Intéressante trajectoire que celle de Shin Guard, jeune groupe de Pittsburg (Pennsylvanie) ayant démarré ses activités fin 2017 avec un Five Songs aux contours emo à l’ancienne (avec quelques touches screamo) très prometteurs. Pourtant moins d’un an plus tard c’est avec un ton un peu plus durci que le groupe sort Cerebral, contenant beaucoup plus de passages nerveux mais émotionnels pouvant rappeler Touché Amoré. Un durcissement qui se densifiera sur ce 2020, Shin Guard ayant décidé d’injecter une grosse dose de folie à sa musique ainsi qu’une envie de dérouter l’auditeur.
Avec si peu de temps entre chaque album, on aurait pu penser que le jeune quartet allait un peu trop vite, or la qualité est à chaque fois au rendez-vous ! L’introductif « Motorcade » nous met directement dans le bain (dont l’eau aura été renouvelée), un bain bouillonnant, plein de vagues déchaînées. Un peu comme si Rolo Tomassi et Circle Takes The Square s’étaient rencontrés, Shin Guard mixe furie et mélodies dans un maelström qui n’en est alors qu’à ses débuts. « Epiphany » vient complexifier un peu plus les choses avec un riffing mathcore pas très éloigné de The Number Twelve Looks Like You, suivi de multiples changements rythmiques, complexes mais totalement assimilables, simplement jouissifs.
Une mise en bouche tonitruante tempérée ensuite par l’intro de « Soliloquy Of The Hourglass » aux spoken words féminins accompagnés de riffs apaisés qui vont s’énerver progressivement avant de se calmer à nouveau pour mieux annoncer le titre suivant. « Kennedy » est une nouvelle tuerie: enragé mais émotionnellement poignant, ce titre nous gratifie de riffs mathcore dingues, une incroyable montée en tension qui s’apaisera à nouveau (avec un final contenant l’un des rares chants clean de l’album). « 2007 » sera aussi inspiré, évoquant ici Svalbard dans les cris comme les mélodies, puis se ramène une nouvelle séquence math très inspirée digne de The Fall Of Troy.
Plus l’album avance et plus l’on se rend compte qu’il n’y a rien à jeter, et cela continue avec le bouleversant « Sure » à la mélodie déchirante et aux blasts ravageurs (avant une accalmie finale magistrale), l’ultra vénère « Spears » où un gros growl vient répondre au duo de cris stridents, et enfin le surprenant final « You Will Be Held Accountable For Your Actions » à la douce intro soutenue par un saxophone, avant que les nerfs ne reviennent, cette fois à leur apogée ! Une intensité inouïe histoire de laisser bien nous laisser hagard une fois la dernière note venue.
Dense, fou, agressif, imprévisible, mais aussi très poignant (même chose du côté des lyrics quand on se penche dessus): autant d’adjectifs qui caractérisent cet impressionnant album qui parvient pourtant à rester frais de A à Z, une impression rappelant un peu celle ressentie lors de la découverte de Code Orange. Des jeunots ultra productifs (et déjà dans le futur vu leur titre d’album) dont on reparlera très bientôt vu qu’ils viennent de sortir un split avec les aussi qualitatifs For Your Health. En attendant, on va se remettre encore une fois ce 2020, un plaisir renouvelé à chaque écoute pour un album qui va marquer mon année. Ne passez pas à côté !
- Motorcade
- Epiphany
- Soliloquy Of The Hourglass
- Kennedy
- 2007
- Sure
- Spears
- You Will Be Held Accountable For Your Actions