Vous le savez bien, chaque sortie d’un album de Slipknot est un petit événement sur la scène metal, rares sont aujourd’hui les sorties occasionnant autant de bruit et faisant autant parler sur la scène. C’est évidemment l’occasion rêvée pour certains chroniqueurs de se défouler comme il faut, en assassinant souvent par avance ce groupe qui ne peut décidément qu’être malhonnête et sortir de la merde. Sauf que l’époque a un peu changé, le néo-métal connaît peu à peu une sorte de « réhabilitation » notamment du fait de jeunes groupes américains qui revendiquent (parmi des influences multiples) les influences néo de certains groupes phares comme KoRn (dont un nouvel album est attendu le 13 septembre et s’annonce sous les meilleurs auspices) ou Slipknot justement. On pense à Code Orange, Vein, ou encore Bloodline.
Est-ce que cette nouvelle tendance se reflétera dans les chroniques de ce nouvel album qu’on espère un peu à moins à charge que celles qui s’étaient parfois acharnées sur le précédent, le pourtant très bon .5: the Gray Chapter qui n’avait pas mérité la campagne de dénigrement gratuite de certains chroniqueurs (on se souvient en particulier d’une « chronique » indigente et lamentable sur le webzine VS-Solutions).
On ne change pas une équipe qui gagne, Slipknot reste Slipknot et fait du Slipknot sur ce 6ème album sorti le 9 août, les critiques ne semblant pas atteindre les masqués d’Iowa qui continuent à tracer leur route. Et ils le font cette fois encore avec brio, et même un peu plus, et cet album est probablement leur meilleur album depuis l’éponyme et Iowa, trouvant comme jamais un parfait équilibre entre rage et mélodie.
On retrouve évidemment les assauts frondeurs typiquement slipknotiens dans lesquels la batterie occupe toujours une place prépondérante, et les cris de rage qui débouchent la plupart du temps sur des refrains mélodiques de Corey Taylor, qui continue à prouver s’il en était encore besoin, qu’il est un excellent chanteur à la versatilité imparable (et même si sa justesse est parfois un peu mise à l’épreuve comme sur le refrain de « Critical Darling » en fin de morceau autour de 4min25). De nombreux titres sonnent comme du pur Slipknot et sont ainsi identifiables dès les premières secondes, à l’image de « Nero Forte », typique avec notamment les chœurs du groupe, les matraquages de percussion, et un refrain étonnamment mélodique après un démarrage en fanfare, refrain qui donne l’occasion à Corey de s’illustrer dans son registre « néo-rappé » dont il use désormais avec (malheureusement) beaucoup plus de parcimonie . Idem pour « Red Flag », titre parfaitement knotien, immédiatement identifiable et qui ne contient pas de refrain mélodique à proprement parler, le chant de Taylor restant agressif sur la totalité du titre.
Il y a aussi « Unsainted » premier single dévoilé il y a déjà plusieurs mois, qui contient un excellent refrain slipknotien, malgré des choeurs féminins un peu clichesques et peu originaux. Le single ne m’avait pas captivé, le morceau passe mieux dans le contexte de l’album surtout habilement placé en tant qu’ouverture (« Insert Coin » étant une pure introduction) d’autant que la suite de l’abum est largement meilleure.
En marge des morceaux typiquement slipknotiens, on retrouve quelques très bonnes surprises, comme ce « Birth of the Cruel » avec son ambiance bien frappée, et le chant excellent de Corey. « A Liar’s Funeral » est une fausse balade comme le groupe en a déjà écrit par le passé, débutant calmement avant de monter en pression (un peu à la manière de « Goodbye » sur le précédent album). Excellent vraiment. De même que ce « Spiders » menaçant mais au rythme posé, sur lequel Corey ne chante que de son registre clair, et là encore le refrain est juste énorme, le titre étant dans sa globalité probablement à la fois le plus original (avec quelques sonorités un peu nine inch nailsiennes) de l’album et peut-être également le meilleur. On a clairement envie de voir Slipknot s’illustrer sur ce genre de pas de côté astucieux.
La fin de l’album permet d’apprécier d’autres pépites, et des pépites tournant autour ou dépassant toutes les 6 minutes. A l’image de « Orphan », qui deviendra à n’en pas douter un classique des set lists du groupe. Le titre débute par des sonorités atmosphériques et en lourdeur avant de décoller rapidement sur un tempo typiquement knotien et de déboucher là encore sur un refrain monstrueux. « My Pain » sera une nouvelle surprise, un peu à la manière de « Spiders », un titre qui démarre presque comme une comptine avec sa mélodie de clavier enfantine, et qui devient évidemment beaucoup plus menaçant sur sa deuxième moitié, sans explosion de violence toutefois, en misant uniquement sur une atmosphère pesante qui débouche sur « Not Long for this World » un titre là aussi très réussi, qui prend son temps et révèle à nouveau un potentiel mélodique imparable avant que la bride soit lâchée sur une deuxième moitié beaucoup plus explosive et agressive.
Le groupe n’a pas encore tout dit malgré ce tableau de chasse déjà remarquable, et va conclure l’affaire sur le MONSTRUEUX « Solway Firth » (dont le clip fait la promotion de la série The Boys), un titre qui là encore a de bonnes chances de devenir un classique du groupe, véritable machine à headbang sur laquelle Corey se montre impitoyable et tout en rage, sans la moindre note de chant clair.
En 14 titres, c’est 63 minutes de notre vie qui viennent de partir en fumée, et difficile d’avoir autre chose qu’un grand sourire sur le visage après avoir pris une telle torgnole. N’en déplaise à certains, Slipknot signe bel et bien là l’un des meilleurs albums de l’année, le AAA imparable dans toute sa splendeur en attendant la sortie des prochains mastodontes de l’année (KoRn donc mais d’abord le nouvel album de Tool).
Tracklist:
01. Insert Coin 1:39
02. Unsainted 4:21
03. Birth Of The Cruel 4:36
04. Death Because Of Death 1:21
05. Nero Forte 5:15
06. Critical Darling 6:26
07. A Liar’s Funeral 5:27
08. Red Flag 4:12
09. What’s Next 0:54
10. Spiders 4:04
11. Orphan 6:02
12. My Pain 6:48
13. Not Long For This World 6:36
14. Solway Firth 5:56