouer avec le Primordial guerrier que l’on a tant aimé sur To the Nameless Dead, et le plaisir est total.
La prestation vocale d’Alan Averill est encore une fois à tomber par terre, l’homme pose ses trippes sur la table et donne tout ce qu’il a, et certains de ses cris donnent littéralement la chair de poule (sur « Pilgrimage… » par exemple, conclusion magnifique d’une montée en puissance terrassante). Il ne se montre pas pour autant omniprésent ni envahissant, sachant s’effacer et laisser la musique parler, une grande partie de la musique de Primordial restant instrumentale, portée par ces riffs mélodiques caractéristiques du groupe, à l’image de la fin de « Nothing New Under the Sun ». Les racines folk du groupe reviennent aussi davantage que sur les précédents albums, en particulier avec le très irlandais « Call to Cernunnos » (Cernunnos étant le dieu cornu celte aux bois de cerfs) et sa mélodie sublime.
Après ces moments apaisés et empreints d’une certaine contemplation, « All Against All » qui porte bien son nom, nous expose à nouveau au côté le plus frondeur de Primordial sur lequel les racines black du groupe transparaissent cette fois. Alan redevient Nemtheanga et se fait beaucoup plus agressif et menaçant au service de la variété d’un album qui nous fait décidément voyager du début à la fin sans jamais lasser. Il n’y a que « Death Holy Death » que j’aurais personnellement fait disparaître de la tracklist, non que ce titre soit mauvais, permettant assurément de redescendre la tension avant le superbe final guerrier de « Victory has 1000 fathers, Defeat is an Orphan », mais il s’agit d’un titre très classique et un peu mou du genou, qui personnellement me transporte moins que le reste de l’album.
Petite faiblesse qui ne m’empêchera pas de recommander plus que chaudement cet album des irlandais, y compris à ceux qui en étaient restés à To the Nameless Dead. How it Ends c’est clairement du très grand Primordial!
Tracklist :
01 – How It Ends
02 – Ploughs to Rust, Swords to Dust
03 – We Shall Not Serve
04 – Traidisiúnta
05 – Pilgrimage to the World’s End
06 – Nothing New Under the Sun
07 – Call to Cernunnos
08 – All Against All
09 – Death Holy Death
10 – Victory Has 1000 Fathers, Defeat is an Orphan