Les gamins ont grandi, Code Orange a perdu son « Kids » pour nous offrir un I Am King censé donc être plus mature, c’est ce qu’il faudrait comprendre avec cette modification patronymique ? Ayant acquis une certaine popularité tout en étant sorti de nulle part, le phénomène Code Orange a donc séduit Deathwish Records pour sortir ce nouvel album, leur second sous la bannière « Bannonienne ».
Si Love Is Love//Return To Dust, leur précédent album, avait déjà marqué une certaine césure avec ce qu’ils avaient produit auparavant (notamment avec ce qu’ils avaient fait sur Cycles) en ouvrant un peu leur champ d’action vers plus d’atmosphères sludge, contrastant avec leurs accélérations virulentes, typiquement « deathwishcore » (on ne s’étonnera pas de retrouver l’ami Kurt Ballou à la prod), ce I Am King ne va pas franchement bouleverser les auditeurs qui, comme moi, s’attendaient à un renouvellement suite à ce changement de nom.
Pour être méchant, on pourrait même dire que I Am King est majoritairement un enchevêtrement brouillon de dissonances et de moshparts. Un amas bordélique qui ne sait pas trop où il va au point de hacher certains titres comme s’ils hésitaient encore sur quoi faire (I Am King, premier single, sonnant un peu comme un teaser avec ses multiples cuts… sauf qu’il s’agit d’un vrai morceau !). Un parti pris étrange pour un titre qui dérange de la même manière au niveau de son atmosphère, aussi lugubre que déroutante (impression qui se reproduira à de multiples reprises comme pendant Unclean Spirit ou Your Body is Ready…).
Code Orange aime expérimenter, sortir des sentiers battus. Il y a déjà cette multiplicité de voix, celle hurlée de la demoiselle (qui est parfois à rapprocher de celle d’Oathbreaker), puis celles des mecs, parfois parlée, d’autres fois scandée, même étrangement grognée… Une variété s’accordant donc avec les choix musicaux du groupe, passant du nostalgique grunge (Dreams In Inertia) à de l’incantatoire barré (Starve et ces vocalises haut perchées) tout en souhaitant conserver cette lourdeur sludgecore grâce à des riffs aussi pesants que malfaisants (Slowburn, Mercy).
Bref, I Am King est un album aussi horripilant que fascinant. On sent bien que Code Orange possède énormément d’atouts, maitrisant les atmosphères maladives comme rarement un groupe de hardcore ait su mettre en place. Mais à côté, à trop se compliquer la tâche, partir dans trop de directions à la fois (souvent dans un seul morceau) sans aucune logique, il y a quelque chose qui ne va plus… Les gamins ont donc grandi, du moins c’est ce qu’ils veulent bien nous faire croire, mais leur jeunesse semble demeurer dans ce manque de cohérence constant, en dépit d’une identité forte et d’une atmosphère tendue. Il ne leur manque pas grand chose pour basculer vers l’excellence promise par leur label, un petit quelque chose qu’ils sauront trouver prochainement, espérons-le.
- I Am King
- Slowburn
- Dreams In Inertia
- Unclean Spirit
- Alone In A Room
- My World
- Starve
- Your Body Is Ready…
- Thinners Of The Herd
- Bind You
- Mercy