Fange n’est jamais là où on l’attend. Quatre mois à peine après la sortie de l’éprouvant Pudeur (officiellement, le stream est dispo depuis déjà quelques semaines), les bretons surprennent leur monde avec un nouvel EP, Poigne, dont l’objectif est d’affirmer totalement le caractère indus/noise de leur musique, ce de manière beaucoup plus brute et avec un apport minimum de la guitare.
Et ce n’est pas pour autant que Fange va perdre sa lourdeur caractéristique, au contraire même ! Les sons distordus, pleins de saturation malsaine (l’influence The Body), appuient douloureusement comme le trio en a l’habitude. Mais derrière l’horrifique tableau, les sensations se voient renouvelées par un savant travail sur les harmonies: les couches ferrailleuses (rouillées) cachent en effet des mélodies délivrées par des nappes sonores captivantes malgré leur situation au milieu de la crasse (« Gehenne » apparaissant comme la plus saisissante, émotionnellement parlant).
Car Fange, même en se réinventant ainsi, conserve son attrait pour la violence organique, la saleté la plus incrustée et la démence. Son chanteur, même s’il semble parfois relégué au second plan, apporte une fois de plus sa signature vocale, enfin ce qu’il en reste puisque son registre arraché laisse à penser que ses cordes vocales doivent être en piteux état !
Bref, un court EP surprise dans tous les sens du terme car non annoncé et montrant une nouvelle facette de la personnalité versatile de Fange, un peu moins suffocante qu’à l’accoutumée. Mais comme sur le reste de sa discographie, le trio breton maîtrise ce qu’il fait et laisse entrevoir ici de nouveaux angles d’attaque pour sa prochaine livraison.
- Les Jours Azurs
- Flamme Mourante
- D’Un Désarroi L’Autre
- Géhenne
