On passera la phase de présentation, si vous n’avez pas entendu parler de Mastodon, c’est que vous avez vécu dans une grotte durant les 15 dernières année, alors démerdez-vous pour rattraper cet inacceptable retard, inculte que vous êtes.
Le groupe a vraiment su s’imposer fort de 6 albums sortis depuis 2002, comme l’un des groupes les plus intéressants du moment, et également l’un des rares (à mon sens) capable aussi de fédérer un grand nombre de metalleux. Si l’époque le permettait, il y a fort à parier que ce groupe serait aussi gros qu’un Metallica ou autre Slayer.
7ème album donc en cette année 2017 et autant dire que la « légende » va pouvoir continuer sa vie rêvée, car comme le petit personnage en haut à droite l’indique, ce nouvel album est encore une belle bombinette à mettre au crédit des américains. Pourtant si je suis honnête et malgré l’admiration sans borne que je porte pour l’ensemble de la carrière du groupe, il me faut reconnaître avoir été déçu par le précédent album Once More ‘Round the Sun. Pas seulement pour son immonde pochette, mais d’abord pour la qualité des titres auxquels je n’ai jamais vraiment réussi à accrocher. Rapidement pris de passion pour Emperor of Sand, j’ai retenté plusieurs écoutes de son grand frère sans parvenir à y trouver complètement mon compte. Le cru 2014, sans être mauvais ni honteux, me semble définitivement le moins bon album du groupe, mais il semble que je sois un des rares à le penser!
Même si j’ai en conséquence abordé ce nouvel album avec quelques appréhensions, celles-ci ont été balayées en une écoute, tant je trouve que l’on retrouve le groupe au sommet de son art en matière de songwriting, d’équilibre entre les différents vocaux, de musicalité et j’en passe.
Ce qui frappe d’abord c’est la qualité hallucinante des refrains : autant les plus simples comme « Show Yourself » qui est sans doute le morceau le plus direct jamais écrit par le groupe (et certainement le plus court également avec 3 minutes au compteur, ce qui n’est pas vraiment représentatif de tout l’album), que ceux qui demandent un peu plus de temps pour les goûter à leur juste valeur mais qui mettent rapidement sur les genoux : en fait même si l’album commence très bien de « Sultan’s Curse » à « Precious Stones », il révèle ses pépites à partir de « Steambreather » qui est à la fois monstrueusement puissant et typiquement mastodien, et dont le refrain est à tomber. L’enchaînement avec « Roots Remain », le fabuleux « Word to the Wise » ou « Ancient Kingdom », ne dément en rien cette affirmation. Pour moi le coeur de l’album représenté avec ces 4 titres, est clairement ce qu’il y a de meilleur sur l’album. Sauf que le reste est à peine moins bon en réalité, avec peut-être un petit coup de moins bien (mais vraiment léger hein) sur « Andromeda », mais il s’agit certainement d’une simple affaire de goût. Et puis il y a ce « Scorpion Breath » sur lequel Scott Kelly (Neurosis évidemment, réveille-toi), ami de longue date du groupe (et qui a l’habitude d’apparaître sur tous les albums depuis le 2ème), vient à nouveau faire son petit featuring qui déchire le slip, et qui est suivi par le monstrueux final « Jaguar God », qui commence doucement avant de déboucher sur des riffs énormes.
A l’image de son dernier titre, ce Emperor of Sand me semble d’ailleurs représenter une parfaite synthèse du son Mastodon, les épanchements prog se mêlant à la capacité du groupe à pondre des tubes irrésistibles. C’est donc à la fois ce qui rend cet album profond et intéressant mais aussi très accessible. Il est certainement le disque idéal pour aborder le groupe quand on a rien entendu d’autre de lui.
On notera aussi que vocalement l’harmonie au sein du groupe n’a jamais semblé aussi parfaite, le crachoir étant partagé comme à l’accoutumée avec beaucoup d’équilibre entre Troy, Brent et Brann, ce dernier étant comme toujours la touche lumineuse et l’arme secrète du groupe, sa voix aiguë illuminant les refrains (voir le déjà cité « Word to the Wise » à titre d’exemple). Inutile de parler de la partie musicale, tout est toujours parfaitement en place, guitaristiquement autant qu’à la batterie (toujours énorme), le groupe ne peut absolument pas être pris en défaut dans le moindre compartiment de son jeu, y compris sur la basse qui se paie le luxe d’être audible. Tambourins et maracas sont même de la partie (et présents sur quasiment tous les titres, tendez donc l’oreille) ainsi que des cloches (sur « Ancient Kingdom »), et il faut vraiment tout le talent de la bande pour faire sonner aussi bien ces instruments peu utilisés dans le metal et souvent associés à une image un peu ringarde (je parle des tambourins et maracas, les cloches étant plus habituelles dans le metal).
En bref et pour faire simple, Mastodon a encore sorti un très très gros album. Avec une telle discographie il devient très compliqué de se positionner et de hiérarchiser les albums du groupe, même si on peut souvent lire que Emperor of Sand serait le meilleur album du groupe depuis Crack the Skye, ce que j’ai tendance à penser moi-même…
Ce qui ne souffre pas la moindre discussion en tout cas, c’est qu’il s’agit clairement et sans surprise de l’un des meilleurs albums de 2017.
Tracklist :
1. Sultan’s Curse
2. Show Yourself
3. Precious Stones
4. Steambreather
5. Roots Remain
6. Word To The Wise
7. Ancient Kingdom
8. Clandestiny
9. Andromeda
10. Scorpion Breath (feat Scott Kelly)
11. Jaguar God