Je ne sais plus comment j’ai découvert les 2 premiers EPS de Sikth, Let the Transmitting Begin et How May I Help You?, peut-être que j’avais en premier vu le génial et délirant clip de « How May I Help You? » qui tourna rapidement en boucle chez moi, toujours est-il que j’avais réussi à les choper, c’était sur IRC ou du peer to peer à l’époque et Sikth est rapidement devenu un de mes groupes préférés. Leur musique était totalement iconoclaste à l’époque, il y avait bien déjà quelques groupes proposant un metal hardcore chaotique dans la lignée de Dillinger Escape Plan, mais aucun groupe ne proposait un tel mélange à la fois délirant et hautement complexe, puissamment bourrin et mélodique à la fois, aucun autre groupe n’avait un tel jeu de guitare, et 2 chanteurs enchaînant des dialogues multiples, rageurs, mélodiques ou carrément loufoques.
Je n’aurais pas parié sur la reformation de Sikth. Leur split après seulement 2 albums fut prématuré et j’imaginais difficilement le groupe revenir ou continuer sans ses 2 chanteurs à la personnalité combinée irremplaçable. Après presque 10 ans de hiatus, le groupe revient heureusement avec le même line-up, et reprend exactement là où ils s’étaient arrêtés. Leur musique n’a pas changé mais leur notoriété n’a par contre fait que progresser depuis 10 ans. Sikth splittait alors que ce n’était qu’un obscur groupe anglais ayant peu tourné, tout juste 2/3 concerts en France (dont un au Fury Fest, ancêtre du Hellfest), mais est désormais devenu une influence pour de nombreux groupes anglais d’abord (Aconite Thrill, The Arusha Accord, The Safety Fire) puis américains. Une influence déterminante pour toute la nouvelle vague djent, mais pour autant la formule Sikth a toujours été trop unique pour être copiée et seuls les 6 membres du groupe réunis pouvaient la faire revivre.
Après une si longue pause pendant laquelle les membres du groupe n’auront rien sorti de vraiment notable musicalement, ils reviennent prudemment pour tater le terrain avec cet EP 6 titres avant tout destiné aux fans. Dès le premier morceau, on retrouve ce bon vieux Sikth, le groupe propose sur les 6 morceaux 4 dans la droite ligne des morceaux phares de leurs 2 albums, plus un interlude vocal façon « When Will the Forest Speak? »et un titre final beaucoup plus ambiancé (et très réussi) qui rappelle lui la reprise de « Tupelo » de Nick Cave du premier album. Ces 2 morceaux permettent à Mikee Goodman de démontrer une nouvelle fois ses talents polyglottes, il est toujours à son aise dans un tourbillon de cris, hurlements, grognements, marmonnements divers empruntés à des personnages multiples. L’autre chanteur Justin Hill n’est pas en reste et propose quelques refrains bien sentis, dont celui bien de « Behind the Doors », Sikth pur jus : riffs frénétiques, dialogue de cris puis refrain clair permettant d’aérer le tout. « Philistine Philosophies » ensuite est une longue pièce toute en groove polymétrique, avec un couplet que ne renierait pas le Korn de Follow the Leader et un refrain décalé un peu impromptu il faut avouer. « Under The Weeping Moon » débute sur un riff toujours aussi inspiré, alternant les rythmes, abusant de tapping, « Walking Shadows » est tout aussi chargé en riffs, mais cette fois Goodman se charge du refrain de sa voix moitié éraillée. Les fans ne peuvent être que conquis. On est en terrain connu et la qualité est au rendez vous.
Le retour de Sikth est réussi et ça fait du bien.
1. Behind The Doors
2. Philistine Philosophies
3. Under The Weeping Moon
4. Tokyo Lights
5. Walking Shadows
6. Days Are Dreamed
Franchement je n’en attendais rien… Et le retour de Sikth est d’autant plus tonitruant! Pour moi cet EP est tout simplement leur meilleure sortie à ce jour. On retrouve avec grand plaisir cette dualité vocale inégalée, et ces parties de guitare virtuoses et jouissives. Superbe. Vivement l’album!!