On avait pris une belle claque en 2009, mon alter-égo volatile et moi-même à la découverte de Sights & Sounds et de son ambitieux premier album Monolith. On avait alors vu dans le side-project du leader de Comeback Kid, Andrew Neufeld, un groupe d’émo qui semblait intégrer une densité et une dimension « spatiales »/prog à la Devin Townsend (lequel signait d’ailleurs la production du disque).
Si la mémoire vous fait défaut, écoutez donc ça pour resituer les choses avant que nous poursuivions pour parler de ce nouvel album du groupe :
Ce que l’on avait un peu zappé, c’est que l’ami Neufeld avait en fait sorti en 2013 un EP de bonne facture intitulé Silver Door. On n’y retrouve pas vraiment le côté spatial/townsendien mais on peut néanmoins toujours apprécier le chant de Neufeld et sa capacité magistrale à alterner hurlements et chant mélodique de très bonne tenue. On avait aussi zappé que Sights & Sounds avait aussi balancé un petit titre isolé en 2016, « Within my Reach », là aussi un titre réussi qui confirmait rétrospectivement tout le bien et la qualité qu’on pouvait trouver dans ce projet, tenant disons-le encore pour une bonne partie dans le timbre de Neufeld lui-même, clef de voûte incontestable du projet.
C’est heureusement avec un vrai 2ème album que le projet ressurgit pour notre plus grand bonheur en cette année 2019. Auréolé (si l’on peut dire…) d’une pochette absolument… dramatique, ce qui est tout de même vraiment dommage quand celle de Monolith était à la fois jolie et intrigante, l’album s’avère heureusement une bien bonne surprise une fois encore.
On a certes toujours le sentiment que le groupe est un peu rentré dans le rang, l’ambition passée n’est plus vraiment de la partie, Sights & Sounds se faisant plus groupe de rock/émo standard, mais une fois encore la qualité des compos est là, et Neufeld domine toujours aussi magistralement les débats. Rien à faire, sans être fan de Comeback Kid par ailleurs, on a toujours du mal à ne pas jouer les groupies transies en l’entendant chanter (et hurler) avec Sights & Sounds. Dès l’entame, avec le morceau-titre « No Virtue » qui voit le groupe introduire étonnamment quelques cuivres discrets (mais bien sentis) on part vraiment bien et la suite va heureusement être quasiment du même tonneau. Ce n’est pas ce « Resurface » énorme qui démarre avec quelques cris féminins en arrière-plan qui me démentira, avec ses synthés discrets et son refrain infectieux…
Le groupe se fait par la suite plus menaçant et retrouve une forme de densité qu’on avait déjà éprouvé sur Monolith, avec l’énormissime « Serpentine » puis un peu plus loin « Black Mamba » (sur lequel les synthés ont une fois encore un rôle important à jouer), deux des meilleurs titres jamais écrits par le projet à notre avis et sur lesquels Neufeld peut aussi se faire plus agressif, ce qui n’est une fois encore pas pour nous déplaire.
Entre les deux, « Caught Up » surprend davantage avec sa tonalité très doucereuse, son chant féminin langoureux et son saxo vintage qui passeraient presque pour un hommage aux ballades croonerisantes d’un Faith No More toutes proportions et réserves gardées… Un titre qui fait quand même un peu tâche et casse un peu la dynamique de l’album, même si on finit par l’apprécier après quelques écoutes et à l’appréhender quelque part davantage comme une sorte d’interlude (il ne dure que 3min30).
La deuxième moitié de l’album ne décevra pas même si aucun titre aussi agressif que « Serpentine » ou « Black Mamba » n’y figureront, mais il sera difficile de résister aux mélodies brillantissimes du très électronique « Undertow », ou de « Takes and Takes » et ses rythmiques enlevées. Si « WWR » ou « Commonality » (et le retour du saxo) feront plus office de balades (de bonne qualité pas de souci), « Ride » aura davantage un goût aigre-doux, permettant une fois encore à Neufeld de nous régaler de son chant agressif non hurlé.
40 minutes (là où Monolith en faisait 24 de plus) et c’est déjà fini, ce sera finalement notre seul regret concernant ce retour en forme, certes moins marquant et « original » qu’avait pu l’être Monolith en son temps, mais quand même franchement jubilatoire.
Tracklist :
1 – No Virtue
2 – Resurface
3 – Serpentine
4 – Caught Up (feat. Nicole Dollanganger)
5 – Black Mamba
6 – Undertow
7 – WWR
8 – Takes and Takes
9 – Ride
10 – Commonality