Ayant déjà vu Alcest (lire la chronique de Souvenirs d’un Autre Monde) au Glaz’Art en avril 2010 à l’occasion de l’excellent concert où ils ouvraient pour les allemands de Vision Bleak (lire les chroniques de Set Sail To Mystery, Carpathia, The Wolves Go Hunt Their Prey et The Deathship Has A New Captain), la décision de réserver les billets pour revoir Alcest, cette fois-ci en tête d’affiche, a été vite prise. La SNCF et la RATP aidant, nous arrivons en retard et manquons quelques chansons du premier groupe: Soror Dolorosa (lire la chronique de Severance).
Nous arrivons donc au moment où ils entament le très bon « Beau Suicide ». L’ambiance est immédiatement posée et nous rentrons dedans sur le champ. Le groupe dégage une énergie extraordinaire et l’exécution est tout à fait satisfaisante, ainsi que le son. Andy Julia assure très bien ses vocaux clairs dans la lignée d’un Peter Murphy. Il fait également preuve d’une bonne présence scénique, sa tenue rock n’ roll déglinguée et sa gestuelle tout à fait à propos avec la musique faisant penser à un Trent Reznor de la première heure (époque Pretty Hate Machine). Le restant du live s’enchaîne par la suite sans perdre en intensité et sans faute de goût.
Break traditionnel avant de rempiler pour Les Discrets:
La bande à Fursy Teyssier monte donc sur scène accompagnée de Neige à la basse et de Zero (le guitariste live d’Alcest) à la guitare. Ils joueront pendant une cinquantaine de minutes alternant titres de Septembre et ses dernières pensées et titres d’Ariettes Oubliées, invitant même Audrey Hadorn, leur parolière qui fait quelques vocaux pour eux (à ne pas confondre avec Audrey Sylvain d’Amesoeurs et Peste Noire!), sur scène le temps d’une chanson. L’ensemble est sympathique et le groupe dégage une bonne énergie, Fursy semble également très content de faire du live. Je pense cependant que c’est un groupe qui gagnera à être vu avec le temps et avec une plus grande expérience de la scène. Certains de leurs nouveaux morceaux présentent des textures plutôt étirées façon post-rock et même si l’exécution instrumentale est sans faille technique, la voix est, elle, inégale et manque parfois de justesse. En petit clin d’œil à Neige et Winterhalter, ils ont joué l’intro de l’album d’Amesoeurs « Gas in Veins« , surprise agréable à part les voix au vocoder qui ne rendaient pas bien l’effet de l’album. A noter une très bonne communication entre les musiciens sur scène. Beaucoup de regards significatifs ou complices entre Neige et Zero et une très grande attention de Neige vis à vis de Winterhalter et Fursy. On sent qu’ils ont l’habitude de jouer ensemble. A signaler également que la batterie était trop forte et couvrait assez souvent les guitares, ce qui est un peu dommage. Un concert satisfaisant et plein de bonne volonté en bref, mais comportant quand même quelques longueurs.
Setlist: l’Échappée – Les Feuilles de l’Olivier – La Traversée – La Nuit Muette – Le Mouvement Perpétuel – Gas In Veins – Song For Mountains
Ensuite est venu le temps d’Alcest:
Le concert d’il y a deux ans au Glaz’Art avait été une énorme claque. Là, on prend les mêmes et on recommence, à l’exception près qu’en 2010 c’était Fursy Teyssier qui avait assuré la basse pour eux alors que cette fois-ci c’était Indria (le bassiste de Peste Noire). Contrairement à 2010 où Neige était plutôt timide et un peu stressé sur scène, ici tout le monde était à l’aise. Neige a parlé à de nombreuses reprises, Zero était toujours aussi professionnel, une addition indispensable au groupe en live car il soutient bien Neige et assure diablement aux vocaux et Indria et Winterhalter quant à eux étaient radieux. On sent bien que beaucoup d’expérience de live a coulé sous les ponts depuis leur précédent passage parisien. L’exécution instrumentale est toujours sans faille et les voix de Neige et Zero – à égale importance – parfaites (tant les voix claires très aiguës de Zero que les voix black de Neige). Le groupe dégageait une grande cohésion et tout le monde était à fond dedans. Ils ont su à nouveau installer une atmosphère très particulière, presqu’envoûtante où l’on se laisse flotter sur leur très bon son (je n’ai pas mis « excellent » car la batterie était un poil trop fort comme pour Les Discrets). Winterhalter était à l’apogée de sa forme et a offert un jeu aussi puissant que subtil, mettant à profit le développement de ses qualités techniques qu’on avait déjà pu constater en studio sur Les Voyages de l’Âme. Il s’est montré très à l’aise et a parfaitement assuré malgré le fait qu’il ait joué deux sets de suite. Indria a également fait preuve de beaucoup de présence, ce qui était fort appréciable car rares sont les concerts où l’on prend plaisir à regarder tous les musiciens de façon égale. Le groupe a parfaitement retranscrit l’émotion présente dans les compos et l’ambiance était un gros point fort du concert. La setlist était très satisfaisante et bien équilibrée car offrant des titres des trois albums. Je regrette qu’ils n’aient pas joué un titre de l’EP Le Secret comme ils l’avaient fait la fois précédente, mais on a eu « Sur l’Océan Couleur de Fer » qu’ils jouent rarement et ça valait bien le coup. Une vraie plongée dans le monde musical d’Alcest, on a le vague à l’âme quand ça prend fin. Un concert féerique, plein de feeling et très bien exécuté.
Setlist: Autre Temps – Les Iris – Là où Naissent les Couleurs Nouvelles – Les Voyages de l’Âme – Printemps Émeraude – Écailles de Lune (Part I) – Sur l’Océan Couleur de Fer – Ciel Errant – Percées de Lumière – Souvenirs d’un Autre Monde
(NB: les vidéos ne sont pas de moi, elles ont été postées sur Youtube par Undergroundmetallic).
Pas fan du tout d’Alcest, mais chouette article.