L'album collaboratif de deux formations danoises du style sludge/post metal présente une atmosphère hantée et accrocheuse, alternant entre des riffs lourds et hypnotiques, des séquences noise expérimentales, et des interludes atmosphériques, tout en offrant une direction artistique complémentaire mais distincte.

Après avoir sorti chacun un excellent album l’an dernier (Ar pour Kollapse, The Great White Nothing pour Grava), voici un split entre deux formations danoises parmi les plus intéressantes du style sludge/post metal de ces dernières années. Cet album collaboratif compte deux titres (interprétés par chacune des deux formations, chacun à sa manière) ainsi que quatre plages ambient créditant les deux groupes ensemble.

Après une intro ritualiste avec différentes cloches, clochettes et onde menaçante (« Invokation »), c’est Kollapse qui lance les débats avec « Haematomets filosofi ». On retrouve là le parti pris viscéral du groupe, allant ici dans une optique torturée avec un chant hurlé très expressif et venant surprendre à mi-chemin avec une fausse accalmie introduisant une séquence noise comprenant une trompette freestyle (avant de rappuyer une dernière fois sur le final). La version de Grava de ce morceau est un peu plus lisible et immédiate derrière un son plus lourd (mais plus accessible). Une optique davantage du côté de Cult Of Luna ou de Neurosis avec une capacité d’accroche optimale derrière les énormes vocaux.

Après deux interludes atmosphériques successifs (« Knael » et « Omen »), Grava revient avec « Red Furnace », second titre fidèle à leur version du style: des riffs plombés mais hypnotiques tandis que l’ébullition des riffs (et des émotions) montera peu à peu jusqu’à son terme. La version de Kollapse prend la suite avec de nombreuses cassures rythmiques allant du chaotique à du minimalisme menaçant (avec même un peu de chant clean) se rapprochant là de Swans par ses ouvertures expérimentales et son goût pour les surprises.

On obtient au final la réunion de deux groupes à la direction artistique complémentaire mais différente à la fois, installant une atmosphère hantée mais accrocheuse de A à Z, donnant envie de hocher la tête en rythme malgré les sueurs froides (surtout chez Kollapse). Le Danemark, l’autre pays du post metal.