L’album précédent de Fallujah, The Flesh Prevails, avait à raison beaucoup fait parler d’eux. Depuis ses débuts, le groupe s’essaye à repousser les limites du death metal, avec un son hybride entre death metal progressif et ambient futuriste, et cet album a vraiment représenté un aboutissement dans ce processus.
Dreamless a déjà une qualité immédiate par rapport à son prédécesseur, la production a corrigé les excès synthétiques et sur-compressés du précédent, gardant ce sentiment de bloc monolithique des guitares saturées contrastant avec les claviers lumineux. Le tout est beaucoup plus clair et la batterie sonne plus naturelle. Ils ne pouvaient de toutes façons que prendre en compte les multiples critiques à ce sujet.
Au niveau composition, le groupe continue sur une ligne toujours ambitieuse, entre brutalité et lumière, forgeant un album éminemment progressif et complexe, une heure de musique balançant dans tous les sens growls et riffs denses sur un jeu de batterie hyper chargé, et passages ambient aux atmosphères sorties d’un univers de science fiction. Fallujah recycle beaucoup d’idées de The Flesh Prevails sur ce nouvel album, le groupe s’est trouvé un son bien à lui, immédiatement reconnaissable, et continue à l’appliquer. Par contre, à surcharger leur musique, il est souvent difficile de distinguer un morceau d’un autre tant les idées se recoupent, les solos sonnent souvent de la meme manière, les memes chœurs féminins s’opposent aux beuglements infernaux. Non pas qu’ils aient simplifié leur propos, au contraire, les riffs sont encore plus complexes, les structures alambiquées, ce qui brouille l’ensemble dans une sorte de morceau unique où il est souvent difficile de se repérer.
On peut tout de meme en ressortir plusieurs bombes, « Scar Queen » par exemple, mais c’est également le symptôme du trop plein d’idées qu’ils essayent de placer dans chaque morceau, reléguant un riff groovy excellent en milieu de morceau à un role de pont alors qu’il aurait bénéficié d’être mis plus en avant et répété. Ils ont eu le bon sens d’intégrer de nombreux interludes ambient aux arpèges baignés d’effets pour aérer l’ensemble… comme sur The Flesh Prevails.
Il manque quelques touches de génie au niveau composition pour faire de cet album un concurrent sérieux au précédent mais Dreamless n’en demeure pas moins une réussite. Fallujah possède le talent et les musiciens virtuoses pour sortir l’album ultime dans leur genre musical. Si le prochain album a l’excellence des thèmes de The Flesh Prevails, la cohésion et la production de Dreamless, ce pourrait être celui là. En attendant, ce nouvel album ne pourra que ravir les fans, dont je suis.