God Forbid ont toujours été pour moi des outsiders du metalcore américain, enfin de la branche autoproclamée New Wave of American Heavy Metal, initiée par le succès de Killswitch Engage, c’est à dire très métal et un peu core. Outsiders donc, peut-être pas suiveurs car le groupe a déjà 3 albums à son actif, mais God Forbid n’avait jamais réussi à mes yeux à atteindre le panache de ces derniers, leurs compos restant dans le domaine du correct dans le style mais sans la touche mélodique imparable d’un Unearth ou le charisme d’un Chimaira.

Le 4ème album du groupe, IV: Constitution Of Treason, ne sort pas dans les meilleures conditions, le metalcore commençant à tomber en désuétude avec la légion de suiveurs qui n’a pas manqué de pointer son nez dès les premières traces de popularité. Je n’en attendais donc guère et je dois dire que je suis un peu surpris, sans être époustouflé, le groupe s’est démerdé pour nous pondre du bon boulot, son meilleur jusqu’à maintenant certainement.

Qui dit NWOAHM, dit resucée à la sauce moderne du death/thrash mélodique suédois, avec pour faire « air du temps » quelques influences hardcore savamment intégrées, dont quelques rythmiques lourdes, la plus évidente étant la voix.
Il faut avouer que le duo de guitaristes de God Forbid sait gérer son affaire, les riffs fusent et marquent à chaque coup, le groupe a manifestement bien digéré ses influences thrash pour n’en sortir que le meilleur. Le problème reste toujours qu’il n’y a aucune originalité, juste un exercice de style bien interprété. Leur musique est prévisible et cet album qu’on pourrait croire par moments un peu aventureux, se borne finalement au mêmes clichés, aussi bien exécutés soient-ils.

Il y a tout de même une évolution notable, beaucoup plus de voix mélodiques que par le passé, l’influence de Shadows Fall à ce sujet peut-être, sur « The Lonely Dead » par exemple ou la ballade un peu mielleuse « Welcome to the apocalypse », qui contient presque que du chant clair, jusqu’alors coltiné à certains refrains. Des chants clairs assez bien gérés par un des guitaristes il faut le dire, dans un style rock/metal alternatif très américain, qui ponctuent bien les cris puissants de leur rasta imposant de chanteur.

Les paroles de IV: Constitution Of Treason sont certainement un de ses atouts. Le groupe ne cache pas, son désaccord avec la politique américaine actuelle, et la pochette, qui s’attaque à un symbole patriotique fort, va sûrement en choquer plus d’un, il fallait oser, car certains les accuseront sûrement de la trahison évoquée dans le nom de l’album. Sans rentrer dans le discours lui-même, qu’on l’apprécie ou non –il reste très imagé de toutes façons-, l’album est articulé autour d’un concept, une sorte d’histoire en 4 actes plutôt bien foutue. Le superbe artwork de Travis Smith ( http://www.seempieces.com) agrémente d’ailleurs bien le tout.

Cet album devrait satisfaire les fans du style et sûrement permettre à God Forbid de se hisser un peu plus haut dans les rangs. Ca serait malhonnête de ne pas constater qu’ils ont réussi à sortir un nouvel album digne d’intérêt. Du « Bien fait mais archi-vu » qui se vendra sûrement très bien aux USA mais sûrement moins en France, où le metalcore made in USA n’a pas vraiment percé.

1. the end of the world
2. chains of humanity
3. into the wasteland
4. the lonely dead
5. divinity
6. under this flag
7. to the fallen hero
8. welcome to the apocalypse (preamble)
9. constitution of treason
10. crucify your beliefs