Bon le camarade Jonben faisant apparemment sa grosse feignasse et ne se décidant pas à chroniquer enfin cet album qui aurait pourtant naturellement du tomber dans son escarcelle, me voilà obligé de prendre le clavier, contraint et forcé, car il paraît inacceptable qu’un album aussi bon ne fasse pas l’objet même d’une petite bafouille de quelques mots.
Je l’attendais de pied ferme cet album, tant l’EP Opacities sorti en 2015 m’avait (à ma grande surprise) retourné. Pourtant peu de temps après sa sortie, le groupe annonçait le départ de Justin Hill, l’un des deux frontmen du groupe, ce dernier préférant se consacrer à sa carrière de producteur. Un coup dur évidemment, qui pouvait augurer d’un futur sombre pour le groupe, malgré le remplacement immédiatement annoncé par Joe Rosser, un relatif inconnu. Evidemment, s’il n’est pas question de minimiser l’importance de Hill depuis les débuts de Sikth, son départ, impactant fut-il, l’était forcément moins (et heureusement) que s’il avait concerné Mikee Goodman, l’autre frontman, au timbre unique et immédiatement reconnaissable. Pour autant le duo Hill / Goodman fonctionnait remarquablement bien et était pour beaucoup dans l’alchimie Sikth. On pouvait donc craindre de perdre cette alchimie avec l’arrivée de Rosser.
Il n’en sera rien, tant le timbre de Rosser, quoiqu’un peu différent, se rapproche quand même beaucoup de celui de Hill, et le nouveau venu fait parfaitement bien le job à l’arrivée. Au point que même sans Hill, the Future in Whose Eyes ? se révèle au final comme le meilleur album jamais sorti par le groupe.
TFIWE? contient 12 titres, pour 46 minutes, et sur ces 12 titres, on compte 3 interludes, passage presque obligé pour le groupe, sur lesquels Mikee Goodman s’en donne à cœur joie en utilisant sa voix grave parfaitement adaptée à l’exercice. Si l’on peut se dire qu’on aurait finalement préféré 3 véritables morceaux, c’est encore une fois une habitude chez Sikth, désormais bien ancrée, et cela permet d’aérer l’album, les 3 interludes étant placées en 4ème, 8ème et dernière positions.
Et s’il n’y a donc « que » 9 véritables titres sur l’album, qu’on se rassure : la qualité ahurissante de ces 9 compositions rattrape l’écueil. Il n’y a rien à jeter dans ces morceaux catchy, travaillés jusqu’aux entournures, et véritablement jouissifs. Des morceaux qui s’inscrivent dans la droite lignée des meilleurs titres d’Opacities (les 2 premiers pour faire simple).
Jamais une telle perfection dans l’équilibre entre la folie de Goodman, les penchants mélodiques de son bînome, la technique des guitaristes et la basse bien audible, n’avait été atteinte sur les albums précédents du groupe. A bien y regarder d’ailleurs, les deux premiers albums apparaissent comme des brouillons de la force à venir, déployée avec brio sur Opacities puis sur the Future in Whose Eyes ?. Se rapprochant à pas feutrés du djent, sans jamais devenir une caricature de Meshuggah comme trop de groupes, et flirtant par moments avec le néo métal, les anglais ont canalisé leur folie, travaillé les refrains et autres passages mémorables, et le résultat est là, imparable, et même jouissif. Le mot n’est pas trop fort.
Au final, impossible de comprendre rétrospectivement comment j’ai pu seulement être déçu par ma première écoute qui m’avait fait remiser l’album de côté pendant plusieurs semaines. Peut-être bien mon album de l’année 2017 en définitive !
Tracklist :
1- Vivid (4:29)
2- Century of the Narcissist? (4:09)
3- The Aura (4:03)
4- This Ship Has Sailed (1:20)
5- Weavers of Woe (5:32)
6- Cracks of Light (4:13)
7- Golden Cufflinks (4:08)
8- The Moon’s Been Gone for Hours (2:46)
9- Riddles of Humanity (3:46)
10- No Wishbones (4:31)
11- Ride the Illusion (4:38)
12- When It Rains (2:46)