The Cure – Pornography

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Style: post punkAnnee de sortie: 1982Label: Polydor Records

Pornography… L’album de tous les dangers, l’album qui vous jette en place publique la charogne du chaos et l’obscénité de la souffrance, celui pour qui la froideur et la noirceur ne sont que vains apparats. Oubliez les règles de la bienséance judeo-chrétienne. Oubliez les tabous d’une société maladive qui se refuse à l’acceptation de sa douleur. Il n’est même pas question d’un esthétisme cathartique ici. Non. Simplement question d’une existence. Ou plutôt de l’existence. Oui. L’existence est le cœur de cet album. Son humanité, ses souffrances, son sens, son acceptation… Voyage éthéré et funeste aux cœurs des tréfonds de l’âme.

1982 : Après Three Imaginary Boys et les deux premières pierres de la trilogie, Seventeen Seconds et Faith, The Cure entre en studio pour créer Pornography, le point d’orgue de la trilogie mais également la pierre angulaire d’une longue discographie. Smith totalement possédé, presque annihilé par son questionnement existentiel navigue en eaux troubles. L’alcool et la came constituent le quotidien du groupe. Nul doute de leur influence sur la création de ce monstre de rock décadent. Pour autant Smith est bien décidé à en découdre avec ces peurs. Il maîtrise encore l’hydre mais veut plonger, voir, toucher le chaos comme s’il constituait la sainte Trinité. Comme si ce chaos était le sens ultime de cette existence. Le romantisme post-adolescent s’étiole pour laisser la place à un spleen dévastateur. Smith veut produire l’album ultime, outrancier, habité et totalement dérangé. Entre folie suicidaire, nihilisme macabre et finalement l’espoir, Pornography est cet album. Son atmosphère est sombre, violente et terrifiante. L’écoute se révèle douloureuse, hallucinante et angoissante. Très sincèrement, cet album ne revient que depuis peu sur ma platine. Le malaise laissé par son écoute était bien trop profond. Lancer cet album c’est au mieux accepter d’être hanté par ses émotions et ses passions, au pire ne jamais se relever, possédé par ses peurs. Et Pornography possède dans cette mise en musique la force de cette terreur.

L’horreur incarnée par cet album relève de l’alliance de nos trois anglais, Robert Smith le maître d’œuvre, Simon Gallup le bassiste, et Laurence Tolhurst le batteur. Confrontation de la voix de Robert Smith charismatique et viscérale avec la basse hypnotique de Simon Gallup envahissant l’espace sonore de sa lourdeur, développant des thèmes d’une rudesse et d’une violence sourde où vient se noyer la guitare désenchantée de Smith perdue dans son esthétisme éthéré et ses sonorités lancinantes. La batterie de Laurence Tolhurst développe des rythmiques minimalistes et tribales à la froideur saisissante, quasi industrielle où des claviers surnagent, venant renforcer la froideur de la production et des rythmiques. Chaque morceau rampe d’une lenteur maladive. Chaque morceau nous offre les différentes facettes du portrait d’un psychopathe en proie à un dysfonctionnement psychologique des plus violents et terrifiants. Perdu entre mysticisme et psychologie, de sombres images mettent en scène les peurs de ce psychopathe. Les siennes ? Celles de Smith ? les vôtres ? Peu importe. L’ambiance est funeste, cauchemardesque même, profondément désespérée. Le futur shoegazing n’est pas si éloigné de cette atmosphère. La noirceur et la terreur en plus.

Pourtant, il se dégage un brin de lumière, un clair obscur salvateur, le souffle d’une espérance aussi violente qu’animale, véritable torture dans son ultime réflexe de survie. L’existence rencontre finalement l’espoir qui lui donne ainsi tout son sens. L’existence n’est pas unique. Elle est multiple. Elle est le champ des possibles, avec ses doutes et ses peurs – sa mise en abîme et son chaos – mais également son inaliénable liberté. Et cette liberté a un prix. The Cure finira la tournée du Pornography Tour sur les genoux, au-delà de la perte de contrôle, dans une tension et un chaos émotionnel indescriptibles, une légende urbaine voulant d’ailleurs qu’un terme ait été seulement mis à cette tournée après le suicide d’un fan sur scène… Après tout Pornography débutait bien dans le flot morbide du premier couplet de « One Hundred Years », par « It doen’t matter if we all die » pour se clôturer par un « I must fight this sickness » sur l’éponyme « Pornography ».

  1. one hundred years
  2. a short term effect
  3. the hanging garden
  4. siamese twins
  5. the figurehead
  6. a strange day
  7. cold
  8. pornography
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2 Commentaires

  1. dark hypp says:

    très belle chronique! et bon choix pour l’album!

  2. joss says:

    7 ans après la chronique, je découvre enfin l’album. J’ai commencé doucement The Cure avec « Disintegration » et j’ai enchaîné directement avec ce superbe « Pornography ». Je comprends enfin sa réputation. Superbe chronique au passage, dommage que Neurotool se soit « retiré du métier » :-(

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