On pourrait penser de prime abord que la présence dans ses rangs de Stefan de Graef au chant, conduise Hippotraktor à ressembler au groupe principal de Stefan, à savoir les excellents Psychonaut. Pourtant, bien que la musique d’Hippotraktor s’inscrive sans nul doute dans le même genre à savoir un post-metal progressif avec des compositions à tiroirs (et une variété de tempos aussi, il suffit de passer de « Renegade » à « The Indifferent Human Eye » pour s’en convaincre même si le deuxième s’excite considérablement en fin de titre), Hippotraktor fait régulièrement la démonstration d’une approche légèrement différente avec notamment des riffs saccadés qui évoquent à plusieurs reprises le djent et trahissent l’influence plus que probable d’un Meshuggah. A l’image de l’introductif « Descent » qui ne s’embarasse nullement de quelconques fioritures (pas d’introduction superflue) pour rentrer au contraire directement dans le (lard) vif du sujet (de l’auditeur).
Autre différence notable, Stefan partage désormais son chant (que je continue à trouver excellent, en particulier son chant hurlé immédiatement reconnaissable) dans Hippotraktor avec Kristof du Jardin, deuxième guitariste de la formation belge, et leurs joutes vocales sont tout à fait réussies, ce qu' »Echoes » (un morceau qui me fait penser à du The Ocean, notamment au début) permet par exemple de constater. Et puis il y a également ces petites touches d’électronique (cf « Silver Tongue ») qui viennent apporter une dimensions plus « moderne » que ne possède pas Psychonaut, à l’image du superbe artwork d’ailleurs (bien qu’il ne représente pas ce que l’on pourrait penser à tort au premier regard, non il ne s’agit pas d’un nouvel aéronef de l’univers Star Wars), qui n’a pas grand chose en commun avec celui des albums de l’autre formation belge.
Le jeu des différences terminé, j’ai pu apprécier de plus en plus le voyage proposé par Stasis au gré des écoutes de l’album, tout en continuant à trouver (comme je le faisais déjà avec le premier album d’Hippotraktor), qu’il manque encore parfois un petit quelque chose en terme de composition, chose qui ne manque justement pas du tout du côté de Psychonaut qui propose à mon sens des compositions plus marquantes, que ce soit via les passages mélodiques plus beaux, ou des passages agressifs plus jouissifs et efficaces. Les 7 minutes de « Renegade » et peut-être plus encore de « Stasis » ne sont pourtant pas loin de toucher au but, mais encore une fois il semble qu’il manque un dernier jenesaisquoi qui permettrait de rendre ces titres encore plus mémorables.
Question de goût peut-être, étant moins porté sur le côté djent de la force je suis peut-être moins sensible à ces passages saccadés même si je ne suis jamais contre une bonne branlée bien distribuée…
Toujours est-il que Stasis apparaît indéniablement comme un bon album qui devrait ravir les amateurs de post-metal et de djent. En tout cas, entre Psychonaut, My Diligence, et Hippotraktor, le post-metal belge se porte décidément très bien avec de quoi satisfaire tous les goûts grâce aux approches légèrement différentes que les uns et les autres proposent et l’on ne peut que s’en réjouir!
Tracklist :
01 – Descent
02 – Echoes
03 – Silver Tongue
04 – Renegade
05 – The Indifferent Human Eye
06 – Stasis
07 – The Reckoning