Climax, 1er album des finlandais de Beastmilk sorti en 2013, avait fait son petit effet mine de rien, pas seulement parce qu’il était produit par Kurt Ballou mais aussi parce qu’il balançait avec talent et efficacité un death rock empreint de références, entre gothique et post-punk.Certainement aussi car on y retrouvait au chant un certain Kvohst (Mat Mcnerney), ex frontman de Code, Dodheimsgard, et leader de Hexvessel. Alors qu’un second album était annoncé, c’est avec surprise que l’on apprenait courant 2015 le split du groupe du fait de désaccords internes. En réalité le groupe allait continuer l’aventure sous l’impulsion de la moitié des membres (Kvohst et Valtteri Arino) rebaptisés en Grave Pleasures et avec un nouveau venu de choc en la personne de Juho Vanhanen dit Jun-His (guitariste d’Oranssi Pazuzu).
Las, alors que Climax était gavé de hits gothiques, le premier album de Grave Pleasures sorti en 2015, Dreamcrash peinait vraiment à convaincre malgré une recette inchangée. L’inspiration ne semblait pas là, et le songwriting pas à la hauteur de Beastmilk. On pouvait alors craindre que l’amputation de la moitié de l’équipe avait eu un effet dévastateur et que Grave Pleasures ne serait plus que l’ombre de son incarnation passée.
Mais voilà que sort Motherblood en 2017, et bonne nouvelle : il marque clairement le retour de l’inspiration et de la réussite, même si la pochette particulière peut prêter le flanc à quelques critiques (personnellement je suis assez client).
10 petites pépites, voici ce que l’on retrouve au menu de cet album qui devrait ravir les amateurs de l’album de Beastmilk.
On retrouve ce death rock, mélange d’ambiance gothique et de post-punk, sur lequel de nouvelles légères influences viennent parfois se faire entendre. On croirait ainsi parfois entendre Dave Eugene Edwards (Wovenhand), poussant plus loin son versant sombre pour faire basculer son rock sur la pente gothique, comme sur l’excellent « Mind Intruder ». Et cette réminiscence ne tient pas seulement à la voix de Kvohst, mais aussi à certaines sonorités de guitare qui évoquent cette country alternative dont Edwards est le plus illustre représentant.
Evidemment si Motherblood est un succès c’est quand même d’abord car Kvohst y chante toujours aussi bien, son timbre désespéré étant parfaitement adapté au registre post-punk / death rock du groupe, rappelant tour à tour Joy Division bien sur, The Cure ou même Depeche Mode (le démarrage de « Deadenders » sonnant pas mal comme du Gahan). Sans lui, il serait bien difficile de poursuivre l’aventure Grave Pleasures. Mais la guitare de Vanhanen n’est pas en reste, de même que la basse très en avant et qui tient un rôle finalement prépondérant.
A noter que le registre gothique du groupe est aussi de plus en plus allégé par des tempos presque sautillants, et étonnamment ça fonctionne parfaitement encore, à l’image du monstrueux single « Joy through Death » (mis en image par un très beau clip) qui a tout du tube de l’année, ou de ce « Be My Hiroshima » doux/amer.
Ne subsistent pas moins des moments bien sombres comme cet « Atomic Christ » introduit par un spoken word incantatoire dont Kvhost a le secret (très hexvesselien). La sauce prend à tous les coups sur ces 10 titres imparables, d’autant que l’album est court et immédiat, incitant à presser la touche play à nouveau lorsqu’il se termine.
Motherblood est clairement une insolente réussite, un retour en grande forme qui réussit même l’exploit de surclasser le pourtant excellent Climax. Rien de moins que l’un des albums de l’année.
Tracklist :
1 – Infatuation Overkill
2 – Doomsday Rainbows
3 – Be my Hiroshima
4 – Joy through Death
5 – Mind Intruder
6 – Laughing Abyss
7 – Falling for an Atom Bomb
8 – Atomic Christ
9 – Deadenders
10 – Haunted Afterlife
Super disque effectivement ! 3 tubes pour moi, « Infatuation Overkill », « Haunted Afterlife » et comme tu l’as dit « Joy Through Death » dont le clip est d’ailleurs réalisé par un français, David Fitt. La chanson est mortelle et je n’arrive pas à décrocher de la vidéo. L’actrice, la chorégraphie, l’ambiance, tout est parfait ! L’album est plus nerveux que le précédent, tant mieux, ce post(pop)punk est parfait pour danser jusqu’à la fin du monde !