Parmi les nouveaux petits génies du djent, je demande à Paul Ortiz de bien vouloir s’avancer.
Musicien de studio, créateur de jingles pour la télé, ce dernier développe en parallèle depuis plusieurs années sous le nom Chimp Spanner son projet instrumental metal prog/ambient, mélangeant de grosses guitares « djent » et des textures électroniques. Le résultat en 2010 fut la sortie de l’album At The Dream’s Edge sur Basick Records, petit label anglais qui monte.
Le succès de l’album, en Angleterre du moins, amena Ortiz a monter un groupe autour de lui pour jouer ses morceaux sur scène. On a donc vu tourner Chimp Spanner, y compris l’année dernière à Paris en première partie de Cynic.
Musicalement, ce projet se situe dans une veine à cheval entre les projets de guitar hero 90s (Satriani, Vai, etc) avec leurs solos à ralonges et leurs sons de claviers pseudo-futuristes, et un metal progressif plus tendu et actuel, formé de gros riffs groovy, à la croisée des influences Meshuggah et Sikth, des rythmiques dans les graves complexes et des lancées véloces en taping dans les aigus.
Même si on reste dans le même type de morceaux, les 6 titres de All Roads Lead Here ont le mérite d’aller direct au but et de corriger l’effet un peu kitsh de l’album précédent, on est toujours en pleine science-fiction mais il y est allé un peu plus mollo au niveau sons venus de l’espace. Ça donne un album à la fois « metal », puissant, épique, parfois démonstratif, mais dont l’écoute en est pourtant presque relaxante, que ce soit grâce à aux nappes de claviers spatiales ou aux notes cristallines de solos jazzy (voir l’excellent « guitar play-through » de Mӧbius Pt I si-dessous).
On pense immédiatement aux 2 autres groupes « djent » instrumentaux majeurs, Animals As Leaders et Cloudkicker, dans l’approche. Chimp Spanner n’a ni les influences jazz/fusion et le côté expérimental d’Animals As Leaders, ni le son organique et les crescendos post-rock de Cloudkicker, et tant mieux, Chimp Spanner est une entité à part entière plus proche du rock/metal progressif des 90s avec une atmosphère futuriste apportée par des sonorités électroniques travaillées.
A la manière de ces 2 autres groupes proches, il s’élève clairement au dessus du lot en proposant autre chose que des solos virtuoses et une production perso impeccable, une véritable personnalité et un talent de composition indéniable.
1. Dark Age of Technology
2. Engrams
3. Möbius, Pt. I
4. Möbius, Pt. II
5. Möbius, Pt. III
6. Cloud City