Curieux comme ce 2ème album de Capricorns passe inaperçu comparé à l’engouement relatif qui avait suivi la sorti de Ruder Forms Survive en 2005. Ce n’est pas non plus comme si le groupe avait fait une percée fulgurante sur la scène internationale, mais en tout cas, certains espoirs avaient été placés dans ce quatuor anglais, et l’album ne fut pas porté aux nues à tord, Ruder Forms Survive aura tourné un bon bout de temps sur ma platine.
Alors pourquoi ce River, Bear Your Bones est-il sorti dans une relative indifférence?
Déjà, du temps a passé depuis la sortie du premier album et le groupe a subi des changements impromptus de line-up qui lui auront mis du plomb dans l’aile. Exit les ex-Iron Monkey et Orange Goblin, remplacés par des musiciens d’allure plus polie, il ne reste en gros que le guitariste et compositeur principal Nathan Bennett qui, même s’il a réussi à retrouver des musiciens pour le seconder, n’a pas réussi à recréer l’alchimie du line up précédent du groupe. Les prestations live notamment ont marqué une perte de vitesse notable, accentuée par l’annonce du concert au Roadburn l’année dernière comme le point final live du groupe. Le concert, bâclé avec des musiciens visiblement intégrés à la dernière minute, n’aura pas marqué grand monde, court et sans l’âme qu’on avait connu au groupe.
Capricorns n’a pas annoncé son split, mais ce River, Bear Your Bones donne donc a priori l’impression d’un chant de cygne à l’arrachée, quelques morceaux réunis parmi les derniers fonds de tiroir qu’aurait à proposer le groupe, qui aura finalement vu le jour, encore sur Rise Above mais se prend maintenant un vent suite à une communication loupée.
Alors que vaut cet album? Déjà, il ne faut pas s’attendre à une deuxième mandale dès la première écoute, c’est clair qu’il ne fait pas le poids par rapport à Ruder Forms Survive. Il n’a pas la cohérence et l’intensité qui scotche immédiatement avec ce dernier ou l’EP qui l’a précédé. Pourtant ce River, Bear Your Bones est loin d’être une totale déception, aucun morceau n’est même à proprement parler mauvais, le style et l’interprétation restent proches du niveau qu’on a connu. En fait, on sent une certaine recherche, les idées sont là mais on ressent un manque de travail pour finaliser l’ensemble, comme si les musiciens, à l’aube de la séparation, eurent à bacler la finition en studio, fatalistes quant à l’issue du groupe mais désirant tout de même enregistrer les ébauches de morceaux composées en les arrangeant sur le tas. Ca reste au dessus du lot, dès « Broken Coffin of the Venerable King » on retrouve le souffle épique de leur stoner intrumental, qui rappelle un peu parfois Keelhaul dans leurs moments les moins enragés.
C’est bien foutu, les riffs sont toujours gras et les morceaux évoluent dynamiquement sans ennuyer malgré l’absence de chant (pas d’Eugene Robinson sur cet album), mais la composition est juste un peu plus banale, plus évidente, que ce qu’ils nous avaient habitués et après plusieurs titres, l’excitation retombe un peu vite, les morceaux de 6 à 7 minutes ont tendance à tourner en rond, rappelant les travers du City of Echoes de Pelican, d’autant que certains titres finissent par sonner comme un trip de répète enregistré à l’arrache.
Reste que même si il n’atteint jamais les sommets créatifs de Ruder Forms Survive, tout amateur du groupe devrait tout de même tenter l’écoute, au moins pour se faire un avis, de cet album. Je l’ai régulièrement écouté un moment, et si maintenant je le délaisse systématiquement pour son prédécesseur, je ne l’occulte pas pour autant. J’ai vraiment pas envie de donner l’impression de casser cet album ou décourager de l’écouter quiconque ne connaissant pas le groupe, si je ne connaissais pas son prédécesseur par coeur, je l’adorerais sûrement, mais en l’état, je m’attendais à mieux.
- broken coffin of the venerable king
- seventh child of a seventh child
- tempered with the blood of beasts
- november suicides
- owing to the fogs
- the bells rang backwards
- a savage race by shipwrecks
- drinking water from the skull of a hanged man
a bravo enfin une chronique! cela correspond un peu a ce que j’en pense aussi…
« Ruder… » tourne encore régulièrement chez moi, vraiment un bon album. Bon bah, on va tâcher de voir ce que donne ce nouvel épisode !
Encore un groupe qui suit les voies pitoyables de Isis ou Cult of Luna…. Des premiers pas puissants torturés et émotionnels qui tombent dans la mièvrerie larmoyante à gerber dans les albums qui suivent… Putain mais ils bouvent de la guimauve et mattent Disney à longueur de temps ou quoi…
Capricorns perd tout ce qui faisait son originalité, effort raté, à l’image de la date du roadburn, bien peignée, sans fond.
Album déjà oublié
Album plus « propret » peut être oui.
C’est moins monolithique, moins écrasant; y’a moins de crasse Rock n’Roll et de sueur et c’est plus clair, effectivement… Sauf que pour moi Capricorns gagne en variété là où il perd en force de frappe pure.
River, Bear Your Bones est un album tentaculaire qui, s’il semble parfois un peu fuser dans dans tous les sens et sans but précis, possède des moments de pur bonheur auditif. Comparativement à ce qui l’a précédé c’est légèrement en dessous. Dans l’absolu ça reste du haut niveau qui ne fait mouche qu’au bout de quelques écoutes. Et vu que je préfère essayer d’écouter une galette pour ce qu’elle est plutôt que pour ce que j’espérais qu’elle allait être…
Bref, chez moi on apelle ça un bon abum, tout simplement.
Et bien à lire la plupart des chroniques, il semblerait qu’il faille enterrer Capricorns ? Pas pour moi.
A quoi bon refaire un Ruder ? Dommage pour eux qui sont restés bloqués, je ne boude pas mon plaisir avec cette galette
Cet album est véritablement moins catchy que le premier mais quelle variété (je rejoins complétement Craipo sur l’aspect tentaculaire). Il nécessite plus d’efforts d’écoutes mais quelle efficacité(le duo Owind to the fogs / the bell rang backwards, Argh !!!!)
Dans tous les cas merci d’avoir chroniqué ce disque sorti en août dernier et qui, d’après moi, mérite une scéance de rattrapage.
Des disques stoner instrumentaux de cette trempe, j’en ai pas entendu depuis Karma to burn, c’est dire ….
Les morceaux sont longs et complexes