En regardant en arrière mes albums favoris de 2009, il est évident que mes goûts musicaux penchaient fortement vers la complexité, la technicité et les expérimentations qui bousculaient les genres. Cette année-là, j’étais profondément attiré par les groupes qui osaient mêler des riffs metal agressifs à des structures progressives complexes, des nuances de jazz fusion et des rythmes chaotiques dignes du mathcore. J’ai mis en pole position le chef-d’œuvre unique et intransigeant de Tangaroa, One Hand for the Knife, One Hand for the Throat, qui résumait parfaitement cette obsession, agressivité implacable et virtuosité sophistiquée.
Des groupes comme Between the Buried and Me et Animals as Leaders ont également marqué mon année, repoussant les limites du metal progressif en combinant virtuosité technique, virages mélodiques inattendus et changements stylistiques audacieux. Animals as Leaders, en particulier, ont remis l’instrumental metal sur le devant de la scène, me captivant par leur jeu futuriste et acrobatique sur manche de guitare.
Ma fascination ne se limitait pas au metal : le jazz fusion imprégnait également ma playlist, depuis la complexité rythmique de Mouse on the Keys jusqu’au mélange innovant de folk arménien et de jazz progressif proposé par Tigran Hamasyan. Des groupes comme Exivious ou Lye by Mistake incarnaient encore davantage ce désir de musiques brouillant les frontières entre jazz et metal, livrant des compositions complexes portées par une virtuosité instrumentale éclatante.
L’intensité émotionnelle était un autre fil conducteur. Les albums de Swallow the Sun, Klabautamann, ou encore le virage mélancolique de The Mars Volta sur Octahedron résonnaient profondément en moi, offrant des atmosphères plus sombres et plus introspectives, mêlant lourdeur et mélodie. Cette résonance émotionnelle prenait aussi des formes plus brutes et agressives chez des groupes comme Converge, Kickback ou Narrows, dont les performances intenses et les paysages sonores abrasifs transmettaient une colère et une passion authentiques.
Et pourtant, au milieu de toute cette lourdeur, je restais attiré par des groupes explorant des sonorités alternatives ou post-hardcore avec une réelle profondeur mélodique — comme Alexisonfire, dont Old Crows / Young Cardinals montrait la puissance de refrains accrocheurs mêlés à une urgence punk, ou encore Rx Bandits avec Mandala, une évolution progressive de leurs racines ska.
En somme, 2009 fut une année marquée par les contrastes et la complexité — entre virtuosité technique et intensité émotionnelle — révélant ma passion pour une musique qui bouscule les conventions et récompense les écoutes attentives et répétées.
Albums de l’année
Tangaroa – One Hand For the Knife, One Hand For the Throat
Le premier EP n’était qu’une ébauche maladroite de ce premier album, débauche de riffs mathcore démentiels avec un style de composition perturbant, mais fouillé et unique, claque technique de l’année.
Cilice – Deranged Headtrip
Premier album et ces holandais ont déjà un son en pleine maturité, pour un album cohérent de bout en bout d’un metal moderne axé sur des rythmiques complexes, aux ambiances futuristes bien personnelles accompagnant un chant polymorphe génial.
Narrows – New Distances
Bonne surprise que ce premier album de ces nouveaux venus menés par l’ancien chanteur de Botch, un hardcore progressif, complexe et brut à la fois ayant su s’accommoder de progressions propres au post-rock.
The Mars Volta – Octahedron
Les 2 chevelus reviennent avec un groupe réduit pour un album n’abordant que la face la plus appaisée de leur musique, et ils s’en sortent allègrement avec une succession de ballades sophistiquées, classes et originales.
Mastodon – Crack the Skye
Le retour de la bête avec un son étoffé de claviers et leads mélodiques tout droits sortis des 70s, une belle évolution vers des titres en formes d’hymnes progressifs synthétisés avec un son metal actuel.
Coalesce – Ox
Des années qu’un nouvel album de ce groupe metal/hardcore culte était attendu et le résultat fut à la hauteur, Coalesce est toujours un des groupes de hardcore les plus originaux, au son reconnaissable entre mille.
Kickback – No Surrender
Qui aurait cru que ce nouvel album de Kickback après des années d’attente surtout marquées par les frasques scéniques du groupe les verrait explorer un univers aussi personnel, corrompant leur hardcore avec des influences variées mais toutes aussi extrêmes, pour un résultat des plus acerbes.
Baroness – Blue Record
Si Baroness a abandonné le gros son doom de leurs premiers EP, c’est pour aborder une facette plus lumineuse du metal, hard rock au son bien gras, généreux en riffs et en circonvolutions progressives.
Converge – Axe to Fall
Les derniers albums de Converge m’avaient fait adopter le groupe mais je ne les imaginais pas me combler autant avec ce nouvel album, qui propose une succession de titres aboutis qui fleurent bon la patte du groupe additionnée de l’apport de guests judicieux.
The Womb – This Is the Doomlodge
Encore un premier album d’un groupe sorti de nulle part. Ces anonymes canadiens m’ont conquis avec un metal sludge sous speed, groovy, puissant, aux compos originales et progressives intégrant des parties plus rock n’étant pas sans rappeler le meilleur du grunge.
Autres
Autres albums ayant beaucoup tourné :
Ancestors – Of Sound Mind
Between the Buried and Me – The Great Misdirect
Pelican – What We All Come to Need
The Red Chord – Fed Through The Teeth Machine
Swallow the Sun – New Moon
Animals As Leaders – Animals As Leaders
He Is Legend – It Hates You
Horse the band – Desperate Living
From Monument to Masses – On Little Known Frequencies
RX Bandits – Mandala
Anorak – My Own Haze
Thrice – Beggars
Darkest Hour – The Eternal Return
Burnt By The Sun – Heart of Darkness
The Psyke Project – Dead Storm
Kongh – Shadows of the Shapeless
Ram-ZetNeutralized
Keelhaul – Triumphant Return to Obscurity
Yob – The Great Cessassion