Bonne nouvelle, revoilà les bordelais de Appollonia. On constate d’abord avec un certain plaisir que la pochette de leur nouvel opus est beaucoup plus agréable que celle de leur précédent (néanmoins excellent) Blank Solstice qui était vraiment desservi sur ce plan. Un détail vous me direz, et vous aurez plus que raison. Mais c’est ma chronique et je dis ce que je veux. Ok ?
Cette mise au point faite, les choses ont peu changé musicalement chez Appollonia, heureusement pour nos oreilles, mais malheureusement pour notre boulot de chroniqueur. C’est que leur musique est toujours aussi pénible, lorsqu’il s’agit de la catégoriser un minimum. Mon camarade Marc avait d’ailleurs déjà fait ce constat dans sa chronique de leur précédent album. « Porcelain Whales » démarre donc (et quel putain de démarrage!) avec un riff qu’on pourrait croire sorti de chez Metallica, avant de présenter des atours screamo/post machin voir sludgy (un relent kylesien peut-être) et même un refrain quasi pop. Z’avez vu, c’est toujours autant le bordel hein ?
C’est donc déroutant aux premières écoutes, mais finalement être encore dérouté en 2012 c’est plutôt une bonne chose, ça nous change des groupes génériques qu’on nous sort par pelletées.
« Redeemer » poursuit dans le même esprit, avec ce break bizarroide en plein milieu et ce chant clair qui pourra (ne nous le cachons pas) peut-être rebuter certains auditeurs. Le très rythmé et presque martial « Crooked Monarch » prend la suite et c’est le bon moment pour lâcher prise, ne plus chercher à catégoriser Appollonia, pour laisser le pied marteler le sol et la tête partir d’avant en arrière. Excellent titre.
Mais les bordelais nous prennent à contre-pied aussitôt après avec le mélancolique « Of Stillness and Spaces » : guitare sèche, qui précède l’arrivée de la grosse disto et du gros son, chant bien dans le ton, on est toujours aussi paumé mais ça fonctionne toujours. Pour le coup, on est proche du registre grunge, avec un plus gros son, des choeurs doucereux qui viennent appuyer efficacement le propos.
Parlons-en d’ailleurs de ce son, proprement énorme, une puissance écrasante, pas édulcorée pour deux sous, et qui accompagne ces riffs acérés et plombés qu’on retrouve tout au long de l’album. L’enregistrement a été assuré à la maison par les gaziers eux-mêmes sous l’égide de Franck HUESO (qui avait oeuvré pour Hacride notamment) pour la production, et le moins que l’on puisse dire c’est que le résultat est à la hauteur. Les bordelais ne sont que 3, mais ils font beaucoup de bruit, et présentent la particularité de tous contribuer au chant : Olive (basse) assure l’essentiel des vocaux de bûcheron, quand Vincent (Guitare) est un peu plus responsable des parties claires, tandis que Mike vient compléter le tableau avec des vocaux plus beuglés comme sur « Muninn ».
Bon, ensuite c’est « Heirs and Assigns » qui démarre comme un morceau de Katatonia, avant de venir nous secouer gentiment dans des tons beaucoup plus sludge, tout en conservant une atmosphère pas si éloignée d’un Alice in Chains (les vocaux désabusés qui secondent le chant arraché). Vous avez compris le topo je pense, je ne vais pas vous décrire les 7 titres de l’album, ce qui importe c’est que la qualité est au rendez-vous tout au long de l’album, sur 45 minutes environ, avec un dernier titre (« Sol ») passant la barre des onze minutes.
L’album est disponible pour 8 petits euros sur le label Maximum Douglas et est en écoute intégrale sur le bandcamp.
http://www.youtube.com/watch?v=P6pEa9i-ti8
Tracklist :
1. Porcelain Whales
2. Redeemer
3. The Crooked Monarch
4. Of Stillness and Spaces
5. Heirs and Assigns
6. Muninn
7. Sol
Assez étonné de ne pas entendre dès la première écoute de titre vraiment frappant, comme c’était le cas sur Blank Solstice (qui reste pour moi un enchaînement de « tubes »), j’ai d’abord été triste comme un chien à punk suçant un os déjà rongé et vidé de sa moelle, mais au fil des écoutes j’ai retrouvé ce qui m’avait plu chez Appollonia, ce mélange sucré/piquant saupoudré d’Impure Wilhelmina (saveur qui perso me titille le palais, surtout depuis que ces derniers ont disparu). Une nouvelle galette à la pâte feuilletée de mille parfums, qu’il faut mâcher sans voracité, afin d’en extraire toutes les subtilités.
(sur ce je file manger, j’ai une de ces dalles !)
Excellent album. Plus mature, aux différences encore mieux assumées qu’auparavant. Il y a bien quelque chose de Impure Wilhelmina dans cette façon de fusionner les genres, quoique le résultat soit ici plus mélodique, plus nineties aussi. Un coup on flirte avec l’emo, là avec la pop « synthétique » de Minus The Bear, avant de retrouver des ambitions post-hardcore (toujours plus dans une logique des années 90 que dans une logique « isisienne »), là je pense à Quicksand, ailleurs à un metal moderne ambitieux, peut-être inspiré de Mastodon, peut-être pas du tout, puis il y a ces sonorités stoner (pas traditionnel du tout,n bien au contraire).
Bref, c’est un album de fusion au sens le plus primitif, et parallèlement au sens le plus moderne possible. Compos en béton, il y a un travail de fou derrière tout ça. Un disque bourré d’émotions.
Du mal à y voir du Impure Wilhelmina perso, mais après tout pourquoi pas, leur musique est tellement « libre »… Comme tu le résumes, c’est vraiment de la fusion au sens le plus premier du terme. En tout cas cet album est excellent en effet!