J’évoquais dans la chronique de The End avec la délicatesse qui me caractérise les joies inestimables du printemps. Peut-on cependant légitimement, sincèrement même, écouter avec la même ferveur infatigable autant de disques de black-post-drone-machin-noise alors que par la fenêtre ouverte parviennent aux oreilles les chants des oiseaux et les rires cristallins des enfants tandis que les doux rayons du soleil baignent une nuque que caresse le voluptueux zéphire printanier?
Je dis non.
Wincing the night away de The Shins est l’album parfait pour chanter à tue tête son insouciance juvénile (Australia, hommage rendu aux Beach Boys), pour se vautrer dans l’allégresse béate de « Turn on me » ou divaguer entre les nappes planantes de « Phantom Limb ». Ce disque résonne comme un vent de légèreté vivifiant et revigorant, joyeux, bien loin des regrets mélancoliques et nostalgiques, bien loin des tristes complaintes ou du chaos sonore, ce disque chatoyant et dynamique est le quota réglementaire de bonne humeur à écouter dans une journée. Ce disque est parcouru d’un seul et même sentiment, le bonheur, la légèreté, la bonne humeur, s’il évoque des ours roses qui dansent devant de jeunes filles aux cheveux fleuris, il accorde tout de même assez de variété pour ne pas écoeurer par trop de joie de vivre (parce que onze fois Australia, c’est un coup à avoir la nausée), entre morceaux vaporeux et folies aux orchestrations bigarrées. Wincing the night away étonne par son écriture talentueuse et virtuose, s’écartant avec une facilité déconcertante des carcans traditionnels de la pop pour oser des arrangements électroniques ou toucher à la new wave avant de retourner paisiblement jouer sur ses plates bandes musicales habituelles, naturellement, simplement, harmonieusement, comme si de rien n’était.
Wincing the night away est un disque réjouissant, enthousiasmant, qui sonne comme le fait de musiciens épanouis qui auraient passé l’âge de s’épancher sur leurs traumatismes post-adolescents. Reste à savoir si ce disque résistera début octobre au retour du froid, aux doudounes qui enfouissent la féminité sous d’insondables épaisseurs de nylon et d’acrylique, à la chute des feuilles d’arbre, à l’ennui, à la mélancolie et au spleen – il sera alors bien temps de ressortir le Neurosis des familles pour y remédier. Pour l’instant, on pourra toujours écouter avec la même jubilation naïve ces onze perles de pop débridée et euphorique. Youpi.
- sleeping lessons
- australia
- pam berry
- phantom limb
- sea legs
- red rabbits
- turn on me
- black wave
- split needles
- girl sailor
- a comets appears
Tient, The Shins sur Eklektik? Sympa. Un album très frais, naïf et riche, parfait pr se détendre et se laisser aller à une musique moins cérébrale, plus accesible mais non moins interessante. De la pop, ouais! mais d’la bonne!
superble album qui livre ses perles petit a petit! Visionnez le clip de la chanson « phantom limb », un vrai bijou! Je vous conseil également les autres albums completement méconnus en france, ils sont bourrés de tubes pop folk!