Un album de plus pour les masqués de l’Iowa! Le 7ème ou le 9ème selon qu’on prend en compte ou non les deux premiers albums qui précèdent l’album éponyme de 1999. Et mine de rien après un All Hope is Gone qui avait été bien décevant à sa sortie en 2008 et qui a bien failli être également le dernier album du groupe, celui-ci est revenu au top de sa forme en 2014, enchaînant les bons albums, avec comme point d’orgue le monstrueux We Are not Your Kind sorti en 2019. On n’en vient maintenant plus seulement à espérer ne pas être déçu par une nouvelle sortie des américains, mais à retrouver le même niveau d’excellence à chaque sortie. Et ça tombe bien The End, so Far propose encore une fois de bien belles choses à mettre au crédit du groupe, à commencer par une très belle pochette d’ailleurs (bien plus réussie que celles des deux précédents albums).
L’album s’ouvre avec le surprenant « Adderall », ballade très bien placée pour démarrer l’album en douceur tout en déstabilisant quelque peu son monde. Corey Taylor y est impérial, démontrant encore qu’il est un super chanteur, accompagné par une musique très dépouillée (piano-basse-batterie) et quelques chœurs. L’efficacité est là et cette introduction est un vrai bon moment du disque, beaucoup plus convaincant que pouvaient l’être les ouvertures des deux disques précédents, et beaucoup plus originale également. A ce stade l’auditeur (qui n’a pas écouté les singles) se demandera peut-être si Slipknot a décidé de considérablement adoucir son propos au point d’arrêter peut-être le metal… Et évidemment il sera immédiatement détrompé par le deuxième morceau « The Dying Song (Time to Sing) » qui est un pur titre du Nœud Coulant, avec ces percussions métalliques, et le refrain en chant clair de Corey qui survient après des couplets bien énervés. Idem pour le titre suivant « The Chapeltown Rag » que le groupe avait présenté comme son premier single et qui contient des passages bien furibards, avec également des scratches à l’ancienne (scratches également bien présents sur « Yen »). Le DJ (Sid) est d’ailleurs plus à l’honneur et plus présent que sur les précédents albums du groupe, ce qui ne manquera pas de rappeler les deux premiers albums du groupe.
Sans faire du titre à titre (en tout cas plus qu’on l’a déjà fait), on notera que le groupe est bien conscient que ses fans attendent de lui qu’il balance la purée (Corey l’exprime clairement sur le début de « Warranty » en balançant un « Isn’t this what you came here for?? » on ne plus explicite), ce qu’illustrent les premiers titres évoqués, de même que « Warranty » donc, « Hivemind » ou l’excellent « H377 ». Une bonne majorité de titres bien brutaux donc, mais le fan service est efficace et suffisamment inspiré pour qu’il ne sonne pas comme une tentative désespérée de draguer les vieux maggots. Et surtout malgré ces dédicaces à ses premières heures, le groupe n’a pas pour autant renoncé à son approche plus contrastée et variée ce que l’on pressent déjà avec « Yen », titre faussement apaisé, qui regonfle cependant bien en puissance rapidement, et qui est surtout porté par un excellent refrain crié. Mais outre la surprenante ballade introductive déjà évoquée, c’est surtout l’énorme « Medicine for the Dead » qui représente une relative accalmie dans ce déluge de brutalité : un titre de plus de 6 minutes, en contraste, qui rappelle comme souvent un mix de Stone Sour et Slipknot mais est une réussite éclatante, avec son refrain infectieux. « Acidic » poursuit les hostilités mettant toujours à l’honneur ce contraste, en introduisant une ambiance bien sombre et mélancolique qui fonctionne à plein et en fait un autre grand moment.
Malgré ses grandes qualités, l’album n’est cependant pas parfait. Outre un « Hivemind » au refrain un peu bateau, c’est surtout avec « Heirloom » qu’on tient le morceau le plus décevant de l’album. Et la descente d’organe est brutale! Car son introduction à base de scratches et de riff bien sombre est probablement justement le moment le plus prometteur de tout l’album : cette tension de démarrage qui laissait présager d’un grand moment mais… le soufflet retombe aussi sec alors que les 9 se vautrent dans la platitude la plus triste sur la suite du morceau avec des couplets insipides et un refrain sans relief… Un vrai gâchis!
Après un « De Sade » convaincant malgré un couplet un peu simpliste et des samples bizarres et peu adaptés heureusement rattrapés par les vocaux en écho de Corey et une fin de titre plus arrachée, c’est avec un très bon titre conclusif (« Finale », ils ne se sont pas trop cassés le cul sur le titre) en forme de fausse ballade (avec renfort de cordes et chœurs d’opéra) que le groupe conclut les affaires et semble nous donner rendez-vous sur le prochain album. C’est en tout cas ce que l’on aurait tendance à déduire des paroles de Taylor qu’on espère prophétiques (« I know it’s a shame but I gotta stay, cause I like it here! ») confirmant que pour toute fin, The End, so Far, marque a priori seulement donc celle du contrat unissant Slipknot à Roadrunner.
Ce dernier opus en date contient au final suffisamment de bons morceaux et de bons passages pour ravir les fans du groupe, en faisant notamment la part belle à la facette la plus agressive du groupe. Même si je garde pour ma part une préférence pour son grand frère We Are not Your Kind, ce nouvel album n’en constitue pas moins selon moi une réussite de plus, qui ne devrait en aucune façon ternir l’image des américains (pour qui sait évidemment regarder plus loin que « Slipknot = Néo Metal = Caca »).
Tracklist :
01 – Adderall
02 – The Dying Song (Time to Sing)
03 – The Chapeltown Rag
04 – Yen
05 – Hivemind
06 – Warranty
07 – Medicine for the Dead
08 – Acidic
09 – Heirloom
10 – H377
11 – De Sade
12 – Finale