Exotic Animal Petting Zoo – I Have Made My Bed in Darkness

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Style: alternative chaotico-métal fusionAnnee de sortie: 2008Label: Mee

De nos jours, le mélange des genres paraît être une optique des plus naturelles et de plus en plus courante pour de jeunes formations semblant avoir été nourries par toutes sortes de musiques, sans qu’il y ait d’ailleurs de points communs entre celles-ci. Cela permet parfois une cassure de ces dits genres balisés au profit d’une musique bigarrée, parfois novatrice, et de toutes façons inédite. Il faut encore que cet exercice, peu évident même si naturel, soit réussi, mais c’est un autre débat… Tout ça pour dire que ces jeunes américains font indéniablement partie de cette « catégorie ». Celle des prises de risque, celle de la recherche stylistique sans frontières ni barrières, mais aussi celle devant rassembler un point de convergence entre tous ces éléments semblant au départ si hétérogènes, « théoriquement » parlant s’entend bien sur. Et bien sur une bonne dose de talent, ce qui n’est pas négligeable.
Et ces Exotiques Animaux n’en manquent assurément pas, de talent.

Mélange des genres donc, oui, mais lesquels ? Hé bien, beaucoup pour tout dire. Si la base est plutôt métallique, les déflagrations sonores s’y greffant se rapporterait plutôt au hardcore chaotique d’un Converge, le coté glauque et torturé de la bande à Bannon en moins, ou du plus jazzy early-The Dillinger Escape Plan, voire Ephel Duath pour les moments plus classieux, tout en feeling. A cela, il est indéniable que Mike Patton semble avoir marqué nos trois lascars. Avant que certains ne fuient après la lecture de ce nom, je précise que je parle de ce génial vocaliste lorsqu’il faisait encore partie de formations aussi marquantes que grandioses, j’ai nommé Mr Bungle et Faith No More. C’est surtout vocalement que cette influence se fait ressentir, mais lors de certaines transitions entre moments d’accalmie et moments de furie, ces contrastes tout en nuance, faits de folie et de génie, que les bandes de Trey Spruance et de Billy Gould se délectaient.

Bon, de génie il n’en est pas question ici pour autant, pas encore du moins. Par contre, des compositions qui flattent les esgourdes de par leurs puissantes fulgurances chaotico-métalliques, leurs vocalises fusion bien catchy, leurs ponts jazzy fort bien torchés, ou encore leurs superbes passages quasi post-rock ambiants présents lors des quelques interludes, voire à l’intérieur même de certaines plages, il en est fortement question tout au long de ces 12 titres.
Le titre d’ouverture (« Seeds ») est fort représentatif de ce tableau : accalmies, vocalises hurlées/crooner, aggression métallique, passages jazzy, tout y passe. Suit l’interlude « Anniversary Psalm » pour mieux introduire le corsé « Hairdresser » avant de replaner sur « A Balloon Enters Kyoto City ». La plupart des titres possèdent leur lot de moments forts, au rendu technique impressionnant mais non dénués de feeling ni d’émotions (la fin de « These People Refuse to Believe That The Lake Is Bottomless ») aux divers registres.

L’album bénéficie d’une production excellente, claire et puissante, mettant autant le chant que tous les instruments en valeur. Ce qui donne un résultat d’ensemble saisissant dans la modernité qui s’en dégage, au mordant certain, et dont les limites de fusion des barrières stylistiques paraissent sans fin et d’inépuisables puits d’inspiration pour ces musiciens en herbe déjà très affutés et conscients de leurs capacités.
Exotic Animal Petting Zoo accouche donc d’un premier album qu’on pourra qualifier de prometteur, à l’ambition évidente, d’une fraîcheur bienfaitrice mais qui comme tout premier essai possède (inévitablement?) sa part d’imperfections (cette propension à vouloir trop en faire) et de petites fautes de goût (la ballade de fin est dispensable) mais dont il serait très sévère, voire injuste, de leur en tenir rigueur.
Car au regard du reste, cela paraît bien maigre.
S’ils canalisent leurs intentions avec plus de réserve et qu’ils conservent cette force créatrice pleine de fougue, il est fort à parier que leur prochain album sera certainement mémorable.
En attendant, en ce qui concerne ce premier essai, je lève mon pouce vers le haut.

  1. seeds
  2. anniversary psalm
  3. hairdresser
  4. a balloon enters kyoto city
  5. moonshoes
  6. every waking moment
  7. richard dean anderson one is in sheol, the pit
  8. a) translations
  9. b) curse of the sands
  10. these people refuse to believe that the lake is bottomless
  11. ira lore
  12. arendering
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Groupes cités dans la chronique

3 Commentaires

  1. drommk says:

    Assez content que quelqu’un se charge enfin de chroniquer cet album passé complètement inaperçu. Cela dit je voulais rajouter quelques éléments, notamment au niveau des influences, que je trouve bien plus nombreuses et variées.
    Le groupe a absorbé une décennie complète de musique, de dillinger à sunny day real estate, en passant par cave in ou même infectious grooves, puis longuement digéré le tout pour nous ressortir ce mélange paradoxalement homogène et signé.
    Le choix de la production est un coup de maître, cette sorte de bulle sonore façon aquarium qui résonne entre les oreilles et qui lie entre elle elles des compos tellement différentes. La remise en avant de la basse dans un style de musique qui tend depuis des années à la passer au second plan… Et la virtuosité des musiciens mise au service de mélodies accrocheuses sans JAMAIS tomber dans la branlette.
    Bref, cet album est numéro 2 de mon top 2008 et comme le n°1 (tyrant de down i go) est passé presque complètement inaperçu.
    Il mérite à mes yeux un cran de plus dans la notation eklektik

  2. jonben jonben says:

    J’ai l’album également, c’est un bon groupe même si je trouve qu’ils s’éparpillent un peu trop, ce qui fait que j’aime beaucoup plus certains morceaux que d’autres.

  3. drommk says:

    Je trouve qu’au fil des écoutes, l’ensemble prend vraiment du sens et l’impression de fourre-tout disparaît rapidement. J’ai aussi des préférences, mais je trouve qu’aucun morceau n’a pas sa place

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